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[CRITIQUE] : Les Derniers jours dans le désert


Réalisateur : Rodrigo García
Acteurs : Ewan McGregor, Tye Sheridan, Ciarán Hinds,...
Distributeur : Mission
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Ewan McGregor est Jesus - et le Diable - dans un chapitre imaginaire de ses quarante jours de jeûne et de prière dans le désert. Lorsque Jésus quitte le désert, il lutte avec le diable sur le sort d’une famille en crise, se mettant à l’épreuve de manière dramatique.



Critique :


Il aura fallu pas moins de sept ans, de ces premières présentations en festivals à sa sortie dans divers pays du globe, pour que Les Derniers jours dans le désert de Rodrigo García débarque finalement dans nos salles obscures - il n'est jamais trop tard -, et que l'on puisse enfin découvrir la vision qu'à le réalisateur de l'excellent Mother and Child, de l'un des épisodes clés du Nouveau Testament, narrant un Jésus-Christ (un Ewan McGregor formidablement habité) envoyé dans le désert pour résister aux trois tentations du diable, quelques jours - quarante jours et quarante nuits pour être plus précis - avant d'être arrêté par les Romains et crucifié.
Une période trouble faite de solitude, de rêveries et de lutte intime pour préserver sa foi face aux tentations humaines esquissées par Satan (là aussi incarné par McGregor), avant d'affronter son sacrifice final et son statut de martyr.

Copyright Tiberius Film

Première vraie figure masculine (l'ultime, au fond) à faire sa place dans une filmographie jusqu'ici - et encore tout récemment - voué aux figures féminines, le cinéaste colombien réduit sa narration au strict minimum et ne s'autorise que quelques légères disgressions (des discussions avec une famille isolée), pour mieux imaginer une figure christique ici plus laïque que chrétienne, presque Pasolinienne même tant il est aussi faillible que les autres hommes mais jamais profane ni aussi troublé que la vision qu'à pu en avoir Scorsese.
Au travers d'une réflexion sur l'être humain à travers la spiritualité et la croyance aveugle, Garcia croque un Jésus vulnérable et qui n'est simplement qu'une âme qui tente de trouver la sainteté en lui, cette force dont il a besoin en l'absence d'un Dieu le Père dont il n'entend plus la voix.
Dommage que son parti pris, pour le coup rafraîchissant, se perde dans une mise en scène contemplative et une propension parfois irritante à étendre plus que de raison, de nombreux plans.
Baigné dans la lumière naturelle de la superbe photographie d'Emmanuel Lubezki, Les Derniers jours dans le désert se fait moins une exégèse biblique qu'une fable humaniste qui, sans tambour ni trompette, dévoile le caractère extraordinaire d'un être qui ne prétend jamais l'être.


Jonathan Chevrier