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[CRITIQUE] : Black Crab


Réalisateur : Adam Berg
Avec : Noomi Rapace, Aliette Opheim, Dar Salim,…
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Action, Science-fiction.
Nationalité : Suédois.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Dans un futur apocalyptique, une soldate doit traverser une mer gelée dans le cadre d'une mission secrète désespérée qui pourrait arrêter la guerre civile dans son pays.



Critique :


C'est un fait indiscutable (ou pas loin), depuis Millenium premier du nom, tous les spectateurs de bon goût sont tombés amoureux de la merveilleuse Noomi Rapace, petit bout de femme badass à souhait à la vulnérabilité captivante, qui a la particularité d'être totalement investi dans ses rôles, même les plus indéfendables flanqués dans les péloches les plus... indéfendables (oui, c'est logique).
Un attachement qui rend de facto chacun de ses nouveaux films férocement immanquable, même s'ils sont pour la plupart gentiment exemptés des salles obscures.
Si les récents The Trap de Tommy Wirkola, qui avait été une excellente surprise en tant que DTV bien barré, et Lamb de Valdimar Jóhannsson, petit bout d'horreur folklorique moderne mâtiné de drame à combustion lente, lui avaient permis de signer ses meilleures performances depuis un bon moment; Black Crab d'Adam Berg - dont c'est le premier long-métrage - en revanche, pure production consommable comme Netflix sait si bien les produire, nage dans des eaux plus conventionnelles, aussi honnêtement emballé soit-il.

Copyright Jonas Alarik / Netflix

Il n'empêche que la comédienne en impose - comme souvent - en tant que mère déchirante qui se transforme pour retrouver sa fille disparue, en soldat gentiment létal d'une Suède dévastée par une guerre sauvage (et dont on ne connaît jamais vraiment l'ennemi, au-delà de sa brutalité), au coeur d'un actionner plutôt divertissant et étonnamment viscéral, passé un pitch foutrement abracadabrantesque (basé sur un roman de Jerker Virdborg) qui voit une armée suédoise défaillante envoyer six wannabe soldats patinant de nuit à travers la banquise, pour transporter l'ultime effort du pays qui pourrait renverser le conflit qui le devaste - la fameuse mission qui donne son titre au long-métrage.
Dépoussiérant le film de guerre à sa manière en faisant du patinage sur glace une discipline militaire vitale, tout en mettant intelligemment l'absurdité de son concept de côté en focalisant son attention autant sur une action solide aux affrontements savoureusement brutaux (jouissant pleinement du cadre enneigé et nocturne qu'il s'impose, avec un vrai travail sur la lumière), qu'une émotion sincère (le film s'échine à constamment donné un visage humain et moralement/émotionnellement difficile de la guerre, au-delà de ses contours de bisserie musclée); Black Crab fait joliment le café même s'il s'effondre un brin dans son final abrupte et expurgé de toute la tension qui faisait le sel de ses deux premiers tiers.
Un B movie solide et old school emballé avec soin, privilégiant la sauvagerie et la forme au fond (pas forcément un défaut, d'autant qu'Adam Berg est plutôt habile caméra au poing) tout en étant totalement voué aux badasseries de son indomptable héroïne, capable de tout et totalement crédible aussi bien dans l'action que dans les séquences plus intimes.

Copyright Jonas Alarik / Netflix

D'ailleurs, il faudra bien un de ses quatre, qu'une major se borne enfin à donner une franchise d'action digne de ce nom à la belle Noomi, tant elle a décemment les épaules pour boxer dans la même catégorie que les hommes, tout en apportant sa fragilité et son énergie unique dans la mise en exergue de son appétit féroce pour la destruction massive.
L'industrie doit se bouger le popotin mais ça, malheureusement, ce n'est pas nouveau...


Jonathan Chevrier