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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #122. Mad Max 2 : The Road Warrior

(Photo: Warner Bros.)

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#122. Mad Max 2 : Le Défi de George Miller (1981).

Il y a quelque chose d'assez cocasse/frustrant dans la sortie française de Mad Max 2 : Le Défi, puisque le film de George Miller débarquera à une heure ou le premier opus n'est même pas officiellement sorti dans l'hexagone; de quoi gentiment faire s'activer l'imagination des spectateurs, au cœur des premières secondes de l'ouverture, qui narre les prouesses vengeresses passées de Max Rockatansky.
Épousant parfaitement la règle du bigger and faster (facile quand on a un budget dix fois supérieur au film original), cette suite arrive sans peine à introniser son iconique héros au panthéon des plus grandes légendes du cinéma burné qu'on aime, en jouant savoureusement la carte du tout spectaculaire puissant, ou Miller déploie avec une habileté folle, toutes les facettes de son fétichisme pour la tôle et le métal hurlant; tout en s'appropriant les codes de deux des genres les plus mythiques et universelles des cinémas ricains et européens : le péplum et le western.

(Photo: Warner Bros.)

S'il avait déjà abordé le western - avec une sacré touche de vigilant flick - dans Mad Max premier du nom, en lui préférant son pendant crépusculaire et violent (coucou Sam Peckinpah), il vise cette fois un classicisme plus pur et solidement ancré dans les terres désertiques d'une humanité dévastée, en ne cachant pas le moins du monde, sa révérence aux légendaires John Ford (Le Massacre de Fort Apache en tête) et Sergio Leone (surtout Et pour quelques dollars de plus, le plus violent des films du cinéaste).
Mais s'il y a un genre qu'il aborde avec encore plus d'implication, c'est bien le péplum, faisant des kilomètres de bitume défilant devant sa caméra, l'arène à ciel ouvert du gladiateur Max, dont le bolide turbinant est un char de feu mortel, qui ne s'arrêtera de rouler que lorsque le sang sera versé.
Même son Max, jadis représentant incorruptible de la loi, a tout du guerrier sans foi ni loi qui, dévasté par la perte irremplaçable des siens, dont la vie ne se résume plus qu'à tuer pour ne pas l'être, traquer pour ne pas être traquer, survivre parce que demain est un autre combat... peut-être le dernier.
Un marginal transformé par ceux qu'il a pourchassé, un vagabond des routes désabusé mais encore féroce (son uniforme, relique d'un passé punitif, démontre que la violence qui l'habite n'est jamais loin), dont la seule croyance est la loi du chacun pour soi, et dont le précieux Graal n'est que ce qui sert à nourrir sa bête de guerre, son Interceptor - l'essence.

(Photo: Warner Bros.)

Un marginal humain cependant, un fantôme hanté et handicapé (physiquement avec sa jambe, psychologiquement dans son rapport aux autres) dont les quelques éclats nostalgiques (les souvenirs de son fils), seront le moteur pour guider une tribu de réfugiés pacifistes, à fuir la barbarie du monde nouveau.
Mais plus qu'un simple gladiateur, Miller fait carrément de Max une figure christique, un véritable messie qui va libérer le peuple " élu " (parce que refusant la violence, et parce qu'il est la victime de la horde sauvage du terrifiant Lord Humungus), un général de guerre qui s'en va protéger son royaume - la forteresse des réfugiés - d'envahisseurs qui ne sont pas simplement que des bêtes inhumaines et sanguinaires (si l'apocalypse leur a fait perdre leur humanité, tous ont au fond, perdus des êtres qui leur étaient chers); tant ils apparaissent tous comme une sorte de rejetons d'Alex DeLarge - en plus spartiates -, qui n'ont fait que profiter de la redistribution des cartes de la société, pour laisser libre court à leurs instincts primaires.
Rien ne dit d'ailleurs que Max, sans cette retenue sentimentale encore prégnante (et l'attachement pour un enfant qui deviendra plus tard lui-même, le guide d'une grande tribu), serait si éloigné que cela d'Humungus : ils sont après tout deux leaders brisés et charismatiques, suivis sans réserves par leurs disciples et qui ne sont séparés que par l'usage de la violence qui les habitent (l'un l'embrasse, l'autre la repousse au maximum).

(Photo: Warner Bros.)

Fer de lance du post-nuke (post-apocalyptique, pour les moins intimes), qu'il a créé par la force de ses propres images, sublimé par une virtuosité sans nom à tous les niveaux, de la photo rugueuse et solaire de Dean " Danse avec les Loups " Semler, au score intense de Brian May, en passant par réal fiévreuse de Miller (ses scènes motorisées, juste ébouriffantes, ne seront surpassées que par... son propre travail sur Mad Max Fury Road, trois décennie plus tard) et la partition habité de Mad Mel Gibson (son regard bleu perçant fait aussi mal qu'une rafale de tatanes signée Bruce Lee); Mad Max 2 est un pur chef-d'oeuvre épique et grandiose, qui n'a pas perdu une once de sa puissance et de sa maestria, près de quarante balais plus tard.
On t'aime George, vraiment.


Jonathan Chevrier 

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