[CRITIQUE] : Le Tigre Blanc
Réalisateur : Ramin Bahrani
Avec : Priyanka Chopra Jonas, Rajkummar Rao, Mahesh Manjrekar,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Indien, Américain.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
Balram Halwai raconte avec humour noir son ascension fulgurante de villageois sans-le-sou à entrepreneur prospère dans l'Inde moderne. Rusé et ambitieux, notre jeune héros parvient à devenir le chauffeur d'Ashok et de Pinky, qui viennent de rentrer d'Amérique. La société l'ayant formé à une unique fonction - celle de servir – Balram se rend indispensable aux yeux de ses riches maîtres. Mais après une nuit de trahison, il comprend jusqu'où ils sont prêts à aller pour le piéger et se protéger. Alors qu'il est sur le point de tout perdre, Balram se rebelle contre un système truqué et inégalitaire pour devenir un maître d'un nouveau genre.
Inspiré du roman best-seller du New York Times et lauréat du Prix Booker en 2008.
Critique :
“In India there are only two kinds of people: those with big bellies and those with small bellies. I was trapped, and don’t believe for a second there’s a million-rupee game show you can win to get out of it.”
Un dialogue simple qui place immédiatement le spectateur dans le contexte de The White Tiger, adaptation du best-seller d'Aravind Adiga, signé par le talentueux Ramin Bahrani.
Avec : Priyanka Chopra Jonas, Rajkummar Rao, Mahesh Manjrekar,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Indien, Américain.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
Balram Halwai raconte avec humour noir son ascension fulgurante de villageois sans-le-sou à entrepreneur prospère dans l'Inde moderne. Rusé et ambitieux, notre jeune héros parvient à devenir le chauffeur d'Ashok et de Pinky, qui viennent de rentrer d'Amérique. La société l'ayant formé à une unique fonction - celle de servir – Balram se rend indispensable aux yeux de ses riches maîtres. Mais après une nuit de trahison, il comprend jusqu'où ils sont prêts à aller pour le piéger et se protéger. Alors qu'il est sur le point de tout perdre, Balram se rebelle contre un système truqué et inégalitaire pour devenir un maître d'un nouveau genre.
Inspiré du roman best-seller du New York Times et lauréat du Prix Booker en 2008.
Critique :
Satire mordante d'une Inde loin d'être mainstream, même si trop souvent plombé par sa voix-off et son penchant dramatique télégraphiée, #LeTigreBlanc n'en reste pas moins un excellent bout de cinéma sur les plaies béantes d'une société indienne agonisant sous sa hiérarchisation. pic.twitter.com/pUulGLWF2J
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 22, 2021
“In India there are only two kinds of people: those with big bellies and those with small bellies. I was trapped, and don’t believe for a second there’s a million-rupee game show you can win to get out of it.”
Un dialogue simple qui place immédiatement le spectateur dans le contexte de The White Tiger, adaptation du best-seller d'Aravind Adiga, signé par le talentueux Ramin Bahrani.
Même s'il vogue lui aussi vers l'odyssée déterminée d'un anti-héros qui sera capable de tout pour arriver à ses fins, il n'a strictement rien à voir avec Slumdog Millionaire, autre péloche occidentale voulant épouser les codes de Bollywood.
Il en est même le parfait opposé, véritable conte de fées sombre et cynique sur les sacrifices et compromis moraux brutaux nourissant l'ascension sociale d'un môme issu d’une caste d’intouchables, qui deviendra un entrepreneur à succès à Bangalore.
Avec une structure " Goodfella-esque " (avec le même point de départ que le bouquin : Balram expliquant son histoire dans une lettre envoyé au Premier ministre chinois), entre une voix-off qui joue les narrateurs sur-explicatif (plombant parfois le jeu de son acteur titre) et une narration fait tout en flashback (avec les défauts que cela implique), le tout emballé dans un style savamment flashy; la péloche est autant le récit tortueux et trépidant d'une success story atypique que la vision pertinente et terriblement fataliste d'une société indienne tiraillée entre l’ordre social traditionnel et l’ultralibéralisme (ou l'Inde est présenté comme un héritier des vertus de l'American Dream des États-Unis, une ouverture à l'ascension qui peut être cependant encore plus sélective, arbitraire et cruelle que sur les terres de l'oncle Sam).
Le héros, Balram Halwai (interprété par un brillant Adarsh Gourav), surnommé " le tigre blanc " pour son intelligence exceptionnelle, est un jeune homme très pauvre mais en contrepartie malin et débrouillard, qui se fait embaucher par un jeune patron, Ashok, originaire de son village et rentré après des études aux États-Unis pour faire fortune à Bangalore.
Employé dévoué même s'il déteste ce qu'il est et ce qu'il incarne, Balram va pourtant peu à peu comprendre que derrière les sourires de façade et l’apparente cordialité (une ambivalence de la relation maître/employé scrutée sous toutes les coutures), les barrières de classe restent inlassablement infranchissables...
Tout est exacerbé lors d'un virage " The Great Gasby-esque " en milieu de parcours, ou le script prend un ton plus sombre et violent et ou Balram, las de sa soumission et de sa condition, décide de prendre sa vie en main, même si cela signifie de mettre du sang sur ces propres mains.
Satire mordante et vigoureuse d'une Inde loin d'être mainstream (glaciale et lisse, entre l'opulence pimpante et individualiste et la misère extrême de l'autre ), même si très (trop ?) souvent annihilé par son flux constant de commentaires - la voix-off une fois encore - ou son penchant dramatique profondément télégraphiée (avec son anti-héros so-Patrick Bateman, un être revanchard pur produit de la corruption du capitalisme), Le Tigre Blanc, pas non plus épargné par quelques longueurs, n'en reste pas moins un excellent bout de cinéma sur les plaies béantes d'une société agonisant sous sa hiérarchisation, capté au travers du portrait d'un jeune homme doté d'un instinct de survie impressionnant et d'une conscience évolutive, lui permettant de s'adapter à toutes les circonstances.
Jonathan Chevrier
Il en est même le parfait opposé, véritable conte de fées sombre et cynique sur les sacrifices et compromis moraux brutaux nourissant l'ascension sociale d'un môme issu d’une caste d’intouchables, qui deviendra un entrepreneur à succès à Bangalore.
Copyright TEJINDER SINGH KHAMKHA/NETFLIX |
Avec une structure " Goodfella-esque " (avec le même point de départ que le bouquin : Balram expliquant son histoire dans une lettre envoyé au Premier ministre chinois), entre une voix-off qui joue les narrateurs sur-explicatif (plombant parfois le jeu de son acteur titre) et une narration fait tout en flashback (avec les défauts que cela implique), le tout emballé dans un style savamment flashy; la péloche est autant le récit tortueux et trépidant d'une success story atypique que la vision pertinente et terriblement fataliste d'une société indienne tiraillée entre l’ordre social traditionnel et l’ultralibéralisme (ou l'Inde est présenté comme un héritier des vertus de l'American Dream des États-Unis, une ouverture à l'ascension qui peut être cependant encore plus sélective, arbitraire et cruelle que sur les terres de l'oncle Sam).
Le héros, Balram Halwai (interprété par un brillant Adarsh Gourav), surnommé " le tigre blanc " pour son intelligence exceptionnelle, est un jeune homme très pauvre mais en contrepartie malin et débrouillard, qui se fait embaucher par un jeune patron, Ashok, originaire de son village et rentré après des études aux États-Unis pour faire fortune à Bangalore.
Employé dévoué même s'il déteste ce qu'il est et ce qu'il incarne, Balram va pourtant peu à peu comprendre que derrière les sourires de façade et l’apparente cordialité (une ambivalence de la relation maître/employé scrutée sous toutes les coutures), les barrières de classe restent inlassablement infranchissables...
Copyright TEJINDER SINGH KHAMKHA/NETFLIX |
Tout est exacerbé lors d'un virage " The Great Gasby-esque " en milieu de parcours, ou le script prend un ton plus sombre et violent et ou Balram, las de sa soumission et de sa condition, décide de prendre sa vie en main, même si cela signifie de mettre du sang sur ces propres mains.
Satire mordante et vigoureuse d'une Inde loin d'être mainstream (glaciale et lisse, entre l'opulence pimpante et individualiste et la misère extrême de l'autre ), même si très (trop ?) souvent annihilé par son flux constant de commentaires - la voix-off une fois encore - ou son penchant dramatique profondément télégraphiée (avec son anti-héros so-Patrick Bateman, un être revanchard pur produit de la corruption du capitalisme), Le Tigre Blanc, pas non plus épargné par quelques longueurs, n'en reste pas moins un excellent bout de cinéma sur les plaies béantes d'une société agonisant sous sa hiérarchisation, capté au travers du portrait d'un jeune homme doté d'un instinct de survie impressionnant et d'une conscience évolutive, lui permettant de s'adapter à toutes les circonstances.
Jonathan Chevrier