[CRITIQUE] : La Syndicaliste
Réalisateur : Jean-Paul Salomé
Acteurs : Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, Yvan Attal, Marina Fois, Pierre Deladonchamps, François-Xavier Demaison,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h02min
Synopsis :
Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez Elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?
Un thriller haletant sur un scandale d’état.
Critique :
Même s'il est basé sur le roman éponyme de la journaliste d'investigation Caroline Michel-Aguirre, difficile pourtant de ne pas imaginer Jean-Paul Salomé volontairement s'inspirer - sans forcément en atteindre la puissance - du cinéma essentiel de Stéphane Brizé dans sa manière de scruter au plus près la vérité brutale d'hommes et de femmes saisis par la main invisible et arbitraire du capitalisme, pour être lentement mais sûrement essoré jusqu'au point de non retour.
Ici, La Syndicaliste se fait le récit fidèle de la véritable histoire de la déléguée CFDT Maureen Kearney qui, au sein de la société AREVA en 2012, a dénoncé un secret d'État concernant la filière nucléaire au profit du concurrent chinois, une manoeuvre bradant l'indépendance énergétique de la France et balançant des milliers d'emplois aux oubliettes, l'œuvre scandaleuse d'Henri Proglio, big boss d'EDF.
Une dénonciation qui lui a valu d'être lynchée à coups de menaces et même d'être victime d'une violente agression - pour être poli - à son propre domicile.
Un destin de battante bigger than life dans un milieu corrompu dont la retranscription cinématographique dresse avec gourmandise le cadre d'un thriller politico-procédural oppresant, tout en se faisant habilement le portrait intime d'une femme courage dont le statut légitime de victime s'est vu renverser par la machine judiciaire, auquel se supplante une observation pertinente - même si un poil sage - sur la corruption des hautes sphères politico-économiques putrides de notre nation, entre misogynie et endogamie assumées.
L'histoire d'une résilience exceptionnelle, celle d'une victime dont on a constamment mis en doute la parole et le statut parce que trop autodidacte (la présence d'Isabelle Huppert dans le rôle, absolument fantastique, rappelle volontairement où non, son personnage dans le Elle de Verhoeven, avec qui il partage quelques similarités troublantes).
Du cousu main en somme, à la résonnance puissante avec notre présent dont la crise énergétique est au plus fort cet hiver (tout comme le foutage de gueule gouvernemental), un put*** de chemin de croix qui ne demandait que l'attention d'une caméra plus où moins experte pour se poser dessus.
Avec sa façon obstinée de surfer à travers le moindre détails des faits, avec une représentation fidèle (jusque dans l'utilisation des noms) de l'histoire et une mise en scène stricte - voire très televisuelle -, articulée autour de cadrages furieusement classiques (entre plans intermédiaires et plans d'ensemble); Jean-Paul Salomé joue la carte du thriller à l'ancienne jusque dans sa structure morcelée, quitte à se perdre un brin dans un rythme en dents de scie qui trahit l'enchevêtrement précaire du drame psychologique et intime, sur le thriller politique/d'investigation.
Un parti pris louable même s'il établi quelques lignes de fractures qui fragiliseront (tout comme son montage pas toujours adroit) un édifice dont le pouvoir découle in fine uniquement d'une connaisance accrue des faits.
Pas toujours juste dans sa forme, La Syndicaliste n'en est pas moins d'une importance essentielle autant dans son héroïsation pertinente d'une femme victime - comme beaucoup d'autres - auquel on a longtemps refusé ce statut (la faute à des préjugés sexistes existant à tous les volets d'une procédure policière et judiciaire), que dans sa prise en grippe d'une violence patriarcale ayant gangrenée toutes les strates de notre société.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, Yvan Attal, Marina Fois, Pierre Deladonchamps, François-Xavier Demaison,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h02min
Synopsis :
Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez Elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?
Un thriller haletant sur un scandale d’état.
Critique :
Pas toujours juste, #LaSyndicaliste n'en reste pas moins puissant dans son portrait d'une femme courage dont le statut de victime s'est vu renverser par la machine judiciaire, auquel se supplante un regard accru sur la corruption des hautes sphères politico-économiques françaises pic.twitter.com/BBTLJ30o8k
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 1, 2023
Même s'il est basé sur le roman éponyme de la journaliste d'investigation Caroline Michel-Aguirre, difficile pourtant de ne pas imaginer Jean-Paul Salomé volontairement s'inspirer - sans forcément en atteindre la puissance - du cinéma essentiel de Stéphane Brizé dans sa manière de scruter au plus près la vérité brutale d'hommes et de femmes saisis par la main invisible et arbitraire du capitalisme, pour être lentement mais sûrement essoré jusqu'au point de non retour.
Ici, La Syndicaliste se fait le récit fidèle de la véritable histoire de la déléguée CFDT Maureen Kearney qui, au sein de la société AREVA en 2012, a dénoncé un secret d'État concernant la filière nucléaire au profit du concurrent chinois, une manoeuvre bradant l'indépendance énergétique de la France et balançant des milliers d'emplois aux oubliettes, l'œuvre scandaleuse d'Henri Proglio, big boss d'EDF.
Une dénonciation qui lui a valu d'être lynchée à coups de menaces et même d'être victime d'une violente agression - pour être poli - à son propre domicile.
Copyright 2022 Guy Ferrandis - Le Bureau Films |
Un destin de battante bigger than life dans un milieu corrompu dont la retranscription cinématographique dresse avec gourmandise le cadre d'un thriller politico-procédural oppresant, tout en se faisant habilement le portrait intime d'une femme courage dont le statut légitime de victime s'est vu renverser par la machine judiciaire, auquel se supplante une observation pertinente - même si un poil sage - sur la corruption des hautes sphères politico-économiques putrides de notre nation, entre misogynie et endogamie assumées.
L'histoire d'une résilience exceptionnelle, celle d'une victime dont on a constamment mis en doute la parole et le statut parce que trop autodidacte (la présence d'Isabelle Huppert dans le rôle, absolument fantastique, rappelle volontairement où non, son personnage dans le Elle de Verhoeven, avec qui il partage quelques similarités troublantes).
Du cousu main en somme, à la résonnance puissante avec notre présent dont la crise énergétique est au plus fort cet hiver (tout comme le foutage de gueule gouvernemental), un put*** de chemin de croix qui ne demandait que l'attention d'une caméra plus où moins experte pour se poser dessus.
Avec sa façon obstinée de surfer à travers le moindre détails des faits, avec une représentation fidèle (jusque dans l'utilisation des noms) de l'histoire et une mise en scène stricte - voire très televisuelle -, articulée autour de cadrages furieusement classiques (entre plans intermédiaires et plans d'ensemble); Jean-Paul Salomé joue la carte du thriller à l'ancienne jusque dans sa structure morcelée, quitte à se perdre un brin dans un rythme en dents de scie qui trahit l'enchevêtrement précaire du drame psychologique et intime, sur le thriller politique/d'investigation.
Copyright 2022 Guy Ferrandis - Le Bureau Films |
Un parti pris louable même s'il établi quelques lignes de fractures qui fragiliseront (tout comme son montage pas toujours adroit) un édifice dont le pouvoir découle in fine uniquement d'une connaisance accrue des faits.
Pas toujours juste dans sa forme, La Syndicaliste n'en est pas moins d'une importance essentielle autant dans son héroïsation pertinente d'une femme victime - comme beaucoup d'autres - auquel on a longtemps refusé ce statut (la faute à des préjugés sexistes existant à tous les volets d'une procédure policière et judiciaire), que dans sa prise en grippe d'une violence patriarcale ayant gangrenée toutes les strates de notre société.
Jonathan Chevrier