[FUCKING SERIES] : She-Ra et les princesses au pouvoir season finale : Power of love !
(Critique - avec spoilers - de la saison 5)
La cinquième et dernière saison de She-Ra et les princesses au pouvoir a débarqué sur Netflix le 15 mai, venant mettre un point final au sort de la planète Etheria et ses habitants. La série, développée par Noelle Stevenson, est un reboot de la série She-Ra, la princesse au pouvoir, diffusée entre 1985 et 1986, issue de la franchise Mattel, Les Maîtres de l’univers. Après quatre saisons mouvementées, la showreneuse vient donner une conclusion satisfaisante à Adora et ses ami.es, dans une saison qui promet de belles émotions.
Nous avions laissé Adora en mauvaise posture lors du final de la saison 4, véritable cliffhanger. Alors que la Horde et la Rébellion s’affrontaient dans une terrible bataille, elle apprenait la vérité sur ce qu’était véritablement She-Ra, son alter ego surpuissante : une arme pour contrôler la magie de la planète Etheria, capable d’anéantir tout sur son passage. Adora détruit alors son épée, qui lui permettait d'accéder à son immense pouvoir. Plus de She-Ra, plus d’arme. Mais il était trop tard. Le Grand Maître de la Horde, appelé par Hordak arrive, Scintilla et Catra sont kidnappées, Etheria n’a plus sa grande protectrice.
Copyright Netflix |
La saison 5 est la suite directe et place tout l’enjeu des treize derniers épisodes : comment rétablir la paix dans la planète, sauver la magie sans les pouvoirs de la plus puissante des guerrières ? L’armée du Grand Maître montre son efficacité : alors qu’il a fallu quatre saisons à Hordak pour envahir la Rébellion, cela ne lui prend que quelques épisodes pour mettre toute la défense à sa merci et contrôler une grande partie des pays. Malgré leurs mauvaises intentions, Hordak, Tenebra, Catra étaient profondément humains : vouloir prouver sa valeur, la soif de pouvoir, jalousie, tous avaient une raison propre, une faiblesse qui a fini par les consumer tout entier. Mais le Grand Maître, lui, n’a rien d’humain. Il est un clone, une sorte d’entité qui pense pouvoir apporter la paix dans la galaxie en la façonnant à son image. Son armée l’est tout autant, ne parlant que pour vénérer leur maître bien-aimé. Alors que Adora, Flechdor et Entrapta partent pour sauver Scintilla, tenue prisonnière sur le vaisseau spatial du Grand Maître, celui-ci en profite pour conquérir les trois-quart de la Rébellion grâce à des puces. Comment vont-ils s’en sortir ?
Cette saison 5 bouscule toutes nos attentes et permet à un renouveau, alors que l’histoire se finit. Nous étions habitués à voir Adora et les princesses se battre contre des méchants bien connus. Adora apprenait à être She-Ra, tout en acceptant n’être qu’une humaine, avec des faiblesses donc. Mais ici, le rythme s’accentue. L’ancienne Horde et la Rébellion ne font plus qu’un, Adora doit réapprendre à n'être qu’une simple guerrière sans pouvoir. Les ennemis se transforment en alliés, les inimitiés se défont et les sentiments se dévoilent, montrant toute la profondeur de l’écriture, durant la série, atteignant son paroxysme pour son dernier épisode, poignant.
Il faut saluer le travail de Noelle Stevenson et son équipe, qui ont eu la lourde tâche de créer un reboot d’un monument de la pop culture. Loin de briser l’essence de la série, la showrunneuse a su pourtant élargir ses horizons pour créer une série plus moderne et inclusive. Si la magie, les paillettes, la transformation en She-Ra, dans une séquence s’approchant de l’animation japonaise a de quoi rassurer les fans de la première heure, des changements s’imposent. En premier lieu, la disparition du frère jumeau de Adora, présent pour lui apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Ici, c’est seule qu’elle les découvre et seule qu’elle les maîtrise. Sans les nommer, She-Ra et les princesses au pouvoir déconstruit les genres, en proposant des personnages différents : Flechdor échappe au trope du héros protégeant sa princesse. Avec un style soulignant des caractéristiques dites “de filles”, il est pourtant un puissant guerrier et un scientifique hors pair. Scintilla (qui scintille vraiment) n’a rien de la princesse pastel : têtue, compétitive, elle n’écoute personne et part au front sans réfléchir. Adora est bien consciente de son statut de sauveuse, elle veut à tout prix contrôler She-Ra pour sauver la planète. L'hétérosexualité n'est pas prédominante ici quand il s'agit de montrer l'amour, la série propose différents couples, brisant ce qu'était devenu la "norme", faute de représentativité.
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Il faut saluer le travail de Noelle Stevenson et son équipe, qui ont eu la lourde tâche de créer un reboot d’un monument de la pop culture. Loin de briser l’essence de la série, la showrunneuse a su pourtant élargir ses horizons pour créer une série plus moderne et inclusive. Si la magie, les paillettes, la transformation en She-Ra, dans une séquence s’approchant de l’animation japonaise a de quoi rassurer les fans de la première heure, des changements s’imposent. En premier lieu, la disparition du frère jumeau de Adora, présent pour lui apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Ici, c’est seule qu’elle les découvre et seule qu’elle les maîtrise. Sans les nommer, She-Ra et les princesses au pouvoir déconstruit les genres, en proposant des personnages différents : Flechdor échappe au trope du héros protégeant sa princesse. Avec un style soulignant des caractéristiques dites “de filles”, il est pourtant un puissant guerrier et un scientifique hors pair. Scintilla (qui scintille vraiment) n’a rien de la princesse pastel : têtue, compétitive, elle n’écoute personne et part au front sans réfléchir. Adora est bien consciente de son statut de sauveuse, elle veut à tout prix contrôler She-Ra pour sauver la planète. L'hétérosexualité n'est pas prédominante ici quand il s'agit de montrer l'amour, la série propose différents couples, brisant ce qu'était devenu la "norme", faute de représentativité.
“De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités”, comme nous le dit la phrase célèbre de l’oncle de Peter Parker. She-Ra questionne justement cette responsabilité et le sacrifice qui est sous-jacent. Doit-on suivre une certaine destinée ou s’en fabriquer une ? La saison 5 y répond. La série refuse d’ailleurs l’unilatéralité de l'héroïne unique, au destin tellement extraordinaire qu’il ne peut en avoir plusieurs, jusque dans son titre : la princesse au pouvoir est maintenant au pluriel. Cela souligne qu’il n’existe pas qu’un seul type d'héroïne, dont She-Ra est l’exemple typique : grande, belle, musclée, aux pouvoirs infinis. Jasmine, Scintilla, Sirena, Glacia, Scorpia offrent une pluralité de style, des héroïnes répondant aux attentes du genre, ou non. Les pierres de pouvoirs sont donc une métaphore de leur lien, une sororité qui arrive quand elles doivent de se défendre. Elles ne s’entendent pas toujours, mais la magie est là, au besoin.
Point final d’une série haute en couleur, She-Ra et les princesses au pouvoir est une réponse positive face à des questionnements de la vie. Évidemment, nous n’échappons pas aux séquences naïves, kitsch, qui sont le sel de ce genre de série : l’amour, l’amitié sont plus forts que tout. Pourtant, les personnages ne vivent pas dans une bulle, ils connaissent la mort, le désespoir, le lourd poids des responsabilités. C’est cette dichotomie, entre l’animation ‘girly” et l’histoire, creusant vers une quête identitaire difficile et une responsabilité écrasante, qui offre à la série un voyage émotionnel fort. Et un final de toute beauté.
Laura Enjolvy
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Point final d’une série haute en couleur, She-Ra et les princesses au pouvoir est une réponse positive face à des questionnements de la vie. Évidemment, nous n’échappons pas aux séquences naïves, kitsch, qui sont le sel de ce genre de série : l’amour, l’amitié sont plus forts que tout. Pourtant, les personnages ne vivent pas dans une bulle, ils connaissent la mort, le désespoir, le lourd poids des responsabilités. C’est cette dichotomie, entre l’animation ‘girly” et l’histoire, creusant vers une quête identitaire difficile et une responsabilité écrasante, qui offre à la série un voyage émotionnel fort. Et un final de toute beauté.
Laura Enjolvy