Breaking News

[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #115. Semaine du 29 novembre au 5 décembre 2020



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.



Semaine du 29 Novembre au 5 Décembre




Dimanche 29 Novembre. Titanic de James Cameron sur TF1.

En 1997, l’épave du Titanic est l’objet d’une exploration fiévreuse, menée par des chercheurs de trésor en quête d’un diamant bleu qui se trouvait à bord. Frappée par un reportage télévisé, l’une des rescapés du naufrage, âgée de 102 ans, Rose DeWitt, se rend sur place et évoque ses souvenirs. 1912. Fiancée à un industriel arrogant, Rose croise sur le bateau, Jack, un artiste sans le sou.

Avec ses onze Oscars et son milliard de spectateurs, Titanic s’est imposé comme l’un des plus grands succès du cinéma. Pourtant, et paradoxalement, je trouve que le film reste trop souvent mésestimé, comme si au final ses récompenses et son impact populaire le rendait trop unanimement applaudi et devait forcément cacher quelque chose. Je vais donc l’affirmer, Titanic est ni plus ni moins qu’un chef d’œuvre. D’une part, il incarne un cinéma quelque peu tombé en désuétude, celui des fresques qui embrasse à certains moments toute l’ampleur du cinéma Leanien. D’autre part, il offre un récit dense, autant film d’émancipation que chronique d’une époque, féministe et romanesque, drôle et bouleversant. Cette multiplicité des tonalités et des intrigues permettent de construire des personnages, une chose essentielle pour justifier sa dernière partie. Car oui, sans ces 2 h a façonné, scruter, analyser Rose, Jack et les autres, Titanic n’aurait pas le même impact émotionnel. Si le naufrage prend tant aux tripes c’est parce qu’on a pu développer un attachement pour ce microcosme. Plus qu’un film catastrophe ou une romance, Titanic est l’exemple éclatant et vibrant d’un cinéma devenu trop rare sur nos écrans.

Mais aussi... France 2 propose Skyfall de Sam Mendes. En s’emparant de la saga d’espionnage la plus célèbre du monde, Sam Mendes lui injecte une splendeur inégalée jusqu’à présent. Skyfall est avant tout un Bond dans l’époque, qui explore son passé et sa mortalité au sein d’une œuvre précise, subjugante et émouvante qui parvient à jouer avec la mythologie bondienne.



Lundi 30 Novembre. Tandem de Patrice Leconte sur Arte.

Depuis plus de vingt ans, Michel Mortez présente un jeu à la radio assisté du fidèle Rivetot, technicien, homme à tout faire et souffre-douleur. L’animateur parcourt la France, descendant dans de petits hôtels et nouant parfois des relations d’une nuit. Un jour, Rivetot apprend que l’émission va être supprimée. Il n’ose pas le dire à Mortez de crainte que le choc soit trop difficile. Il ne répond plus au téléphone, se débrouille pour ne pas récupérer les courriers, et avec Mortez, ils continuent leur périple comme si de rien n’était.

Dans une carrière assez dense, Patrice Leconte a donné à voir autant de bons que de mauvais films, et la chance veut qu’Arte diffuse l’un de ces meilleurs. Avec Tandem, le cinéaste offre d’abord un duo exceptionnel, Gerard Jugnot est immédiatement sympathique dans ce personnage du quotidien, là où Jean Rochefort est étincelant dans cet homme à la prétention classieuse. Mais plus encore, Leconte offre un film aux atmosphères multiples, aussi bien caustiques qu’émouvant, Tandem est parcouru de bout en bout par une certaine mélancolie et parfaitement mis en scène. En effet, le cinéaste y fait preuve d’une grande précision quant aux découpages de ses scènes et pour mettre en valeur des dialogues délicieux.

Mais également... TFX programme Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau de Peter Jackson. Le cinéaste fout le frison pour plus d’une raison. D’une part, parvenir a adapté le pavé de Tolkien avec une fluidité époustouflante, faisant de lui l’un de ces grands raconteurs d’histoires au cinéma. D’autre part, il y a dans ce volet un réel amour du cinéma. Jackson signe un film envoutant de son début à fin, il accroche son spectateur qu’il trimbale, déjà, dans une épopée entre violence et poésie, entre barbarie et féérie.



Jeudi 3 Decembre. L’Ombre d’Emily de Paul Feig sur France 3.

Stephanie, une mère célibataire et veuve, travaille comme vlogger dans le Connecticut. Lorsque sa meilleure amie disparaît mystérieusement, Stephanie décide de mener son enquête. Au cours de son investigation, elle va explorer le passé de la jeune femme et faire des découvertes surprenantes.

Avez-vous déjà imaginé Gone Girl par le réalisateur de Mes Meilleures Amies ? Eh bien vous en avait ici le résultat. En effet, avec L’Ombre d’Emily, Paul Feig vient s’emparer du genre thrillesque. On plonge dès lors dans un récit dont les contours rappelleront indéniablement l’œuvre de David Fincher, le réalisateur de Spy s’amuse à suivre les codes du genre, entre rebondissement et tension, mais il va également se faire plus tortueux. Car, ici, le cinéaste vient faire des sortes de manipulation pour greffer cela à une sorte de Desperate Housewives. Il en ressort un film cocassement irrévérencieux, qui use d’un ton lumineusement pervers et se voit soutenu par des répliques piquantes. L’ensemble est soutenu par un duo d’actrice assez formidable, Blake Lively, tirée à quatre épingles et jouant l’ambigüité et Anna Kendrick, jouant de son image de parfaite naïve. Un petit plaisir.


Thibaut Ciavarella