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[CRITIQUE] : Empire of Light


Réalisateur : Sam Mendes
Acteurs : Olivia Colman, Micheal Ward, Toby Jones, Colin Firth,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Britannique, Américain.
Durée : 1h59min

Synopsis :
Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe...



Critique :


Il est de ces films que l'on aimerait profondément aimer sans prêter attention aux moindres de leurs menus défauts, que l'on aimerait soutenir contre vents et marées tout en étant conscients que les bonnes intentions ne font pas forcément les meilleures séances, quand bien même celles-ci sont chapeautées par des cinéastes qui n'ont plus rien à prouver.
Sur le papier, le nouvel effort de Sam Mendes, Empire of Light, semblait réunir tous les ingrédients nécessaires où presque pour concocter un formidable mélodrame déchirant et so british, avec un vrai et puissant propos social en son coeur, le tout avec autant de talents devant (Olivia Colman, Colin Firth, Micheal Ward où encore Toby Jones) comme derrière la caméra (les habitués de son cinéma Roger Deakins à la photographie, et Mark Tyldesley à la conception des décors).

D'autant que le projet était vendu comme le plus personnel et sincère de son auteur (l'histoire s'appuie en partie sur ses souvenirs d'enfance, notamment sur le fait de grandir auprès d'une mère bipolaire capable d'un comportement erratique - la romancière et poète de Valerie Mendes), lui qui est le seul maître à bord au scénario.

Copyright Walt Disney Company

Mais tout ne sonne pas réellement juste dans ce qui peut se voir comme une touchante mais chaotique " lettre d'amour au septième art " (déjà lauréate du prix de la pire tagline de toute l'année 2023), sorti une semaine trop tard pour ne pas subir les foudres de la comparaison facile avec le magnifique The Fabelmans de Steven Spielberg.
Pas tant une sortie de route pour Mendes puisque son histoire ne semble jamais vraiment avoir été mise sur de bons rails pour véritablement démarrer.
Un défaut totalement imputable à une écriture fourre-tout dont la légèreté (superficialité ?) se ressent jusque dans la description de l'instabilité psychologique et émotionnelle de son héroïne, Hilary Small, une quinquagénaire qui se remet difficilemment d'une lourde dépression et qui dirige - bien qu'elle n'en soit pas la propriétaire - la petite troupe d'employés hétérogène qui fait (sur)vivre l'Empire Cinema, un cinéma dont l'élégance fanée reflète pleinement l'ambiance décalée de la petite station balnéaire britannique où il se situe.

Comme sa dépression et sa dépendance au lithium n'était pas un poids déjà conséquent, l'écriture lui colle en prime un patron désabusé (un Colin Firth bien pâle) qui abuse consciemment de sa fragilité en l'obligeant à répondre à ses avances, pas forcément ému par la notion d'adultère.
Tout change évidemment avec l'arrivée Stephen, jeune homme ambitieux d'origine jamaïcaine dont elle va tomber amoureuse, lui qui va la pousser à se réouvrir au monde et à ses petites joies même si les soubresauts de la maladie et d'un passé douloureux, ne se sont jamais très loin.

Copyright Walt Disney Company

S'il est difficile de totalement blâmer la morale touchante au coeur du long-métrage, célébrant autant la magie du cinéma que son potentiel pouvoir guérisseur/rédempteur, le mal qui hante tout du long Empire of Light est qu'il semble continuellement manquer de corps dans sa volonté de connecter tous ses thèmes et idées, à quelque chose de plus personnel, ancré et humain (à la différence du chef-d'oeuvre Cinema Paradisio où encore de... The Fabelmans).
De son portrait d'une femme troublée et solitaire à son étude politico-sociale de l'Angleterre des années Thatcher au racisme décomplexé (notamment véhiculé par le Front national britannique), sans oublier son élégie un brin larmoyante sur la magie/puissance du septième art; Sam Mendes voit parfois trop grand pour sa plume nostalgique, au point que rien ne fonctionne vraiment.

Et pourtant, paradoxalement, difficile de ne pas se laisser emporter par sa maestria visuelle (le cinéaste étant capable de capturer de vrais et doux moments de poésie) autant que par la partition juste et délicate d'Olivia Colman (dans un rôle pas si éloigné de ce qu'elle avait offert dans The Last Daughter de Maggie Gyllenhaal).
Qu'elle soit pleine d'amour, qu'elle s'effondre dans les tréfonds intenses de l'hystérie ou qu'elle passe délicatement sa main le long du mur bruni de son théâtre des rêves, elle éblouit l'écran de son talent.
La Lumière de l'Empire de Mendes, c'est elle.


Jonathan Chevrier


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