[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #32. Punch-Drunk Love
Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#32. Punch-Drunk Love - Ivre d'amour de Paul Thomas Anderson (2002)
Pour tous les aficionados d'Adam Sandler, Punch-Drunk Love est un peu l'as qui fait changer une donne au blackjack, la carte magique capable de faire taire toutes les mauvaises langues quant au talent réel du bonhomme, faussement catégorisé comme l'un des plus grands bouffons du cinéma ricain moderne.
Il faut dire, si le génie autodidacte de la vallée de San Fernando Paul Thomas Anderson, a fait de lui le héros de l'un de ses films, comme Daniel Day Lewis et Joaquin Phoenix (un argument qui peut également fonctionné avec le décrié Mark Wahlberg), c'est que le bonhomme n'est pas tant un tâcheron que cela, mais surtout, qu'il est sans doute bien plus drôle que la critique bien pensante s'amuse à l'affirmer.
Chez PTA, l'humour à longtemps été un bourdonnement plus ou moins perceptible même si constamment présent, sans doute parce qu'usé de manière subtile - le ridicule de ses situations et de certains de ses personnages -, ou n'incarnant qu'un léger clin d'oeil au sein de regards humanistes sur des personnalités inhabituelles et tourmentées, incarnant des prismes précieux pour qu'il mettent en lumière l'aspect aléatoire et complexe de l'existence.
Son quatrième long-métrage a donc créé une sorte de légère variante, entre rire réel et compassion sincère, une sorte de pont invisible entre une filmographie sombre, imposante et stimulante, et quelque chose de plus doux, contenu et libérateur, aussi bien pour le cinéaste que pour Sandler.
On y suit les aléas de Barry Egan, un homme à la démarche atypique et au sempiternel costume bleu (inspiré du Belmondo de Pierrot le Fou), qui marmonne quasiment ou presque uniquement des phrases complètement incomplètes, et qui lutte constamment contre des crises émotionnelles et les attentes du monde qui l'entoure.
Seul garçon d'une famille de huit enfants, il travaille dans un entrepôt modeste en tant que vendeur de pistons, où il passe d'un appel téléphonique stupide à l'autre à longueur de journée.
Gentiment paranoïaque et accro au pudding, le bonhomme subit sa vie plus qu'il ne la vit, nage continuellement à contre-courant et se voit toujours surchargé par une réalité à laquelle il n'arrive pas à s'adapter, au point de s'enfermer dans une surcharge émotionnelle et sensorielle.
La seule chose dont il est sûr, dans ce brouillard quotidien sans stabilité, ni certitude et encore moins d'avenir, c'est qu'il doit s'échapper, peut importe où, peut importe avec qui...
Comme Doc Sportello ou Freddy Quil, Barry n'est pas un personnage profondément bavard, c'est donc dans son attitude et son comportement, presque Tati-esque, que les émotions naissent : puisqu'il n'a pas les mots pour les dires, ce sont ses humeurs, ses gestes qu'il ne contrôle pas (en bon homme-enfant en crise qu'il est), qui les exprimeront pour lui.
Tout comme Lena au fond, campé par une fantastique Emily Watson, dont les yeux parlent plus d'amour que ses lèvres.
Elle et Barry se sont concoctés une bulle protectrice, voguant dans une orbite totalement différente de celles des autres, comme s'ils étaient les seuls à ressentir les vibrations intimes de l'autre, communiquant à travers leur anxiété mais surtout, leur synergie indéniable.
Quand ils sont ensemble, tout semble s'harmoniser (comme la photographie solaire Robert Elswit), tout devient plus paisible par la force de l'amour qu'ils se portent, et rarement le sentiment amoureux et la transformation bénéfique - mais aussi magique - qu'il convoque (Barry devient littéralement un homme auprès de Lena), n'a été aussi explicitement montré, comme si le fait d'aimer était plus puissant que tout effet spécial (un simple baiser chaleureux face au soleil, provoque plus de frissons que la moindre envolée superhéroïque boursouflée aux CGI).
Cinéma de confusion et de mystère, changeant de ton comme ses personnages d'humeur, Punch-Drunk Love est une véritable lettre d'amour à l'âge d'or du cinéma, l'équivalent décalée et poétique d'une comédie romantique jubilatoire en Technicolor, ou le chant et la danse laissent place aux émotions d'un mélodrame désenchanté et vibrant.
Un chef-d'oeuvre radieux, épuré et atypique, une balade nonchalante et délicate dont on ne peut que ressortir conquis.
Jonathan Chevrier
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#32. Punch-Drunk Love - Ivre d'amour de Paul Thomas Anderson (2002)
Pour tous les aficionados d'Adam Sandler, Punch-Drunk Love est un peu l'as qui fait changer une donne au blackjack, la carte magique capable de faire taire toutes les mauvaises langues quant au talent réel du bonhomme, faussement catégorisé comme l'un des plus grands bouffons du cinéma ricain moderne.
Il faut dire, si le génie autodidacte de la vallée de San Fernando Paul Thomas Anderson, a fait de lui le héros de l'un de ses films, comme Daniel Day Lewis et Joaquin Phoenix (un argument qui peut également fonctionné avec le décrié Mark Wahlberg), c'est que le bonhomme n'est pas tant un tâcheron que cela, mais surtout, qu'il est sans doute bien plus drôle que la critique bien pensante s'amuse à l'affirmer.
Chez PTA, l'humour à longtemps été un bourdonnement plus ou moins perceptible même si constamment présent, sans doute parce qu'usé de manière subtile - le ridicule de ses situations et de certains de ses personnages -, ou n'incarnant qu'un léger clin d'oeil au sein de regards humanistes sur des personnalités inhabituelles et tourmentées, incarnant des prismes précieux pour qu'il mettent en lumière l'aspect aléatoire et complexe de l'existence.
Copyright Columbia Pictures |
Son quatrième long-métrage a donc créé une sorte de légère variante, entre rire réel et compassion sincère, une sorte de pont invisible entre une filmographie sombre, imposante et stimulante, et quelque chose de plus doux, contenu et libérateur, aussi bien pour le cinéaste que pour Sandler.
On y suit les aléas de Barry Egan, un homme à la démarche atypique et au sempiternel costume bleu (inspiré du Belmondo de Pierrot le Fou), qui marmonne quasiment ou presque uniquement des phrases complètement incomplètes, et qui lutte constamment contre des crises émotionnelles et les attentes du monde qui l'entoure.
Seul garçon d'une famille de huit enfants, il travaille dans un entrepôt modeste en tant que vendeur de pistons, où il passe d'un appel téléphonique stupide à l'autre à longueur de journée.
Gentiment paranoïaque et accro au pudding, le bonhomme subit sa vie plus qu'il ne la vit, nage continuellement à contre-courant et se voit toujours surchargé par une réalité à laquelle il n'arrive pas à s'adapter, au point de s'enfermer dans une surcharge émotionnelle et sensorielle.
La seule chose dont il est sûr, dans ce brouillard quotidien sans stabilité, ni certitude et encore moins d'avenir, c'est qu'il doit s'échapper, peut importe où, peut importe avec qui...
Comme Doc Sportello ou Freddy Quil, Barry n'est pas un personnage profondément bavard, c'est donc dans son attitude et son comportement, presque Tati-esque, que les émotions naissent : puisqu'il n'a pas les mots pour les dires, ce sont ses humeurs, ses gestes qu'il ne contrôle pas (en bon homme-enfant en crise qu'il est), qui les exprimeront pour lui.
Tout comme Lena au fond, campé par une fantastique Emily Watson, dont les yeux parlent plus d'amour que ses lèvres.
Elle et Barry se sont concoctés une bulle protectrice, voguant dans une orbite totalement différente de celles des autres, comme s'ils étaient les seuls à ressentir les vibrations intimes de l'autre, communiquant à travers leur anxiété mais surtout, leur synergie indéniable.
Copyright Columbia Pictures |
Quand ils sont ensemble, tout semble s'harmoniser (comme la photographie solaire Robert Elswit), tout devient plus paisible par la force de l'amour qu'ils se portent, et rarement le sentiment amoureux et la transformation bénéfique - mais aussi magique - qu'il convoque (Barry devient littéralement un homme auprès de Lena), n'a été aussi explicitement montré, comme si le fait d'aimer était plus puissant que tout effet spécial (un simple baiser chaleureux face au soleil, provoque plus de frissons que la moindre envolée superhéroïque boursouflée aux CGI).
Cinéma de confusion et de mystère, changeant de ton comme ses personnages d'humeur, Punch-Drunk Love est une véritable lettre d'amour à l'âge d'or du cinéma, l'équivalent décalée et poétique d'une comédie romantique jubilatoire en Technicolor, ou le chant et la danse laissent place aux émotions d'un mélodrame désenchanté et vibrant.
Un chef-d'oeuvre radieux, épuré et atypique, une balade nonchalante et délicate dont on ne peut que ressortir conquis.
Jonathan Chevrier