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[CRITIQUE] : Les Particules

 

Réalisateur : Blaise Harrison
Acteurs : Thomas Daloz, Néa Lüders, Salvatore Ferro, ...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget :-
Genre : Drame, Fantastique.
Nationalité : Français, Suisse.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Pays de Gex, frontière franco-suisse. P.A. et sa bande vivent leur dernière année au lycée.
A 100 mètres sous leurs pieds, le LHC, l’accélérateur de particules le plus puissant du monde, provoque des collisions de protons pour recréer les conditions d’énergie du big bang, et détecter des particules inconnues à ce jour. Tandis que l’hiver s’installe et que P.A. voit le monde changer autour de lui, il commence à observer des phénomènes étranges, des modifications dans l’environnement, de façon imperceptible d’abord, puis c’est tout son monde qui semble basculer…



Critique :


Pierre-André le dit lui-même à une de ses camarades : il est du genre discret. Ça ne l’empêche pas d’avoir sa bande d’amis avec qui il fait de la musique, court dans la rue et se marre comme un idiot dans une petite voiture. Les Particules compose une retranscription plutôt réaliste d’un groupe d’adolescents, là où beaucoup de films peinent encore à trouver le ton juste. Loin des longs discours sur-écrits, leurs dialogues sont majoritairement composées de courtes phrases qui, sorties de leur contexte de private joke, n’ont plus vraiment de sens. Cette bonne dynamique confère d’abord au film un ton juste et introduit d’emblée sa volonté d’aborder les troubles liés à cet âge où l’individu peine à se positionner dans l’univers dont il prend conscience de l’extrême grandeur. C’est ce qu’évoque la toute première scène, dans laquelle un plan aérien aux allures d’images qu’une satellite ferait de la Terre, laisse place au gros plan sur la figure du personnage principal.


Variations autour de la perception individuelle du monde et de la peur de sa propre disparition, Les Particules utilisent l’anxiété provoquée par les possibilités infinies que propose la science. Les cours de mathématiques auxquels assistent les terminales S prennent vie sous la menace imaginaire d’un monde parallèle, les personnes se décomposent pour laisser place à aux particules, la matière et l’existence du héros deviennent des notions abstraites dans un esprit au fonctionnement atypique.
Mais, le problème du film survient lorsqu’après un certain temps à exposer toutes ses thématiques, il peine à toutes les mettre en parallèle. Le mystère entretenu devient un flou ambiant et les différents axes continuent un peu tous à flotter. On peut regretter que la maladie mentale ne soit pas plus creusé, même de manière indirecte, puisque cela aurait offert une matière incontestable au film qui très a bien conscience d’en aborder le sujet.


Dans ses références, Les Particules compte (un peu trop) Donnie Darko mais aussi l’art psychédélique et ses formes actuels. C’est un élément très bien utilisé et disséminé de parts et d’autres dans l’oeuvre, à travers une musique, des posters qui décorent une chambre d’ado, la tentation d’essayer une nouvelle drogue, un centre de recherche en pleine nature… Cette approche très moderne du mouvement qui a connu son heure de gloire dans les années 60 est très appréciable. Le film ose utiliser des images de synthèse qui semblent sorties d’une vidéo scientifique pour les mettre en face de paysages forestiers, formant une synthèse entre les mathématiques, la terre hivernale et de gros tuyaux industriels. On notera également que l’oeuvre a une identité formelle qui lui est propre, créant son fantastique à partir d’images aux allures naturalistes.


Empreint de puissants motifs et d’une volonté de traité des thématiques fortes, Les Particules prend la désagréable habitude de tout survoler tout en restant pertinent dans ses idées et approches. L’hiver gris de la frontière franco-suisse et ses chemins boueux dessinent le portrait d’une crainte anxieuse et adolescente de la disparition, de la sienne comme de son entourage, la peur et la fascination pour l’abstraction et l’ensemble des possibles.


Manon Franken

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