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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #112. Mission : Impossible

© Paramount Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !


#112. Mission : Impossible de Brian De Palma (1996)

C'est une évidence et encore plus avec le poids des années, la fructueuse franchise Mission : Impossible et ses nombreuses suites, incarne le symbole parfait de la toute-puissance de Tom Cruise et de son pouvoir décisionnaire au coeur de la cité des vices Hollywoodienne.
Six cartons plus ou moins fracassants (qui en appellent d'ici les deux prochaines années, un septième puis un huitième), mais surtout une pluie de productions aussi fascinantes qu'elles furent souvent houleuses, constituant rien de moins que l'une des sagas les plus singulières du septième art ricain, tant chaque cinéaste imposé à sa barre a su subtilement imposer sa marque au fil des épisodes - pour le meilleur et pour le pire.
Tout part d'une série télévisée, gentiment entrée au pantheon des shows US phares des 60's tout en ayant fait la gloire de la chaîne CBS durant sept saisons, avant de connaître un court - et opportuniste - reboot sur une chaîne concurrente, ABC, entre 1988 et 1990 - Mission impossible, 20 ans après; reboot dont le seul vrai lien est la présence au casting de Peter Graves dans la peau de Jim Phelps, big boss ultime de cette équipe d'agents secrets américains détachés de la CIA, membres de l'IMF (Impossible Missions Force) à qui l'on réserve les missions les plus délicates.

© Paramount Pictures

Culte de chez culte (le générique d'ouverture et la musique de Lalo Schifrin sont entrés dans la légende), la série avait longtemps réussi à passer entre les mailles du filet des adaptations sur grand écran avant que Tom Cruise, fraîchement auréolé du carton surprenant de La Firme en 1993, ne décide de se jeter dessus.
Jeune loup devenu la plus grosse next big thing Hollywoodienne à l'époque, qui accumulait les succès avec une frénésie proprement indécente (Risky Business, Top Gun, Jour de Tonnerre, La Couleur de l'Argent, Né un 4 Juillet, Des Hommes d'Honneurs, La Firme), le - toujours - jeune Tom désirait prendre un petit peu plus de galons dans le système, en initiant par lui-même un projet ambitieux dont il serait l'acteur vedette (cascades perso comprises), tout en le produisant aux côtés de son amie et agent Paula Wagner, via leur toute pimpante nouvelle société : C/W Productions.
Hébergé chez Paramount, Cruise pensera instinctivement à confier le projet à Sydney Pollack, histoire de reformer le trio magique de La Firme, mais peu de temps après s'être attelé au projet, le papa des Trois Jours du Condor jette l'éponge tant la direction que prend la production ne le convainc plus.
Pas de panique pour autant, l'acteur arrivant sensiblement à attirer dans ses filets - et sur son seul nom - à l'aube du début d'année 1994, un Brian De Palma rompu aux adaptations impossibles (Les Incorruptibles en 1987 en est le parfait exemple), qui engagera dans la foulée le tandem Steven Zaillian (qui venait tout juste de chiper un oscar pour La Liste de Schindler)/David Koepp (avec qui il venait de travailler sur l'Impasse) pour s'occuper du scénario, avant que Robert Towne (Chinatown, La Dernière Corvée) ne vienne peaufiner l'ultime jet à quelques heures du début de tournage.

© Paramount Pictures

Malgré les désaccords entre le cinéaste et son acteur vedette (De Palma, conscient des contraintes de ce film de commande, a longtemps bataillé pour booster le budget de 50M$ et faire en sorte que le film ait une impressionnante scène d'action finale), les gros travers en interne (De Palma ne participera pas à la promotion du film, le compositeur Danny Elfman remplacera en pleine post-production Alan Silvestri, pour signer l'un des scores les plus oppresants de sa carrière) et la polémique monstrueuse causée par les comédiens de la série originale (qui reniait férocement le film, surtout le traitement osé du personnage de Jim Phelps), la péloche débarquera dans les salles obscures en 1996, et incarnera sans forcer l'un des plus gros succès de la saison des blockbusters.
Thriller De Palma-esque en diable (le cinéma même du cinéaste se base sur les apparences trompeuses, un suspense intense, la paranoïa, la manipulation - souvent politique - et la dénonciation de la tromperie par l'image), reprenant le ton général du matériau d'origine (des missions d'espionnages supposément impossibles, in fine réalisées par des agents surentraînés) pour mieux articuler une nouvelle équipe autour du personnage d'Ethan Hunt (totalement créé pour l'occasion), quitte a totalement trahir les fans - qui s'en sont bien remis -; Mission : Impossible, maîtrisé de bout en bout, alignant fulgurances de réalisation et moments de bravoure dantesque (le vol de la liste des agents de la CIA est anthologique) jusque dans un final qui dénote complètement du reste du métrage (mais qui n'en reste pas moins jouissif), est un savoureux jeu de dupes et de trahisons façon " poupées russes " où tout le monde est souvent berné - même le spectateur -, malgré les nombreux disséminés dès le générique d'introduction (une gimmick qui sera d'ailleurs reprise par ses suites).

© Paramount Pictures

Percutant, élégant et brillant (même si la majorité des critiques US de l'époque, mauvaises langues évidentes, jugeront son intrigue totalement incompréhensible), ne dénotant jamais des efforts réflexifs de son cinéaste (lui aussi étant axé sur le pouvoir dévastateur de l’image, qu'il use et manipule lui aussi via des effets de mise en scène et de montage) tout en démythifiant le mythe du héros americain en faisant de l'iconique Jim Phelps un traître monstrueux (incarnation parfaite de l'Amérique WASP et " supérieure ", dont il dresse un portrait volontairement peu reluisant, un père qu'il faudra tuer pour survivre et pleinement se détacher de son fantôme écrasant); ce premier opus, sans doute le meilleur avec Rogue Nation, à la froideur abyssale (romance impossible puisque basée sur la duperie, déshumanisation totale des personnages, surprésence de l'évolution technologique et d'un internet bientôt surpuissant,...) et profondément anti-etablishment, est un diamant brut sur un monde qui s'écroule et qu'une poignée d'âmes tentent de sauver jusqu'à ce qu'un jour, cette mission devienne réellement... impossible.


Jonathan Chevrier

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