[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #29. Step Up
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Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#29. Sexy Dance de Anne Fletcher (2006)
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Nous suivons Tyler, un orphelin de dix-huit ans, qui vit avec sa famille d'accueil dans la banlieue de Boston. Il rencontre Nora, une jeune danseuse, étudiante à l’école d’art de la ville. Alors qu’il a saccagé le théâtre de l’école lors d’une soirée avec ses amis, il doit effectuer deux cent heures de travaux d'intérêt général pour rembourser les dégâts. Nora prépare son gala de fin d’année, mais son partenaire se blesse et personne ne peut le remplacer. Comme le hasard fait bien les choses, il se trouve que Tyler est un danseur de breakdance hors pair, capable d’apprendre d’autres formes de danse, vite et bien. Alors que tous deux répètent la chorégraphie imaginée par Nora pour intégrer de prestigieuses compagnies de danse, les protagonistes vont tomber éperdument amoureux‧ses.
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Sexy Dance c’est aussi cette histoire d’amour entre deux âmes si différentes. Une sorte de Roméo et Juliette moderne, où les Capulet et les Montaigu seraient remplacés par les deux formes de danse : le classique et le hip-hop (le classique est ici remplacé par du modern’jazz). Ce n’était pas la première fois que l’on met en exergue cette confrontation. Hélas, le long métrage renforce ce cliché tenace de montrer le hip-hop comme une danse qui ne requiert aucune rigueur. Une danse énergique et libre, qui paraît presque innée quand on la compare à celle qu'effectue Nora, qui demande entraînement et sacrifice. Le hip-hop étant une danse de rue, créé par les communautés afro-américaines, de nombreux écueils, apportés par le cinéma notamment, sont ici repris. Le hip-hop devient une danse “amatrice”, qui ne s’étudie pas. L'apprentissage se considère dans un unique sens : le danseur de rue doit apprendre une danse plus classique, jamais l'inverse. Cette vision se retrouve dans ce film, où Nora apporte à Tyler la technique et en retour, il lui apporte le lâcher-prise. Pourtant, à la vue des quelques gestes de bras de Channing Tatum, comme des vagues, comment ne pas penser aux gestes tout aussi techniques du ballet Le Lac des Cygnes, où les bras deviennent des ailes ? Sexy Dance s’inscrit dans une vision très blanche des banlieues, du monde du hip-hop, qui a traversé la pop-culture des années 2000. Heureusement, la dichotomie des deux danses tend à disparaître au fur et à mesure que le duo se rapproche. Tyler finit par insérer quelques gestes de breakdance dans la chorégraphie finale, un entre-deux entre hip-hop et modern’jazz, métaphore du couple que forment maintenant Tyler et Nora. Cependant, on ne peut éviter un propos sans nuance sur les communautés noires de Boston, les dimensions politique et sociale étant tues, au profit de la comédie romantique. Il ne faudrait surtout pas complexifier cette partie de la narration !
Laura Enjolvy