[CRITIQUE] : Godland
Réalisateur : Hlynur Pálmason
Avec : Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne,…
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Islandais, Français.
Durée : 2h23min.
Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022
Fin du XIXe siècle. Un jeune prêtre danois arrivé en Islande a pour mission de faire construire une église et de photographier la population au milieu de paysages inhospitaliers. Tandis qu’il s’acquitte de son devoir, une improbable histoire d’amour se développe en même temps qu’un violent conflit...
Critique :
Ce qui frappe d'entrée à la vision du formidable Godland du cinéaste islandais Hlynur Pálmason - déjà derrière le fantastique Un jour si blanc -, c'est l'incompréhension totale de l'avoir vu relégué (à l'instar du Plus que Jamais d'Emily Atef) dans la section Un Certain Regard de la dernière Croisette, là où la maestria de sa mise en scène épurée (méticulosité folle des cadrages, précision maniaque du moindre mouvement de sa caméra,...) couplée à la puissance incroyable de sa narration, en faisait clairement un prétendant direct au palmarès final - voire même à la palme d'or.
Catapulté dans une Islande de la fin du XIXème siècle alors que la bouillante île était encore une colonie danoise et n'avait pas encore obtenue son indépendance, le film s'attache au périple tortueux et éprouvant d'un jeune prêtre danois (Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne, incroyable), qui commande une expédition ayant pour mission de finir la construction d'une église pour les fidèles, et d'apporter la parole de Dieu à une petite communauté isolée pas forcément accueillante face à ce qu'elle considère - à juste titre - comme l'ennemi colonisateur.
Soit le terreau parfait pour que Pálmason juxtapose sur des conflits dramatiques captivants, allant de la méfiance/hostilité locale face aux envoyés de la " métropole " à l'angoisse existentielle face à Dieu, en passant par la quête de transcendance, le versant sombre de la foi protestante, les peurs ataviques enracinées dans une terre encore sauvage ou encore la réponse brutale du patriarcat lorsque ses fondements sont remis en cause - même par la religion.
Le paysage lui-même, profondément Herzogien, est en proie au conflit, aussi pittoresque et sublime qu'il est volcanique et indomptable, symbole farouche d'un peuple à l'apparence passive et à la violence contenue, qui ne se laissera pas conquérir aussi facilement.
Sublime tragédie existentielle scandinave mâtiné d'une pointe de survival voire même de western dénué de tout élan épique, sorte de chronique au coeur du côté obscur d'un cadre au jour permanent testant les limites d'un homme de Dieu furieusement humain avant de le brisé mentalement et physiquement; Godland, pas dénué de quelques longueurs dans sa seconde moitié il est vrai (avec une relation amoureuse impossible un brin convenue en son coeur), se fait la lente déliquescence spirituelle des idéaux du protestantisme, confronté à la tempête foudroyante du pragmatisme et à la rugosité d'une terre ancestrale.
Une poétique et grandiose expérience de cinéma, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Avec : Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne,…
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Islandais, Français.
Durée : 2h23min.
Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022
Fin du XIXe siècle. Un jeune prêtre danois arrivé en Islande a pour mission de faire construire une église et de photographier la population au milieu de paysages inhospitaliers. Tandis qu’il s’acquitte de son devoir, une improbable histoire d’amour se développe en même temps qu’un violent conflit...
Critique :
Superbe tragédie existentielle scandinave au coeur du côté obscur d'un cadre au jour permanent, testant les limites d'un homme de Dieu avant de le briser, #Godland sonde la déliquescence spirituelle des idéaux du protestantisme confrontés à la tempête foudroyante du pragmatisme. pic.twitter.com/56ZesFmjnK
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 3, 2022
Ce qui frappe d'entrée à la vision du formidable Godland du cinéaste islandais Hlynur Pálmason - déjà derrière le fantastique Un jour si blanc -, c'est l'incompréhension totale de l'avoir vu relégué (à l'instar du Plus que Jamais d'Emily Atef) dans la section Un Certain Regard de la dernière Croisette, là où la maestria de sa mise en scène épurée (méticulosité folle des cadrages, précision maniaque du moindre mouvement de sa caméra,...) couplée à la puissance incroyable de sa narration, en faisait clairement un prétendant direct au palmarès final - voire même à la palme d'or.
Catapulté dans une Islande de la fin du XIXème siècle alors que la bouillante île était encore une colonie danoise et n'avait pas encore obtenue son indépendance, le film s'attache au périple tortueux et éprouvant d'un jeune prêtre danois (Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne, incroyable), qui commande une expédition ayant pour mission de finir la construction d'une église pour les fidèles, et d'apporter la parole de Dieu à une petite communauté isolée pas forcément accueillante face à ce qu'elle considère - à juste titre - comme l'ennemi colonisateur.
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Soit le terreau parfait pour que Pálmason juxtapose sur des conflits dramatiques captivants, allant de la méfiance/hostilité locale face aux envoyés de la " métropole " à l'angoisse existentielle face à Dieu, en passant par la quête de transcendance, le versant sombre de la foi protestante, les peurs ataviques enracinées dans une terre encore sauvage ou encore la réponse brutale du patriarcat lorsque ses fondements sont remis en cause - même par la religion.
Le paysage lui-même, profondément Herzogien, est en proie au conflit, aussi pittoresque et sublime qu'il est volcanique et indomptable, symbole farouche d'un peuple à l'apparence passive et à la violence contenue, qui ne se laissera pas conquérir aussi facilement.
Sublime tragédie existentielle scandinave mâtiné d'une pointe de survival voire même de western dénué de tout élan épique, sorte de chronique au coeur du côté obscur d'un cadre au jour permanent testant les limites d'un homme de Dieu furieusement humain avant de le brisé mentalement et physiquement; Godland, pas dénué de quelques longueurs dans sa seconde moitié il est vrai (avec une relation amoureuse impossible un brin convenue en son coeur), se fait la lente déliquescence spirituelle des idéaux du protestantisme, confronté à la tempête foudroyante du pragmatisme et à la rugosité d'une terre ancestrale.
Une poétique et grandiose expérience de cinéma, rien de moins.
Jonathan Chevrier