[SƎANCES FANTASTIQUES] : #32. 30 Days of Night
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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse d'un cinéma fantastique aussi abondant qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#32. 30 Jours de Nuit de David Slade (2007)
À l'instar de son compatriote Neil Marshall, dont le début de carrière fut hautement enthousiaste, David Slade a gentiment excité les cinephiles avec un premier long plus qu'audacieux (l'uppercut Hard Candy, avec les mésestimés Ellen Page et Patrick Wilson), avant de confirmer le tir avec une pur bombe - 30 Jours de Nuit -, puis de s'écrouler comme une grosse bouse que l'on estime pas qu'il est pourtant, notamment avec un Twilight (le troisième, Hésitation, le moins mal torché et de loin), ou un épisode de série à la médiocrité risible - Black Mirror : Bandersnatch.
Pourtant en 2007, tous les espoirs étaient permis quand à un avenir radieux pour le bonhomme, alors qu'il s'attaquait à mettre en images le brillant comic-book de Steve Nils et Ben Templesmith, 30 Jours de Nuit, sous l'ombre tutélaire de Sam Raimi à la production; sommet du films de vampires terrifiant et diablement humain, revenant à un fantastique noble et envoûtant que le début du siècle nouveau, semblait avoir gentiment oublié.
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Constamment inscrit dans la droite lignée de John Carpenter, Slade expose sa vision de l'horreur de la manière la plus envoûtante et cinématographique qui soit, constamment serein sur ses capacités esthétiques autant sur ses glorieuses références qu'il regurgite avec la fougue d'un môme passionné : tout pour faire triquer les amoureux du cinéma de genre en somme, sans pour autant larguer le spectateur lambda, et le perdre dans une accumulation de clins d'oeil plein de lourdeur.
Dès les premières secondes, qui mettent instinctivement dans l'ambiance (une ouverture citant directement le Dracula de Coppola, avec son vaisseau fantôme rempli de suceurs de sang, se rapprochant lentement de sa destination), jusqu'aux dernières, d'un romantisme lyrique à nous en nouer la gorge pendant des jours, Slade distille un souffle fantastique Carpenterien en diable, de son ton mêlant le western crépusculaire (coucou l'Assaut) à l'épouvante anxiogène, ou le cadre enneigé et isolé est un tombeau dont on ne peut se défaire (coucou The Thing); sans oublier une violence féroce et implacable.
Car ici, point de vampires séduisant et lumineux (sic), draguant leurs proies avec des regards ténébreux, le suceur de sang est un fauve assoiffé et cruel, un monstre intelligent et stratège qui prend du plaisir à déambuler dans l'obscurité pour déchiqueter de pauvres humains sans défense, et à les transformer en ses semblables; une menace que Slade place sous l'autel de la suggestion, avant de les iconiser à mort comme une véritable meute inarrêtable digne d'un véritable film de gangsters.
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Mieux, en se payant le luxe de glisser une histoire d'amour qui n'en est pas/plus totalement une, contrariée et mature (ou il est facile de s'y reconnaître) au coeur de son récit serrée et haletant (allant strictement à l'essentiel), qui n'altère jamais l'action ni le rythme puisqu'elle y est totalement vissée (ce qui le rapproche du merveilleux Near Dark de Kathryn Bigelow), David Slade convoque le romantisme torturé du chef-d'oeuvre de Bram Stoker, qui donnera lieu, comme dit plus haut, à l'un des finals les plus beaux du cinéma horrifique de ses vingt dernières années (un bouleversant lever de soleil, tragique à plus d'un titre).
Visuellement époustouflant, magnifiquement mis en scène et interprété (Josh Hartnett et Melissa George sont parfait, face à un Danny Huston bestial et vorace), et uniquement plombé par sa gestion de la temporalité hasardeuse (une durée riquiqui qui donne la fausse impression que le récit se passe sur trois jours et non trente), 30 Jours de Nuit est une séance horrifique féroce et sensorielle, capable de nous terrifier autant émouvoir aux larmes.
La marque des grands films fantastiques.
Jonathan Chevrier