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[CRITIQUE] : Revenir


Réalisatrice : Jessica Palud
Acteurs : Niels Schneider, Adèle Exarchopoulos, Patrick d’Assumçao, Hélène Vincent, Roman Coustère Hachez,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français.
Durée : 1h17min

Synopsis :
C’est la ferme où Thomas est né. C’est sa famille. Son frère, qui ne reviendra plus, sa mère, qui est en train de l’imiter, et son père, avec qui rien n’a jamais été possible. Il retrouve tout ce que qu’il a fui il y a 12 ans. Mais aujourd’hui il y a Alex, son neveu de six ans, et Mona, sa mère incandescente.



Critique :


Jessica Palud signe son premier long-métrage avec Revenir, l’histoire d’un jeune homme qui retourne dans sa ferme natale, alors que sa mère est gravement malade. Pourtant la cinéaste est loin d’être une novice de tournage. Commençant comme assistante réalisateur/trice pour Bertolucci et Sofia Coppola notamment, c’est avec le réalisateur Philippe Lioret qu’elle se formera au métier, devenant un véritable mentor pour la cinéaste. Si son premier court-métrage, Les Yeux fermés avait divisé la critique en 2013, son second, Marlon en 2016 obtient un total de quarante prix à travers le monde. Une passerelle capitale pour réaliser Revenir, une adaptation du livre de Serge Joncour, L’amour sans le faire. Un film qui s’éloigne de l’oeuvre d’origine, avec un scénario signé par Jessica Palud elle-même, aidé de son mentor Lioret et de Diastème. 



Dans le livre de Joncour, le héros revenait dix ans après chez ses parents pour leur annoncer difficilement qu’il souffrait d’une maladie mortelle. Mais la réalisatrice a du prendre un autre chemin, après avoir visionner le film de Xavier Dolan Juste la fin du monde en 2016. Elle trouvait les deux récits trop proches et a décidé de s’éloigner de l’histoire originelle. Revenir s’intéresse donc à Thomas (Niels Schneider) qui retrouve la ferme où il a grandit douze ans après être parti pour Montréal ouvrir un restaurant. On comprend qu’il ne revient pas par plaisir, mais parce que sa mère malade l’a appelé pour le revoir avant de s’en aller. Ce retour ne se fait pas sans mal : il retrouve son père qui ne lui parle plus depuis son départ, un petit neveu Alex (l’incroyable Roman Coustère Hachez) et une belle-sœur (Adèle Exarchopoulos) qu’il ne connaît pas. Son petit frère Matthieu est mort il y a quelques années, sans qu’il soit venu à l’enterrement. En plus de découvrir les changements opérés dans la ferme à cause de problème d’argent, il doit gérer les émotion que ce retour lui procure, un mélange de mélancolie et de tristesse. Le jeune homme apprend à connaître Mona, sa belle-sœur barmaid faute d’autres emplois dans la région, la gestion désastreuse d’une ferme à l’abandon, ainsi que les non-dits de la famille, notamment autour de la mort mystérieuse de son frère. 


La réalisatrice enferme ses personnages dans un espace restreint, malgré le paysage rurale et les champs à perte de vu. Les cadres sont resserrés et la mise en scène les enferme, à part pour quelques séquences, où les personnages échappent au récit. Une escapade clandestine dans une piscine, un acte sexuel au petit matin dans la boue, comme des bouées qui permettent aux personnages de ne pas sombrer à la mélancolie, à la lourdeur de la météo et des événements qui les entourent. La cinéaste fait un constat de la ruralité assez dur : l’État les laisse tomber, les banques leur avalent tout espoir de s’en sortir et les agriculteurs se tournent vers les minuscules lueurs d’espoir qui leur restent, le Front National, qui leur donne l’impression de les écouter, de les comprendre, et de trouver des solutions adéquates. Une pensée politique qui divise et qui fait perdre au père de Thomas des amis de longue date. On comprend donc le désespoir, la colère sourde qui ronge cette famille et les laisse abasourdis, vulnérables. Alors que la lumière est presque aveuglante, d’une fin d’été, rien n’est agréable à l’image. Les acteurs sont moites, les intérieurs sont sales, en désordre, à l’image de leurs émotions et de la rudesse de leur quotidien. 


On regrette seulement le côté académique de Revenir, d’une trame classique qui rattrape bien vite le récit. Le format très court du film ne l’aide pas (à peine 1h20), ce qui donne très peu de temps à la cinéaste de conter ce mélange d’émotions contradictoires, la détresse palpable, le désir naissant, la nostalgie, la tristesse, le deuil. Le film se termine comme il a commencé, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, mais le spectateur reste sur sa faim. Qu’à voulu vraiment raconter Jessica Palud ? Revenir manque d’envergure, nous sentons la réalisatrice encore hésitante, le passage difficile à un format long étant perceptible. 


Jonathan Chevrier


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