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[CRITIQUE] : My Kid

Réalisateur : Nir Bergman 
Avec : Shai Avivi, Noam Imber, Smadi Wolfman,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Israélien, Italien.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Aaron a consacré sa vie à élever son fils autiste Uri. Ensemble, ils vivent dans une routine coupée du monde réel. Mais Uri est à présent un jeune adulte, avec de nouveaux désirs et de nouveaux besoins. Alors qu’ils sont en route vers l’institut spécialisé qui doit accueillir Uri, Aaron décide de s’enfuir avec lui, convaincu que son fils n’est pas prêt pour cette séparation.



Critique :


Ce n'est absolument pas un hasard si les images du légendaire The Kid ponctuent avec une certaine régularité, la narration du très beau My Kid (là encore, aucun hasard) du cinéaste israélien Nir Bergman - absent des salles obscures hexagonales depuis La Grammaire intérieure en 2012 -, un road movie juste et tendre qui évite admirablement tout sentimentalisme facile et putassier, pour mieux nous toucher en plein coeur.
Le parallèle - ou plutôt hommage - ne se résume évidemment pas qu'aux nombreux extraits et autre similarité dans le titre, puisque les deux films sont vissés sur le même concept d'un homme assumant la maturité du rôle de père, au moment même où il risque d'être séparé de son fils.
Soit l'histoire d'un père divorcé, Aaron, et de Uri, son fils autiste de 20 ans, dont la relation est bousculée par le choix de son ex-femme de se débarrasser de son rejeton et de le placer dans une institution spécialisée.
Sauf qu'Uri refuse de s’y rendre et son père lui promet qu'il ne l'y mènera pas, quitte à devenir des fugitifs...

Copyright Sophie Dulac Distribution

L'une des jolies vertus du nouvel effort de Bergman, au-delà de son écriture affûtée (de son intrigue simple mais redoutable, à ses personnages croqués avec soin), est la facilité déconcertante avec laquelle il retranscrit la complicité évidente et la dépendance affective mutuelle qui soutient la relation fusionnelle entre Aaron (superbe Shai Avivi, jonglant avec brio entre tension, amour et patience infinie) et Uri, sans avoir à dégainer de longs tunnels de dialogues; une épure d'effets ou seuls restent les gestes, la banalité des actions quotidiennes et l'émotion sincèrement partagée (un rasage en commun ou un voyage en train devient alors le baromètre tendre d'un amour indéfectible).
À mi-chemin entre le néoréalisme italien et le divertissement mainstream hollywoodien (on pense parfois à Rain Man, en plus burlesque), scrutant avec délicatesse autant les craintes et les dilemmes de la parentalité que la crise existentielle d'un homme qui se sait au crépuscule de sa vie, et qui tente de corriger les occasions manquées de son existence; My Kid est un road movie débordant de sensibilité, une tragi-comédie Chapliniesque prônant sincèrement l'acceptation, l'empathie et la solidarité.


Jonathan Chevrier