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[CRITIQUE] : Lost Girls



Réalisatrice : Liz Garbus
Acteurs : Amy Ryan, Thomasin McKenzie, Oona Laurence, Gabriel Byrne,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h35min.


Synopsis :
Une mère de famille à la recherche de sa fille récemment disparue fait une horrible découverte dans un bois de Long Island où les corps de quatre jeunes filles ont été dissimulés.



Critique :


Gageons qu'il y a quelque chose d'assez excitant à l'idée de voir un excellent réalisateur ou une excellente réalisatrice de documentaire, sauter le pas et s'essayer au long-métrage, tant en théorie, tous les meilleurs documentaristes possèdent un sens visuel avisés autant qu'ils sont de puissants conteurs; quoique ce n'est pas forcément une vérité générale, tant si Terry Zwigoff nous avait littéralement bluffé avec son Ghost World, on avait été gentiment échaudés par le piteux Canadian Bacon de Michael Moore, ou encore Havoc de Barbara Kopple.
Résolument plus du côté de Zwigoff que de Kopple, la talentueuse réalisatrice de documentaires Liz Garbus (What Happened, Miss Simone ?, Searching for Bobby Fischer) entre dans l'univers du film dramatique avec le formidable Lost Girls, comme si elle l'avait toujours occupé avec grâce et prestance.

Copyright Jessica Kourkounis/Netflix


Basé sur une histoire vraie toujours non-résolue datant de 2010 - mais surtout du du best-seller non fictionnel de Robert Kolker « Lost Girls : An Unsolved American Mystery » -, le film suit l'histoire d'une mère désespérée de trois enfants vivant à Long Island, Mari Gilbert, qui apprend que sa fille aînée, Shannan, à peine la vingtaine et travailleuse du sexe à Jersey City, a disparu.
A-t-elle été assassinée ?
C'est la grande peur qui torture cette femme, en proie à une rage protectrice et impuissante (mais aussi à des remords dans son rôle de mère), jusqu'au moment où la police trouve quatre corps démembrés, transformant une douloureuse disparition en une histoire de chasse au tueur en série...
Sorte de cousin - loin d'être éloigné - du Three Billboard de Martin McDonagh et du définitivement plus bouillant Hardcore de Paul Schrader, la péloche s'articule autour de la quête palpable d'une mère tenant à peine sa famille debout, tellement désireuse d'apprendre ce qui est arrivé à son enfant, lésée par des autorités qu'elle juge (à juste titre ou presque) incompétente, que cela vire à l'obsession invivable; un étonnant drame humain hanté et hantant, qui s'échine obstinément a bousculer les codes de la catégorisation facile.
Enraciné dans une tristesse sombre - tout comme peut l'être son cadre de Long Island - et une morosité désespérée qui vous prend aux tripes, constamment rythmé et fluide dans sa narration tant Garbus semble nous maintenir constamment en alerte et captivé par ce qui a tout d'un anti-thriller qui sape gentiment toutes nos attentes. 

Copyright Jessica Kourkounis/Netflix


Insistant sur l'humanité vibrante de ses personnages - même ses victimes qui, peut importe ce qu'elles sont, méritent d'être traitées comme des êtres humains -, totalement suspendu à la fureur dévastatrice (et dévastée) d'une Amy Ryan absolument remarquable, dont la colère n'a d'égal que le ressentiment qu'elle a d'elle-même (dans l'incapacité de faire face à l'instabilité bipolaire de sa fille, elle l'a confiée à une famille d'accueil à l'âge de 12 ans, et est donc totalement frappé par une culpabilité primitive et un déni de ce qu'était réellement Shannan); Lost Girls détourne les codes du thriller à " serial killer ", et suggère avec modestie que les victimes sont toujours plus grandes et importantes que les crimes et ceux qui les ont commis.
Une (très) belle surprise.


Jonathan Chevrier 

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