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[CRITIQUE] : Saloum


Réalisateur : Jean-Luc Herbulot
Acteurs : Yann Gael, Evelyne Ily J., Roger Salah, Ba Mentor,...
Distributeur : CGR Events
Budget : -
Genre : Thriller, Epouvante-horreur.
Nationalité : Sénégalais, Congolais.
Durée : 1h24min.

Synopsis :
2003, trois mercenaires chargés d'extraire un trafiquant de drogue de Guinée-Bissau sont contraints de se cacher dans la région mystique du Saloum, au Sénégal.


Critique :


Pour quiconque s'intéresse un tant soit peu à tout ce qui peut pointer le bout de son nez hors des radars des salles hexagonales, Jean-Luc Herbulot n'est pas totalement un étranger, le cinéaste ayant gentiment montré ce dont sa caméra était capable de faire avec Dealer, péloche aussi généreuse et ambitieuse qu'hybride, gentiment logée sous la figure tutélaire de la trilogie Pusher - à laquelle il rend un hommage délirant -, voire même un esprit sériesque purement Canal.
Faisant fît de son manque de cohérence et de ses quelques scories - premier long oblige -, le film laissait transparaître la propension du wannabe cinéaste à mélanger les genres avec plus ou moins d'habileté certes, mais surtout une sincérité inébranlable.

Courtesy of Lacme Studios

Un esprit que l'on retrouve, avec maîtrise cette fois, au coeur de son second long-métrage, Saloum, thriller lui aussi hybride qui épouse fougeusement le western spaghetti autant que l'horreur surnaturelle et le revenge movie violent, tout en laissant gentiment la complexité narrative au placard.
Vrai cinéma de sensations sous influence, le film se veut comme une expérience en constante évolution, un genre-bender façon course folle sous tension tirant constamment à plein régime et qui, dans la lignée d'Une Nuit en Enfer et Predator (y'a vraiment pire comme comparaisons), se paye le luxe de s'offrir un virage à 180 degrés à mi-parcours, aussi grisant et culotté que follement imprévisible.
Entre mysticisme, rituels/croyances surnaturels, folklore ancestral, moralité/spiritualité mise à l'épreuve et regard sombre sur la (dure) réalité des enfants soldats dans l'ouest du continent africain, la péloche va vite, parfois peut-être trop pour son bien, au point de brader un brin ses thèmes (notamment un regard émouvant sur les horreurs réelles de l'état actuel du bouleversement socio-politique dans l'Afrique de l'Ouest) mais aussi la lisibilité de sa mythologie et de la profondeur de ses personnages (on ne sait pas grand chose de ses antihéros, juste l'essentiel même si leur camaraderie fraternelle elle, n'a décemment pas besoin d'être plus approfondie pour être évocatrice).

Courtesy of Lacme Studios

Reste que sa générosité débordante, épaulée par les fulgurances magnifiques de la photographie de Gregory Corandi, une mise en valeur intelligente de son cadre (c'est un vrai film panafricain, jusque dans la pluralité des langues) et les performances charismatiques de sa distribution principale (Yann Gael en tête), font que Saloum transpire non seulement l'amour du cinéma bis qu'on aime, mais incarne surtout une put*** de bonne surprise comme on aimerait en voir plus souvent, et encore plus venant du continent africain.


Jonathan Chevrier