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[CRITIQUE] : À vol d'oiseaux


Réalisateur/trices : Emily Wors, Gabriel Hénot Lefèvre et Charlie Belin
Avec : -
Budget : -
Distributeur : GEBEKA Films
Genre : Animation, Famille
Nationalité : Français
Durée : 0h57min

Synopsis :
À Vol d’oiseaux rassemble trois courts métrages d’animation délicats, sensibles. Un pur moment de bonheur, aérien, à la fin duquel on se sent pousser des ailes ! Un programme comme une parenthèse de douceur, où les adultes retrouvent leur âme d’enfant, les plus jeunes grandissent dans l’espoir d’une vie bienveillante, où chacun est incité à sortir de sa coquille pour voler de ses propres ailes.


Critique :


Le nouveau programme de courts métrages d’animation présenté par GEBEKA Films se place sous le signe de la liberté. À vol d’oiseaux nous présente trois films où les oiseaux deviennent la métaphore d’un monde imaginaire riche et libre. Plus qu’une expression, pour calculer une distance en ligne droite, le titre du programme exprime un désir, celui de vivre sa vie comme on l’entend, sans cage ni carcan. Si le programme est sans conteste à destination des plus jeunes, les adultes auront aussi de quoi se questionner et s’émerveiller.

Drôles d'oiseaux - Copyright Gebeka Films

À vol d’oiseaux s’ouvre sur Le tout petit voyage, court métrage de sept minutes réalisé par Emily Worms. Produit dans le cadre de la Résidence jeune public du studio Folimage, qui permet à de jeunes cinéastes d’expérimenter tous les outils de l’animation (excepté la 3D), on sent chez ce petit film la fragilité des tous premiers films où l’on cherche son style. Les traits sont nets mais ce sont les couleurs criardes qui perdent le spectateur dans l’univers que nous propose la réalisatrice. Cependant, on ne peut qu’être concerné par l’amour sincère entre Titi l’oiseau et le jeune garçon qui, de son côté, essaie de combattre les angoisses de Titi afin de lui rendre sa liberté. Le court métrage se veut être un hommage à la nature, immense dans la perspective du cadre, mais aussi foisonnante et surtout vivante. L’imagination, si elle peut être un bel outil, ne vaut pas la véritable sensation de liberté, nous dit le film.

Vient ensuite L’air de rien, film de treize minutes, réalisé par Gabriel Hénot Lefèvre. La première image trace à l'aquarelle une plage fouettée par le vent si vivante que l’on sentirait presque les embruns marins. Son choix de couleurs neutres (gris/marron clair) et de bleu pastel nous emporte vers un ton poétique qui sied à merveille au récit du film. Sur une plage se trouve un centre EHPAD. Les traits du dessin le monde morose des fins de vie où les gestes se font lents et douloureux, très loin du dynamisme de de la mer, entre le vent et les oiseaux. Le réalisateur raconte l’histoire d’une amitié improbable entre un vieux monsieur et une mouette. Deux mouvements s’opposent : l’un est statique tandis que l’oiseau se meut avec élégance et rapidité. Mais quand le corps de la mouette se trouve forcé à l'immobilité à cause de déchets sur la plage, le corps du vieux monsieur exprime une renaissance, quittant la contrainte de son âge et de ses problèmes de santé pour s’occuper d’un être qui mourrait s’il demeurait immobile. Élégant et poétique, le court métrage pose une réflexion écologique mais aussi émotionnelle sur nos gestes envers la nature.

L'air de rien - Copyright Gebeka Films

Drôles d’oiseaux clôt le programme, réalisé par Charlie Belin. Ce court métrage de trente-cinq minutes porte la douceur de son héroïne principal directement dans ses traits animés et dans sa colorimétrie aux tons beige/crèmes. La réalisatrice peint le portrait d’une collégienne dans son monde, loin des problématiques de son âge. Plutôt solitaire, son imagination et son amour des oiseaux lui tiennent compagnie. Elle découvre bientôt que la “dame du CDI” est aussi une amoureuse de la nature. Se plaçant d’abord comme un film sur la différence — Elie semble être une OVNI parmi ses camarades de classe — le film finit par devenir un film d’aventure quand le personnage décide de se rendre dans l’île aux oiseaux (l’île de Souzay). Quand le cadre s’intéresse aux paysages de l’île et aux êtres (surtout des animaux) qui la peuplent, Drôle d’oiseaux ralentit son rythme pour permettre à son héroïne (mais aussi à nous, spectateur⋅trices) de mieux contempler cette belle nature. Le récit donne une chose précieuse à son personnage : une aventure bien réelle, elle qui ne vivait que dans son imagination et dans ses livres. C’est ce qui lui manquait pour grandir et pour évoluer parmi ses pairs, comme nous le dit la fin du film. Récit d’apprentissage, ce troisième court métrage nous invite à vivre nos propres aventures pour mieux dessiner notre imagination.

À vol d’oiseaux rend un bel hommage à ces drôles d’animaux qui sont souvent la métaphore de la liberté de mouvement et de voyages vers de grands espaces. Avec bienveillance et douceur, ce programme éveille des envies d’évasions et de découvertes, qu’importe la distance. 


Laura Enjolvy