[FUCKING SERIES] : Hellbound saison 1 : God won’t help us
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
On avait laissé ce bon vieux Yeon Sang-ho avec un sacré ratage l'an dernier, Peninsula, suite directe de son Dernier Train pour Busan, une bonne grosse bisserie qui tâche flingué autant par un surdécoupage rendant la majorité des scènes d'action illisibles - quand elles ne sont pas plombés par une numérisation digne de la PS2 -, des choix étranges et un manque total d'ambition.
Bonne nouvelle, le bonhomme semble renaître de ces cendres - et le mot cendre est ici loin d'être anodin - avec Hellbound, adaptation live de son webtoon The Hellbound, qu'il a chapeauté avec Choi Kyu-Seok.
Un show gentiment violent et surnaturel - tout en étant savamment saupoudré de K-drama -, vissé sur les réactions, à la fois intimes et générales, du monde face à la montée d'un nouveau phénomène où les " pécheurs " sont condamnés et tués par des monstres démoniaques dans une sorte de meurtre/rituel effectué symboliquement en plein jour et en public, comme pour envoyer un message aux " spectateurs " involontaires de cet acte de violence.
Ici, le récit se densifie en s'articulant autant autour de quatre axes, celui de l'enquête policière de l'inspecteur Jin Kyung-hoon (dont la fille se tient à la lisière de la secte), de la journaliste Bae Young-jae, de l'avocat des pécheurs accusés, Min Hey-jin, mais surtout des arcanes de la secte religieuse qui s'est formée suite aux meurtres des " pécheurs ", dirigée par Jung Jin-soo (et le sujet plus ou moins direct des investigations des trois premiers axes); un homme qui poussé par la conviction que le repentir s'obtient par la peur, devient rapidement une figure intimidante avec une vision binaire de la moralité et de la notion de péché...
Examination cruelle et viscérale d'une humanité délestée d'un libre arbitre laissé aux mains des démons, nouveaux gardiens de la moralité, dégainant un regard plutôt crue sur la religion (ou l'intervention divine se résume clairement à une hiérophanie meurtrière implacable); Hellbound pourrait se voir comme le versant sombre de la déjà très sombre et tragique The Leftlovers, dans sa volonté aussi bien de montrer une humanité en quête d'un but face au divin, que dans son exploration conflictuelle de la réaction de masse face à une telle apocalypse (que nous pouvons tous rapprocher, toute propension gardée, à la pandémie actuelle).
Et c'est bien là au fond, que réside tout l'aspect terrifiant du show, pas tant donc dans son horreur graphique ni l'apparition violente de ses monstres surnaturels, mais bien dans la réaction humaine et sa justice toute relative, la manière qu'à la société de se replier sur elle-même face à cette manifestation divine et vengeresse, qu'elle a de se laisser emporter face à la peur et l'anxiété, au point de totalement s'oublier.
Esthétiquement soigné et porté par une mise en scène rythmée et nerveuse, qui ne fait qu'intensifier son aura oppressante et anxiogène, même si son rythme lancinant pourra en décontenancer plus d'un (c'est pourtant l'une de ses plus grandes forces), Hellbound séduit autant par son habile mélange des genres (entre le thriller procédural, l'horreur violente et le fantastique post-apocalyptique), que par sa vraie réflexion sur la condition humaine (les notions d'humanité, de mortalité, de péché et de justice) et sur notre société contemporaine (un bon gros tacle sur l'influence des médias en prime).
Si les six épisodes laissent parfois la petite impression de tourner un brin en boucle et d'être répétitif, sa conclusion ouverte bousculant gentiment nos certitudes, nous font tout de même furieusement attendre la suite avec une certaine impatience.
On a bien retrouvé Yeon Sang-ho !
Jonathan Chevrier
On avait laissé ce bon vieux Yeon Sang-ho avec un sacré ratage l'an dernier, Peninsula, suite directe de son Dernier Train pour Busan, une bonne grosse bisserie qui tâche flingué autant par un surdécoupage rendant la majorité des scènes d'action illisibles - quand elles ne sont pas plombés par une numérisation digne de la PS2 -, des choix étranges et un manque total d'ambition.
Bonne nouvelle, le bonhomme semble renaître de ces cendres - et le mot cendre est ici loin d'être anodin - avec Hellbound, adaptation live de son webtoon The Hellbound, qu'il a chapeauté avec Choi Kyu-Seok.
Un show gentiment violent et surnaturel - tout en étant savamment saupoudré de K-drama -, vissé sur les réactions, à la fois intimes et générales, du monde face à la montée d'un nouveau phénomène où les " pécheurs " sont condamnés et tués par des monstres démoniaques dans une sorte de meurtre/rituel effectué symboliquement en plein jour et en public, comme pour envoyer un message aux " spectateurs " involontaires de cet acte de violence.
Copyright Jung Jaegu/Netflix |
Ici, le récit se densifie en s'articulant autant autour de quatre axes, celui de l'enquête policière de l'inspecteur Jin Kyung-hoon (dont la fille se tient à la lisière de la secte), de la journaliste Bae Young-jae, de l'avocat des pécheurs accusés, Min Hey-jin, mais surtout des arcanes de la secte religieuse qui s'est formée suite aux meurtres des " pécheurs ", dirigée par Jung Jin-soo (et le sujet plus ou moins direct des investigations des trois premiers axes); un homme qui poussé par la conviction que le repentir s'obtient par la peur, devient rapidement une figure intimidante avec une vision binaire de la moralité et de la notion de péché...
Examination cruelle et viscérale d'une humanité délestée d'un libre arbitre laissé aux mains des démons, nouveaux gardiens de la moralité, dégainant un regard plutôt crue sur la religion (ou l'intervention divine se résume clairement à une hiérophanie meurtrière implacable); Hellbound pourrait se voir comme le versant sombre de la déjà très sombre et tragique The Leftlovers, dans sa volonté aussi bien de montrer une humanité en quête d'un but face au divin, que dans son exploration conflictuelle de la réaction de masse face à une telle apocalypse (que nous pouvons tous rapprocher, toute propension gardée, à la pandémie actuelle).
Et c'est bien là au fond, que réside tout l'aspect terrifiant du show, pas tant donc dans son horreur graphique ni l'apparition violente de ses monstres surnaturels, mais bien dans la réaction humaine et sa justice toute relative, la manière qu'à la société de se replier sur elle-même face à cette manifestation divine et vengeresse, qu'elle a de se laisser emporter face à la peur et l'anxiété, au point de totalement s'oublier.
Copyright Jung Jaegu/Netflix |
Esthétiquement soigné et porté par une mise en scène rythmée et nerveuse, qui ne fait qu'intensifier son aura oppressante et anxiogène, même si son rythme lancinant pourra en décontenancer plus d'un (c'est pourtant l'une de ses plus grandes forces), Hellbound séduit autant par son habile mélange des genres (entre le thriller procédural, l'horreur violente et le fantastique post-apocalyptique), que par sa vraie réflexion sur la condition humaine (les notions d'humanité, de mortalité, de péché et de justice) et sur notre société contemporaine (un bon gros tacle sur l'influence des médias en prime).
Si les six épisodes laissent parfois la petite impression de tourner un brin en boucle et d'être répétitif, sa conclusion ouverte bousculant gentiment nos certitudes, nous font tout de même furieusement attendre la suite avec une certaine impatience.
On a bien retrouvé Yeon Sang-ho !
Jonathan Chevrier