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[CRITIQUE] : Les Enfants du temps


Réalisateur : Makoto Shinkai
Avec les voix de : Kotaro Daigo, Nana Mori, Shun Oguri, Tsubasa Honda,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Japonais
Durée : 1h54min


Synopsis :
Jeune lycéen, Hodaka fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle urbaine et trouve un poste dans une revue dédiée au paranormal. Un phénomène météorologique extrême touche alors le Japon, exposé à de constantes pluies. Hodaka est dépêché pour enquêter sur l'existence de prêtresses du temps. Peu convaincu par cette légende, il change soudainement d'avis lorsqu'il croise la jeune Hina...



Critique :

Makoto Shinkai avait frappé fort en 2016 avec son film Your Name. Fresque romantique, sur fond de fantastique, ce récit d’un amour qui traverse le temps et l’espace a bouleversé des milliers de personnes. C’était donc avec une certaine attente que nous avons assisté au Work in Progress du film Les Enfants du temps au dernier festival de Annecy. Nous avions peu à nous mettre sous la dent, le film étant encore en post-production. Une bande-annonce nous avait rassuré sur un point : l’animation se présentait déjà comme étant magnifique. L’histoire, par contre, avait des similitudes avec son précédent film. C’est le piège après un gros succès, où l’on attend encore plus de vous. Le réalisateur va-t-il réitérer son exploit ? Your Name était-il un coup de chance ?
Le fantastique joue encore une fois un rôle primordial, dès le début du film. Une jeune fille veille, à l’hôpital, sur un proche (nous apprenons plus tard qu’il s’agit de sa mère). La pluie frappe la fenêtre, tout est sombre, sauf un point lumineux au milieu de Tokyo. Attirée par la lumière, Hina va la rejoindre, est happée par l’eau, se retrouve dans les nuages. Un rêve ? Non, la réalité. Sans le savoir, Hina a reçu le don de faire venir le soleil. Mais tout pouvoir a un prix. 



Comme pour son précédent film, Makoto Shinkai habille la notion de fantastique et de magie dans son récit par des éléments ancrés dans la réalité. Cette réalité ne sert pas de prétexte, mais à rendre l'histoire plus solide. Même si Hina détient le pouvoir, elle n’est pas le personnage principal. Ce rôle revient à Hodaka. Le jeune homme de seize ans, fugue de chez ses parents, prend le ferry seul pour venir s’installer à Tokyo. Les deux adolescents vont bien sûr se rencontrer, entretenir une relation amoureuse et spirituelle solide. Lui doit se battre seul pour avancer, elle peut changer la météo par une prière. Ils sont le symbole de la nouvelle génération, cette jeunesse qui doit porter sur ses frêles épaules le poids du monde, où le pessimisme est de mise. Un message simple, qui laisse l’espace au réalisateur et à son équipe pour déployer une animation fourmillant de détail, à la goutte d’eau près. Cette mise en scène est propice à la poésie de la nature, que ce soit dans la tempête ou dans les parcs baignés de lumière. La reconstitution de Tokyo est superbement réalisée. Noyau dévoreur, la ville se dégrade petit à petit, matériellement, mais aussi moralement. Loin d’être une destination de rêve, la ville, qu’on peut considéré comme un vrai personnage du film, porte en elle le règne des adultes désabusés, prêts à payer le moindre rayon de soleil une fortune. 



Pourtant malgré son thème écologique, son animation, Les Enfants du temps paraît bien froid. La faute à un scénario ne s’autorisant des conflits qu’au dernier quart d’heure de film. Il perd ainsi un sens du rythme qui lui avait réussi dans Your Name. Le film ne sait jamais vraiment quoi faire : une enquête sur les filles-soleil ? La naissance de l’amour entre Hina et Hidaka ? L’avis de recherche sur le jeune homme ? Le réalisateur décide de tout montrer, quitte à ne jamais le faire bien. Les moments d’émotion sont donc tronqués et la fluidité est aux abonnés absents.
Nous en attendions peut-être beaucoup de Makoto Shinkai, et il faut reconnaître beaucoup de qualité aux Enfants du temps, notamment cette idée de souligner une émotion par l’apparition de la lumière. Mais l’impression que le réalisateur s’est reposé sur ses lauriers reste malgré tout. Un bien joli film, qui demandait un peu plus de rigueur pour fonctionner dans sa totalité.


Laura Enjolvy



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