[CRITIQUE] : Traces
Réalisateur : Tiago Guedes
Acteurs : Nuno Lopes, Albano Jerónimo, Edgar Morais,...
Budget : -
Distributeur : Alfama Films
Genre : Drame.
Nationalité : Portugais, Français.
Durée : 2h07min
Synopsis :
Dans un village du nord du Portugal, un rite de passage hérité d'une tradition païenne laisse des séquelles irréversibles au jeune Laureano, battu par trois autres adolescents. 25 ans plus tard, Laureano vit toujours aux abords du village, en marge de la communauté et entouré de chiens errants. Les agresseurs, devenus maintenant des hommes, se retrouvent un soir pour célébrer la fête du village. À la nuit tombée, un évènement fait remonter le passé à la surface et la tragédie s'installe.
Critique :
Existe-t-il la possibilité d'une forme concrète de pardon pour ceux ayant fait subir une forte et douloureuse humiliation ?
Et à contrario, à partir de quel délai peut-on considérer qu'une vendetta où que tout autre quête de vengeance, n'a plus lieu d'être ?
Ce sont deux des questionnements viscéraux qui habitent le nouveau long-métrage du cinéaste portugais Tiago Guedes, Traces, paradoxalement devenu en l'espace d'une poignée de péloches l'une des nouvelles valeurs sûres des plus prestigieux festivals européens, dont Cannes, alors que ses efforts ont longtemps peinés pour atteindre nos salles obscures.
Pas si éloigné d'un songe tourmenté à la Stephen King où un traumatisme adolescent vient ressurgir et bouleverser une vie d'adulte fragile (puisque justement construit en grande partie sur ce dit traumatisme), comme si l'humilation et la douleur étaient une malédiction appelée à se revivre encore et encore, avant de virer vers une sorte de relecture de Mystic River quand une rage refoulée refait surface avec puissance; le film voit sa narration scindé en deux parties bien distinctes mais évidemment intimement liées.
La première, inscrite dans le passé, se déroule au cours d'une fête païenne étrange, un rite traditionnel ancestral flanqué au coeur d'un village balayé par les vents et dont la seule marque de contemporanéité se trouve dans les éoliennes (une nouvelle fois le vent) qui le surplombe; un rite qui veut qu'une poignée de jeunes adolescents " punissent " des adolescentes qui, selon eux, ont été touchées par le vent, et donc exposées au "péché".
Osant défendre l'une d'elle de la violence de ses camarades, Laureano serra sauvagement battu par ceux-ci et en restera physiquement marqué toute sa vie.
Vingt-cinq ans plus tard, le bonhomme, seul et sans famille, entouré uniquement de chiens errants que toute la ville considère avec suspicion et mépris, voit tout le poids d'une haine et d'une envie de se venger refoulées ressurgir quant il retrouve ses " bourreaux ", et même la jeune fille qu'il avait défendu, devenue l'épouse de l'un d'eux...
Pas franchement prompt à la subtilité, tant il n'a aucun intérêt à construire un récit approfondissant la psychologie de ses protagonistes, Guedes taille à la hache sa fable moraliste sur les ravages de la violence, simplifiée à l'extrême et dénuée de tout élan trash, dont la prévisibilité certaine est continuellement contrebalancée par une élégance visuelle qui ne rend que plus envoûtante cette réalité impénétrable du monde rural.
Dommage que son manque de profondeur ne desserve un brin la puissance de son propos.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Nuno Lopes, Albano Jerónimo, Edgar Morais,...
Budget : -
Distributeur : Alfama Films
Genre : Drame.
Nationalité : Portugais, Français.
Durée : 2h07min
Synopsis :
Dans un village du nord du Portugal, un rite de passage hérité d'une tradition païenne laisse des séquelles irréversibles au jeune Laureano, battu par trois autres adolescents. 25 ans plus tard, Laureano vit toujours aux abords du village, en marge de la communauté et entouré de chiens errants. Les agresseurs, devenus maintenant des hommes, se retrouvent un soir pour célébrer la fête du village. À la nuit tombée, un évènement fait remonter le passé à la surface et la tragédie s'installe.
Critique :
Pas franchement prompt à la subtilité, avec #Traces, Tiago Guedes taille à la hache sa fable moraliste sur les ravages de la violence, simplifiée à l'extrême et dénuée de tout élan trash, dont la prévisibilité certaine est continuellement contrebalancée par son élégance visuelle pic.twitter.com/7VhmgUaLgs
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 8, 2023
Existe-t-il la possibilité d'une forme concrète de pardon pour ceux ayant fait subir une forte et douloureuse humiliation ?
Et à contrario, à partir de quel délai peut-on considérer qu'une vendetta où que tout autre quête de vengeance, n'a plus lieu d'être ?
Ce sont deux des questionnements viscéraux qui habitent le nouveau long-métrage du cinéaste portugais Tiago Guedes, Traces, paradoxalement devenu en l'espace d'une poignée de péloches l'une des nouvelles valeurs sûres des plus prestigieux festivals européens, dont Cannes, alors que ses efforts ont longtemps peinés pour atteindre nos salles obscures.
Pas si éloigné d'un songe tourmenté à la Stephen King où un traumatisme adolescent vient ressurgir et bouleverser une vie d'adulte fragile (puisque justement construit en grande partie sur ce dit traumatisme), comme si l'humilation et la douleur étaient une malédiction appelée à se revivre encore et encore, avant de virer vers une sorte de relecture de Mystic River quand une rage refoulée refait surface avec puissance; le film voit sa narration scindé en deux parties bien distinctes mais évidemment intimement liées.
Copyright Alfama Films |
La première, inscrite dans le passé, se déroule au cours d'une fête païenne étrange, un rite traditionnel ancestral flanqué au coeur d'un village balayé par les vents et dont la seule marque de contemporanéité se trouve dans les éoliennes (une nouvelle fois le vent) qui le surplombe; un rite qui veut qu'une poignée de jeunes adolescents " punissent " des adolescentes qui, selon eux, ont été touchées par le vent, et donc exposées au "péché".
Osant défendre l'une d'elle de la violence de ses camarades, Laureano serra sauvagement battu par ceux-ci et en restera physiquement marqué toute sa vie.
Vingt-cinq ans plus tard, le bonhomme, seul et sans famille, entouré uniquement de chiens errants que toute la ville considère avec suspicion et mépris, voit tout le poids d'une haine et d'une envie de se venger refoulées ressurgir quant il retrouve ses " bourreaux ", et même la jeune fille qu'il avait défendu, devenue l'épouse de l'un d'eux...
Pas franchement prompt à la subtilité, tant il n'a aucun intérêt à construire un récit approfondissant la psychologie de ses protagonistes, Guedes taille à la hache sa fable moraliste sur les ravages de la violence, simplifiée à l'extrême et dénuée de tout élan trash, dont la prévisibilité certaine est continuellement contrebalancée par une élégance visuelle qui ne rend que plus envoûtante cette réalité impénétrable du monde rural.
Dommage que son manque de profondeur ne desserve un brin la puissance de son propos.
Jonathan Chevrier