[SƎANCES FANTASTIQUES] : #15. From Dusk Till Dawn
© 1996 - Dimension Films |
Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'oeuvre de la Hammer, que des pépites cinéma bis transalpin en passant par les slashers des 70's/80's; mais surtout montrer un brin, la richesse d'un cinéma fantastique aussi riche qu'il est passionnant à décortiquer.
Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#15. Une nuit en enfer de Robert Rodriguez (1996)
Une nuit en enfer est un film fantastique
d'horreur américano-mexicain sorti en 1996 et réalisé par Robert « The
Wizard » Rodriguez, qui a depuis notamment travaillé sur plusieurs super
bons films, comme Machete, Sin City ou encore le
sympathique The Faculty et aussi sur un bon nombre de films
beaucoup moins connus, dont certains sont franchement plutôt ratés. Il a
collaboré avec de grands noms du cinéma, et notamment, dans le film qui
nous intéresse, avec le génialissime Quentin Tarantino qui nous sort ici sa
plume la plus affûtée et son plus beau costume du dimanche pour ce délire
jouissif, trash, drôle et rempli d’hémoglobine qu’est Une nuit en
enfer.
Si vous n’avez pas
-encore- vu « Une nuit en Enfer »
Bon déjà, il faut le voir : Allez sur votre plate-forme préférée, récupérez le film, préparez des shots de Tequila (avec modération), de jolis sombreros tacos, installez-vous dans votre matoir attitré et vous le regardez, surtout, sans avoir jamais pris le temps de lire ne serait-ce que le synopsis.
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Parce que oui, ce sont vraiment les conditions idéales pour
découvrir ce film : ne surtout pas savoir ce qui vous attend. C’est
d’ailleurs comme ça que je l’ai découvert et c’est comme ça que vous apprécierez
réellement l’expérience.
Maintenant que c’est
fait…
Le film commence comme un bon vieux thriller, avec Richard
Gecko (Quentin Tarantino), sympathique psychopathe qui aide son frère Seth
(George Clooney, tiens donc…) à s'échapper de prison. Nos deux frangins s’en
vont alors braquer une banque et embarquent un otage jusque dans un motel. Un
gros bain de sang plus tard qui nous montre toute la subtilité et le self
control de Richard, ils partent direction le Mexique. Sur la route, ils
prennent de nouveaux otages : Jacob Fuller (Harvey Keitel), pasteur en
pleine crise de foi, et ses enfants Kate (Juliette Lewis) et Scott (Ernest
Liu).
Tout ce petit monde parvient à passer la frontière mexicaine
et doivent maintenant attendre l'arrivée de leur contact, Carlos (Cheech Marin),
qui leur a fixé rendez-vous dans un bar isolé, le Titty Twister qui est ouvert du
crépuscule à l'aube (From Dusk Till Dawn, le titre original du film).
Voilà notre petit monde attablé dans ce fort sympathique bar quand tout à coup le film change complètement de bord. Jusque-là thriller assez oppressant un brin gore Tarantino-like, nous voilà, une danse lascive de Salma Hayek plus tard, dans un film fantastique horreur rempli de créatures démoniaques qui font… des… choses… démoniaques… et assez inventives avec ça. Mention spéciale au groupe de musiciens du bar Tito & Tatantulas et à leurs instruments de musique.
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Le Twist du Titi
Twister
Là, clairement, j’étais pas préparée. La scène de bagarre
générale dans le bar est absolument démente. Quentin Tarantino, Georges Clooney
et Harvey Keitel qui se bastonnent en règle avec des vampires, il faut vraiment
avoir vu ça une fois dans sa vie. Les effets spéciaux ont été confiés à une
équipe de grands malades qui ont réalisé des costumes franchement convaincants
et souvent bien crados. Vous lâcherez surement quelques grimaces ou des « Ahhhh »
de dégoût et c’est un bon indicateur de réussite.
A la fin de cette merveilleuse scène de carnage, ne restent plus dans le camp des vivants qu’une poignée de personnes, dont deux routiers super badass : Sex Machine (Tom Savini) et Frost (Fred Williamson), grands habitués des films de monstres et de zombie de tous poils. Tout ce petit monde se battra le reste de la nuit à coup de pieux, bombes à eau bénites et autres armes diverses et variées. Je ne vais volontairement pas vous spoiler le reste du film ni sa fin, qui, bien que relativement convenue, offre tout de même une pelletée de scènes souvent efficaces, parfois drôles et même parfois assez touchantes (mais pas trop non plus, ça reste un film d’horreur).
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On adore ou on
déteste
Les avis sont assez mitigés sur le film même s’il est
clairement devenu culte pour certaines personnes (dont je fais partie). Déjà,
prendre le parti de faire deux films en un, avec une partie thriller / polar et
une fantastique / horreur c’était risqué : les amateurs des deux
styles ne se retrouvent pas forcément et c’est assez dôle de voir que certaines
personnes adorent la première partie et pas la suite ou inversement. Qu’on aime
ou qu’on n’aime pas, les deux parties du film sont bien amenées. La partie
thriller amène réellement une tension permanente où on se demande quand Richard
va déraper et comment – spoiler alert : salement – et si tout ce petit
monde va s’en sortir. Quant à la partie horreur, là, c’est un festival de gore :
ça décapite, ça empale, ça déchiquette à tout va et c’est vraiment jouissif.
Côté acteurs, c’est étonnant de voir tout ce petit monde fonctionner ensemble. Parce que « Tarantino, Keitel et Clooney entrent dans un bar au Mexique », ça fait quand même début de blague nulle. Surtout qu’à cette époque, Georges Clooney n’avait pas encore débuté sa carrière sur grand écran et était encore, pour tout le monde, Dr Ross, le tombeur des Urgences. Tarantino, mis à part dans ses propres films, on ne l’avait pas énormément vu jouer. Ah si, dans un épisode des Craquantes… Je vous assure, vérifiez, en sosie d’Elvis, c’est à mourir de rire. Et pourtant, ça fonctionne. Les acteurs, même les seconds rôles sont convaincants. On y croit et on arrive à créer de l’empathie avec eux et même avec le personnage joué par Tarantino, qui est quand même une belle ordure. C’est d’ailleurs pour cela que la première partie du film a été écrite de cette façon. A l’instar des livres de Stephen King, ils ont voulu nous faire vivre une histoire avec les protagonistes pour créer de l’empathie avec eux et réellement être affectés par ce qui leur arrive. Force est de constater que ça fonctionne. Avoir une heure de film pour s’attacher aux personnages, ça crée un vrai enjeu quand leurs vies de retrouvent menacées et ça accentue l’effet choc de voir ces personnes ancrées dans le monde réel basculer d’un coup dans l’horreur.
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Voilà, Une Nuit en Enfer restera dans mes gros coups de cœur.
C’est un film visiblement fait par des passionnés, qui respectaient ce qu’elles
faisaient et avaient, de par leur statut d’indépendants, de grandes latitudes
pour faire le film dont ils avaient envie. Ils ont réussi un tour de force de
réaliser un film à ce point différent des autres, en seulement 10 semaines de
tournage, et en devant faire face à d’innombrables fléaux, comme l’incendie des
décors, les pluies diluviennes ou les tempêtes de sable.
« - C’était des détraqués ou quoi ?
- Ah bon ils avaient l’air de détraqués tu
trouves toi ? C’était des vampires, les détraqués ça n’explose pas aux premiers
rayons d’soleil, même s’ils sont salement pétés de la tronche ! »