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[CRITIQUE] : Ginger’s Tale

© VVERH ANIMATION STUDIO

Réalisateur : Konstantin Shchekin
Avec les voix de : Sergey Burunov, Irina Yakovleva, Natalya Tereshkova, Peter Kovrizhnyh,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Russe.
Durée : 1h28min.

Synopsis :
Potter, un garçon gentil et pauvre, trouve un objet magique appelé la Pierre de Feu, qui le rend riche et cruel. La méchante Reine décide de tuer Potter pour s'accaparer la Pierre de Feu. Seule une fille dénommée Ginger est en capacité de le sauver, grâce à son dévouement.



Critique :




Konstantin Shchekin nous offre la bulle vintage du festival d’Annecy 2020, un conte tout ce qui a de plus classique, où la magie et une méchante reine sont au rendez-vous. 

Les pays de l’est sont très bien représentés dans cette programmation long-métrage de ce drôle de festival auquel nous assistons depuis notre canapé. Des visions politiques ou viscérales, qui nous montre tout ce que ce cinéma peut nous offrir. Ginger’s Tale, lui, préfère partir vers un récit plus conventionnel, celui du conte et des légendes, où une méchante reine fera tout pour s’empêcher de vieillir. On pense bien évidemment à la firme Disney face à ce film russe, avec ses dessins à la main et son ton à l’ancienne, qui émerveille malgré son classicisme et sa simplicité.

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Ne vous fiez pas au synopsis, le personnage principal n’est pas Potter, un potier sans le sous, mais bel et bien la Ginger du titre, véritable tornade d’énergie et de joie. Depuis son plus jeune âge elle rêve d’aventure. Quand elle sauve un petit chaton de l’incendie créé par la méchante reine, elle sait enfin ce qu’elle voudrait être une fois adulte : un pompier. Le souci, c’est que si son énergie était perçu comme une qualité quand elle était enfant, une fois adulte c’est une toute autre paire de manche. Étant issue d’une bonne famille, une jeune femme de surcroît, elle ne peut accéder à ses envies d’aventure, son grand-père le lui rappelle constamment. Parce qu’un conte ne serait rien sans une belle histoire d’amour, Ginger est sous le charme de Potter, un de ses amis d’enfance, qui est sur le point d’ouvrir une boutique avec trois autres personnages. Chacun à sa spécialité et y excelle : Padlock pour les chapeaux, Awl pour les beaux habits, Shoe pour les chaussures et Potter pour la poterie. Potter se sent comme un artiste raté : ses pots sont moqués par tout le village, malgré son travail acharné. Il se donne comme mission de réparer la fontaine trônant au centre du village, fabriqué par son grand-père, mais n’y arrive pas. Se sentant inférieur à ses amis et surtout à Ginger, il ne résistera pas bien longtemps au pouvoir de la pierre de feu qu’il trouve par hasard. Cet artefact magique, appartenant à la reine a le pouvoir de faire apparaître de l’argent quand on l’active. Plus le feu est grand, plus la richesse est immense. La reine, qui vit recluse dans son château ne s’en sert pas pour la richesse, mais pour obtenir la jeunesse éternelle en mangeant les pièces d’or (on ne peut pas faire moins subtil comme métaphore de la femme vénale). Elle va bien évidemment tout faire pour qu’on lui rende sa pierre de feu, quitte à épouser Potter, au grand dam de Ginger. Le personnage est bien plus énergique qu’une princesse d’un conte, le film inverse même les rôles, la jeune femme venant sauver Potter des griffes de la reine. Elle est à chaque fois remise à la place qu’on veut lui attribuer, une femme de bonne famille en âge de se marier et ses caractéristiques vivantes, qui sont le sel de son personnage, sont également la cause de la colère des villageois. Si elle ne rentre pas dans le rang, il n’y aura pas de place pour elle. Pourtant, Ginger’s Tale n’ira jamais critiquer le rôle des femmes dans les contes anciens. Si c’est bien Ginger et non Potter l'héroïne, qui sauve son love interest pour un joyeux “ tout est bien qui finit bien”, il n’est pas question d’en faire une héroïne féministe ici ou un personnage qui remet en question le doux patriarcat entourant ce genre d’histoire.

© VVERH ANIMATION STUDIO


Ginger’s Tale coche toutes les cases pour nous offrir un conte digne de ce nom : l’amour, l’ambition, la jalousie jalonnent le récit, rassemblant tous les stéréotypes du genre. S’il ne surprend jamais, le film de Shchekin a l’avantage d’être assez divertissant pour passer un excellent moment. Les caractéristiques classiques du conte se retrouvent également dans l’animation qui propose quelque chose de plus traditionnel, le dessin à la main. Le style ancien est accentué par les choix de décors, comme le design gothique du château de la reine, le paysage rural du village et de ses maisons en pierre ou même l’animation de la magie, ombre mouvante colorée. La colorimétrie privilégie les teintes orangés, marrons et cuivrés, qui nous rappellent bien sûr les classiques du studio aux grandes oreilles, La Belle aux bois dormants en tête, dont le film s’inspire des traits anguleux de Maléfique pour la reine, de son univers magique et de son travail sur les ombres.

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Il est dommage de voir Ginger’s Tale faire le choix d’un récit aussi engoncé dans des codes désuets sans y apporter une touche d’originalité ou de modernité dans son histoire, comme le proposait Klaus de Sergio Pablos. Pourtant le film de Konstantin Shchekin est loin d’être dénué de charme. Il nous propose de faire un petit tour dans le passé, le temps où les contes nous enchantaient.

Laura Enjolvy 



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