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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #92. Human Traffic

© 1999 Miramax Films

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !




#92. Human Traffic de Justin Kerrigan (1999)

Dans la longue lignée des films irrévérencieux des 90’s, il y a une pépite bien trop souvent oubliée : Human Traffic. Sorti juste avant les années 2000, le film de Justin Kerrigan englobe tout ce qu'incarnait les nineties, une décennie à la fois libératrice et dynamique. Au moment de sa sortie en salles, le film était comparé à un autre grand film de cette décennie que j’aime particulièrement, l’excellent Trainspotting de Danny Boyle, la faute à ses origines british et à ses personnages antipathiques. La drogue est y effectivement également abordée, mais d’une manière plus légère et festive, plus à l'image de la personnalité des héros, Jip, Lulu, Nina, Koop et Mof. Durant l’espace d’un weekend à Cardiff, entre boîtes de nuit et bars, ils vont remettre en question leur choix de vie.

© 1999 Miramax Films


Le film s’ouvre sur le monologue culte de Jip - également le narrateur -, qui exprime toute la désillusion et la frustration de la génération X, qui suffoque dans une Grande-Bretagne fraîchement sortie du Thatchérisme, une époque de transition ou la jeunesse est en quête de nouvelles sensations. Dès les premières minutes, il y a une fine présentation des personnages, qui permet aux spectateurs de s’immerger au coeur de cette bande de potes, qui s’adresse directement à la caméra, avec une mise en avant de leur pensées profondes. Leurs semaines rythmées par un boulot dans un fast-food aliénant, de vendeur dans une boutique mal payé ou encore de chômeur vivant chez des parents acariâtres; tous n’ont que le weekend pour se sentir libre et exister, en consommant différents types de drogues et d’alcools. Une retranscription du " Summer of Love " made in UK, inspirée par la jeunesse du réalisateur dont c’est d'ailleurs ici, le premier long-métrage. Il y a une vraie impression de les voir tourner en rond, d'entendre des dialogues sans grand intérêt et c'est justement une volonté de la part de Justin Kerrigan d’être le plus authentique possible : on suit une bande de potes qui pourrait être comme la nôtre. La musique omniprésente supervisée par le DJ Carl Cox (qui s’offre même un cameo) fait même figure de sixième membre du groupe.
Si le film n’aborde pas les problèmes de la drogue, en revanche, il montre les effets de la disparition d’inhibition lors d’une scène marquante, ainsi qu'une descente extrêmement difficile.

© 1999 Miramax Films


Le narrateur raconte le ressenti de nos protagonistes, ce vide qui les envahies et même sans n’avoir jamais consommer de drogue, il est facile de faire le rapprochement avec nos propres expériences, nos propres fin de soirées, lorsque au petit matin sur le chemin du retour, notre esprit divague jusqu’à ce que l'on puisse retrouver nos lits. D’ailleurs la représentation de la drogue est notable dans la réalisation, la première partie est euphorique et colorer, là ou la deuxième partie est plus calme et terne.
Human Traffic est une œuvre majeur de l’univers clubbing, notamment au Pays-de-Galle, la réalisation du film résonne comme la personnalité de cette jeunesse, à la fois maladroite et survoltée. Son succès est en partie dû à cette absence de morale, cette mise en images, sans en faire trop, de la réalité des faits.
Il y a une multitude de référence à la pop culture, comme les posters dans la chambre de Jip - entre Lost Highway, Shining et Clerks -, qui démontre un vrai attachement et une forte inspiration, pour le jeune réalisateur.
Si vous êtes nostalgique des 90’s so british, le film est vraiment fait pour vous.


Alyssa Adjaoui