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[COOKIETIME A ANNECY] : Jour 3



Le soleil, chose rare que je n’ai pas vu depuis longtemps (bonjour la parisienne blasée), est venu ENFIN à Annecy pour cette troisième journée de festival. Il était temps de tronquer les parapluies et les k-way contre les t-shirts et lunettes de soleil (nous attendions que ça pour être honnête). Pour le côté personnel, j’ai pu voir le lac (le fameux, l’unique) avec de la lumière (ça vaut le coup d’oeil). Puis, quel délice de se promener dans les petites rues mignonnes, en t-shirt avec une envie soudaine de glace ? La journée commençait agréablement.




Mais parce que la loi de la nature fait qu’il existe un échange équivalent (fan de Fullmetal Alchemist, je ne peux pas le cacher), il a fallu que cette (magnifique) matinée soit gâchée par le premier événement auquel je me rendais pour ce troisième jour : la table ronde organisé par le CNC (Centre National de Cinéma et de l’image animée) en partenariat avec le magazine Causette. 


Le sujet : Quid des garçons ? Et oui, parce qu’il parait qu’il est temps de remettre la place de la femme dans l’animation (et sûrement le cinéma en général) en question, pour permettre aux hommes d’y prendre place. Comme une des membres de l’association Les Femmes s’Animent l’a dit, le titre était fait pour provoquer, mais était un point de départ sur une réflexion (qui pourrait être intéressant) sur les stéréotypes de genre et comment l’égalité peut aussi permettre une avancée concrète pour la masculinité et les hommes. Un beau programme non ? Et bien, nous n’avons pas eu le droit à cela. 

Après l'introduction de la présidente du CNC, Frédérique Bredin, qui nous a donné des chiffres concrets sur l’avancé de la parité en France, le débat a pris comme état de fait que l’égalité était déjà là. Pourtant, même si les chiffres sont encourageants, nous en sommes loin. La discussion a ensuite vite dévié dans le mauvais sens. Car partant du principe que les femmes sont partout, les invités à la table ronde nous ont fait comprendre qu’il ne faudrait pas aller dans le sens inverse (comprenez, le matriarcat). Heureusement, Eléa Gobbé-Mévellec était là pour nuancer le propos, en parlant notamment de la figure du prince “charmant” qu’il faudrait totalement repensé ou le fait que l’animation permet une distanciation où le créateur a plus de liberté et ose peut-être plus de briser les codes. Sinon le reste du débat est resté dans une zone de confort déprimante, où certains se contredisaient d’une phrase à l’autre. Le coup de grâce est venu quand la question de la diversité dans le sens le plus large a été abordé et qu’on nous a sorti qu’il y avait un danger d’être communautariste. 

Nous avons même eu un moment Grâce à Dieu (le film de François Ozon sorti cette année) quand il a été question de presque remercier Weinstein car c’était “grâce à lui” que nous étions là aujourd’hui. Les mots ont une importance et ceci est inacceptable. Sortir de cette table ronde sereine et optimiste pour le futur n’était pas au programme.




Ensuite, il fallait frapper fort pour oublier. Le work in progress de la prochaine série Culottées, tirée des BD de Pénélope Bagieu était une excellente idée. Culottées sera découpée en trente épisodes (un sur chaque femme) qui dureront tous trois minutes trente. Nous avons même eu le droit de visionner le pilote, centré sur Annette Kellerman (l’australienne pionnière de la natation, celle qui a inventé un maillot de bain plus confortable pour les femmes). L’idée était d’uniformiser le tout pour qu’une histoire (donc un épisode) ne prenne pas le pas sur une autre, que chaque femme soit égale. L’équipe (presque uniquement féminine) a donc trouvé un moyen scénaristique pour les épisodes, avec trois points importants : l’état de fait du personnage, ce qui ne va pas, à quoi elle aspire, au milieu le passage “empowerment” et la fin avec le personnage qui dit directement au spectateur son mantra. 

Ce système permet de suivre l'héroïne au plus près et d’avoir une dynamique intéressante, tout en étant le plus proche possible du style de Pénélope Bagieu. L’autrice a totalement fait confiance à l’équipe, elle n’est que consultante dans le projet. La productrice, Priscilla Bertin, a d’ailleurs fait part de son admiration pour l’autrice, qui a été capable de lâcher son bébé, contrairement à d’autres. Nous avons eu la chance d’avoir le cheminement de la création, que ce soit le scénario, le story-board, l’animation, comment les deux réalisatrices travaillent et se complètent. La série a l’air dans la même veine que les BD, à la fois fun et ludique, avec un visuel coloré et fort. C’est Cécile de France qui va prêter sa voix à la série, pour toutes les héroïnes et les voix off. Elle est prévue pour 2020, sur France TV et j’ai très hâte de voir le produit final.

Il était temps après ces émotions d’en avoir encore plus avec la séance événement de Looney Tunes Cartoons, où Peter Browngardt (producteur exécutif), Alex Kirwan (réalisateur) et Audrey Diehl (vice présidente séries chez Warner Bros.) nous ont présentés quelques nouveaux épisodes de Bugs Bunny, Titi, Gros Minet, Daffy Duck, etc … Le projet était de se coller au plus près des personnages à l’époque de leur création, tout en modernisant les histoires et l’humour. Il est vrai que l’humour est plus trash, plus d’actualité (Bugs qui parle de bodyshaming par exemple), mais en gardant les design épuré de l’époque. Malgré les traits simples des personnages, les animateurs ne se sont pas reposés sur leur laurier, car ils ont fait un boulot monstrueux sur les décors, qui ne sont jamais les mêmes un épisode à un autre. Les couleurs changent donc fréquemment, ainsi que l’atmosphère et l’étalonnage. Le résultat est impressionnant, drôle, nous retrouvons les Looney Tunes avec plaisir.



Puis, j’ai fini ma journée avec un film (il faut bien au bout d’un moment), Wonderland, le royaume sans pluie réalisé par Keiichi Hara. Le film sort dans nos salles le 24 juillet, le jour de l’anniversaire du réalisateur. Scénarisé par sa compagne, le film est une sorte de road-trip dans un monde parallèle au nôtre, où l'héroïne Akane est une élue venu sauver le prince. J’en dirai plus sur mon billet consacré uniquement au film, mais je n’ai vraiment pas été convaincu par ce long-métrage (ce serait même le contraire).

Ainsi s’achève cette troisième journée annécienne, sous le doux et chaleureux soleil.


A demain pour de nouvelles aventures.