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[CRITIQUE] : The King’s Man : Première Mission

Réalisateur : Matthew Vaughn
Acteurs : Ralph Fiennes, Harris Dickinson, Gemma Arterton, Djimon Hounsou, Rhys Ifans, Tom Hollander, Matthew Goode,...
Budget : -
Distributeur : The Walt Disney Company France
Nationalité : Britannique.
Genre : Action, Espionnage.
Durée : 2h11min.

Synopsis :
Lorsque les pires tyrans et les plus grands génies criminels de l’Histoire se réunissent pour planifier l’élimination de millions d’innocents, un homme se lance dans une course contre la montre pour contrecarrer leurs plans.



Critique :


Force est d'admettre que dans la majorité des cas, et encore plus au sein d'une industrie Hollywoodienne créativement à l'agonie depuis trop longtemps maintenant, le prequel est généralement l'une des options les plus usées - avec le reboot -, pour étendre paresseusement une franchise un tant soit peu populaire, tant la tâche de donner un passé à ce qui a déjà été fait, est toujours plus simple que de décider vers ou la dite franchise peut aller dans l'avenir.
Dans la majorité des cas cependant, car il est difficile de totalement taxer Matthew Vaughn de paresseux, tant le bonhomme injecte suffisamment de son mojo et de son inventivité dans The King's Man : Première Mission (un choix culotté pour le coup, puisque tout le monde s'attendait à ce qu'il enquille avec une troisième aventure aux côtés d'Eggsy, même après le décevant second opus), pour que la séance s'avère un minimum divertissante et solide, pour ne pas trop crouler sous ses (nombreuses) faiblesses.

Copyright Twentieth Century Fox

Entre le film d'aventure à l'ancienne mais au souffle épique méchamment entamé par ses CGI (certaines scènes d'action piquent la rétine, là où les combats à l'épée sont joliment entraînant), le trip historico-révisionniste de la Première Guerre mondiale profondément cartoonesque et la parodie d'espionnage jamais totalement assumée (même si l'esprit des ZAZ et de Top Secret! n'est jamais loin), le film s'ouvre en 1902 et suit Orlando, Duc d'Oxford, un héros de guerre qui ne la supporte plus.
Lui et sa femme Emily, consacrent leur quotidien à elever leur fils Conrad autant qu'à aider les victimes de conflits mondiaux.
Mais lorsqu'Emily est tuée entre deux feux lors d'une visite dans un camp de concentration britannique en Afrique du Sud pendant la guerre des Boers, la position pacifiste d'Oxford est commentée au fond de son âme : il jure que son fils ne sera jamais blessé en combattant au coeur des guerres qui ne sont pas les siennes.
Évidemment une fois que celui-ci est devenu un jeune adulte, cette vérité est vite contestée d'autant que la Première Guerre mondiale éclate et qu'il désire faire ce qu'il considère comme un devoir envers son pays.
Mais son père, non sans effort, va lui montrer qu'il existe une autre façon de faire son devoir : tout simplement empêcher la guerre de se produire...
Et c'est sans doute à partir de là que ce troisième film Kingsman commence gentiment a avoir les yeux plus gros que le ventre avec une intrigue furieusement tirée par les cheveux - même si divertissante.

Copyright Twentieth Century Fox

Quasiment trois films en un, il transforme son combo tout droit sortie d'une aventure sur papier glacé, de mission Bondienne (avec une organisation obscure écossaise, semblable à SPECTRE, dirigée par un vilain " Blofeldien " qui déteste les anglais, et qui emploie certains des méchants les plus baroques de l'histoire - Rasputin, Mata Hari , Lénine -, pour arriver à ses fins), de drame intime sur une relation père-fils complexe et de film historique révisionniste, en quelque chose d'impossible à tenir avec un tant soit peu cohérence mais aussi et surtout d'équilibre (la première partie est narrativement chargée, là où la seconde se laisse aller à ses atours de blockbuster avec des scènes d'action plus ou moins réussies).
Une question de choix ou plutôt de manque de choix tant l'histoire est sensiblement confuse (à la différence du premier Kingsman, un écueil dans lequel tombait déjà Le Cercle d'Or) et fourre-tout (on aurait clairement pu lui tailler un bon bout de gras d'une demi-heure), mais aussi et surtout de ton, tant il jongle constamment entre sérieux et comédie, tout en cherchant maladroitement à déjouer la gravité de la Première Guerre mondiale en en faisant un conflit comico-absurde, tout en ne masquant jamais les horreurs du champs de bataille - ou des centaines de milliers de vies auraient pu être sauvées.
Dommage tant la manière dont Vaughn relie les personnages de l'histoire à ses héros de fiction - avec une cohérence toute relative il est vrai -, fonctionne à merveille, bien aidé par un casting totalement voué à sa cause.

Copyright Twentieth Century Fox

Que ce soit le Raspoutine de Rhys Ifans (qui vole littéralement le show) à la Polly de Gemma Arterton (qui fait beaucoup avec peu, dans une sorte de mélange détonnant entre Mary Poppins et Isla Frost), en passant par l'Oxford de Ralph Fiennes (émouvant autant qu'il est totalement crédible en action star : il saute d'un avion, escalade une montagne, se bat brièvement avec une chèvre, se lance dans de longues fusillades et enleve même son pantalon pour vaincre un ennemi), tous sont littéralement au diapason et prennent du plaisir à être là.
Ni assez léger et fun pour évoquer l'aspect roller coaster des deux premiers films (il est résolument plus académique qu'eux), ni assez sérieux pour délivrer un fondement historique ou émotionnel vraiment substantiel, tout en réussissant la prouesse de rester divertissant et même parfois joliment inventif - Vaughn oblige -; The King's Man : Première Mission incarne une aventure (trop) hybride et désinvolte, une vision alternative de l'Europe au coeur de la Grande Guerre aussi bancale et consciente d'elle-même qu'attachante et absurde.
Pas désagréable donc, mais pas sensationnel pour autant.


Jonathan Chevrier



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