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[FUCKING SERIES] : Poupée Russe saison 2 : Géniales torsions temporelles


(Critique - avec spoilers - de la saison 2)


Le jour de la marmotte n'a jamais été aussi tragiquement délirant et acide qu'au coeur de la vie fragmentée de l'anti-héroïne atypique et fumeuse Nadia, véritable prisonnière du temps épuisée par une malédiction qu'elle ne peut conjurer, et qui n'a de cesse d'augmenter graduellement son calvaire au fil du... temps.
Petite merveille d'inventivité piquante, la première saison de Poupée Russe arrivait à convaincre tout le monde non seulement que Natasha Lyonne était une formidable comédienne (Orange is the New Black avait déjà bien affirmé cette vérité), mais que Netflix pouvait gentiment se bouger le popotin pour produire du contenu original et de qualité, mais aussi et surtout le soutenir à grande échelle.

Copyright Netflix

Si la première salve d'épisodes montrait comment Nadia devait trouver un moyen d'arrêter sa spirale macabre (une accumulation de morts déjantées qui la ramenait toujours dans sa salle de bain, le jour de son 36ème anniversaire), tout autant que son ami Alan tentait d'échapper à sa propre boucle temporelle - plus suicidaire celle-ci -; la seconde saison les retrouve pile poil quatre ans après, à l'endroit même où nous les avions laissés, au moment même où ils commencent à se rendre compte qu'il existe un pire destin que de mourir encore et encore - voyager dans le temps, sans contrôler les dits voyages ni les époques où ils nous envoient.
N'ayant aucun souci à faire littéralement exploser son concept pour l'amener vers un terrain encore plus sinueux et complexe, le show ne fait cette fois pas seulement passer d'une boucle temporelle savoureusement morbide à des voyages temporels incessants (et évolutifs, avec une incidence sur le passé, le présent et l'avenir de Nadia), tant il offre à ses distorsions temporelles, dans une sorte de mélange hybridement génial d'humour, de science-fiction et de thriller d'espionnage (et même d'une petite touche de heist movie), un regard sur le traumatisme familial intergénérationnel qui frappe Nadia et les siens - tout comme Alan, encore plus attachant que par le passé.

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Évitant toute redite facile tout en se fixant sur les jeux nuancés et complémentaires de Lyonne et Barnett, mais aussi à un casting de seconds rôles qui a plus d'os à ronger (notamment Chloé Sevigny dans le rôle de la mère de Nadia), Poupée Russe saison 2 réussit l'impossible où presque, faire mieux et plus émouvant que la saison précédente tout en continuant sa fascinante exploration existentielle du deuil à travers la science-fiction, entre Code Quantum et Twilight Zone.
Une balade trippante et existentielle qui n'a jamais peur de sa noirceur, sur une femme déçue de sa vie et qui ne peut s'empêcher de s'attarder sur les points d'inflexion qui l'ont amenée là où elle est aujourd'hui.
Qui a dit vivement la suite ?


Jonathan Chevrier

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