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[CRITIQUE] : Le vent de la liberté


Réalisateur : Michael Bully Herbig
Avec : Friedrich Mücke, Karoline Schuch, David Kross, Alicia von Rittberg, Thomas Kretschmann,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Thriller, Historique
Nationalité : Allemand
Durée : 2h06min

Synopsis :
1979. En pleine guerre froide, deux familles ordinaires d’Allemagne de l’Est rêvent de passer à l’Ouest.
Leur plan : construire une montgolfière et survoler la frontière.
Une histoire incroyable. Une histoire vraie.



Critique :


Comme les biopics, qui présentent d'une manière édulcorée ou non la vie d'une personne célèbre et/ou qui a compté dans notre Histoire, les films tirés d'un fait réel sont de plus en plus nombreux et se voient généralement bombarder de prix (Green Book en est l'exemple le plus récent). Il est vrai que les anecdotes ou les récits des aventures des gens du peuple peuvent être aussi intéressantes et cinématographiquement exploitable pour en faire une histoire palpitante. Surtout pendant les grandes guerres, où certaines personnes se sont comportées en héros/ héroïnes. Ou pour dénoncer un aspect d'un pays, d'une institution (comme Boy Erased dernièrement qui montre les thérapies de conversion pour personne homosexuelle, pour les remettre sur “le droit chemin).



Sur le papier, Le vent de la liberté avait tout pour plaire. Pendant la guerre froide, en RDA (partie Est de l'Allemagne coupée en deux, sous l'affluence soviétique) où deux familles souhaitent passer la frontière de l'Ouest et ainsi offrir à leur progéniture une vie meilleure. S'enfuir oui, mais pas n'importe comment : dans une montgolfière. Une histoire insolite mais qui démontre bien la volonté de ces personnes à fuir un pays qui ne leur donne pas de liberté. Malgré ses promesses, Le vent de la liberté ne convainc guère, à cause notamment de son côté téléphoné.
Pourtant, on ne peut pas tout jeter évidemment. Son côté original tout d'abord, qui présente un autre aspect de la RDA, autre que la fameuse ville de Berlin, coupée littéralement par le rideau de fer. Le film se place dans un petit village, bien éloigné de la capitale, où il est encore plus difficile pour les habitants de passer la frontière. Mais aussi parce que le réalisateur n'hésite pas à mettre de la couleur ! Chose assez rare pour être souligné, car le spectateur apprécie les tons chaud et lumineux qui forment un contraste important avec les autres films du genre, tous plus gris les uns que les autres. Nous avons bien évidemment, le ballon de la montgolfière qui apporte les couleurs criardes du tissu cousu mains. Mais aussi les lumières intérieures délicieusement orange, les couleurs de l'automne qui se dévoilent sur les routes. Une autre manière de représenter la période de la guerre froide en Allemagne, qui n’est pas pour déplaire.



Malheureusement, ces points positifs ne suffisent pas à faire un bon film. Si Le vent de la liberté va devenir anecdotique dans les sorties cinéma de 2019, ce ne sera pas à cause des autres films qui lui feront de l'ombre, mais bien parce que le long métrage est pauvre. Le premier point à lui reprocher est son manque flagrant d'enjeu. Bien évidemment, si nous avons écouté nos leçons d'histoire au lycée, nous comprenons les motifs des personnages de vouloir fuir cette partie du pays. Sauf que le film n'explique jamais leur motif personnel, préférant nous plonger directement dans leur première tentative (avortées) de départ. Est-que qu'on peut l'expliquer par le fait que cette histoire a déjà été contée par Disney dans les années 80's dans un film intitulé La nuit de l'évasion ? Peu probable, car le film n'est pas connu du grand public. Il est capital pour un film, surtout un long-métrage comme Le vent de la liberté qui tient son scénario de la volonté du personnage, de nous présenter ses enjeux pour mieux l’apprécier et induire une émotion. Le film rate le coche. Surtout quand le réalisateur oublie une chose essentielle : montrer visuellement l'horreur de leur situation. Le reconstitution de l'Allemagne de l'Est n'apporte aucune réponse. On peut comprendre le fait de ne pas vouloir diaboliser le pays, mais le spectateur a du mal à croire au mal être des protagonistes. Pourquoi veulent-ils partir ? La réponse n'est jamais clair.



Et ce n'est pas la mise en scène et le montage qui vont venir arranger Le vent de la liberté, déjà méchamment bancal. Michael Bully Herbig, le réalisateur, s'autorise tous les moyens pour faire un récit sensationnel. Musique non-stop, sur-cutage, effet dramatique… La subtilité ne fait pas partie de son vocabulaire. Et surtout, il ne connaît pas la demi-mesure. On se retrouve donc parfois avec des séquences censées être dramatique à la limite de la parodie YouTube du thriller, le second degré en moins. Mention spéciale au colonel en charge de l'enquête, qui porte en lui tous les clichés du “méchant pas beau”sans profondeur.
Le vent de la liberté se révèle décevant et surtout à la limite du supportable, au fil des secondes qui passent (et des secondes, il y en a, beaucoup trop…). Thriller aux airs de téléfilms, mou et sans tension, le film ne tient pas ses promesses.


Laura Enjolvy