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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #9. Raiders of The Lost Ark

Copyright Paramount Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#9. Les Aventuriers de l'Arche Perdue (1981)

L’histoire est connue. 1977. George Lucas quelque peu lessivé par le tournage du premier Star Wars part à Hawaï, il est rejoint par son ami Steven Spielberg qui vient tout juste d’achever son Rencontre du troisième type. Ce dernier, narre à son ami une anecdote, grand fan de la saga James Bond il avait contacté le producteur Albert R. Broccoli afin de mettre en scène une aventure de l’espion anglais ; mais fut débouté au prétexte que comme l’acteur l’incarnant, le réalisateur se devait d’être britannique. George Lucas saute sur l’occasion pour proposer à Spielberg une idée encore meilleure : un film d’action mené par un archéologue/aventurier qui répond au nom d’Indiana Smith. Le cinéaste est emballé par le concept de son ami à une exception près, le nom Smith, qu’à cela ne tienne Lucas le renommera Jones. Ainsi naissent les aventures d’Indiana Jones.
Les Aventuriers de l’Arche Perdue est avant tout un désir commun de la part de Lucas et Spielberg de renouer avec un cinéma plus « brut ». Il faut dire qu’entre la colossale entreprise que représente Star Wars et le besoin technologique de Rencontres du troisième type, les réalisateurs ont envie d’une pause qui prend la forme d’une madeleine de Proust. Au travers de cet aventurier intrépide — mais ayant une peur bleue des serpents — c’est toutes leurs jeunesses passé devant des feuilletons types Flash Gordon qui reprend vie.

Copyright Paramount Pictures

Le but du film est simple, basique, divertir le public dans la pure tradition des séries B. Mais n’allait surtout pas dire à Lucas/Spielberg que cela signifie de faire une production abrutissant les masses et enchaînant les situations les plus farfelues. Non, non, le duo aime passionnément ce genre souvent méprisé alors quand ils se lancent dans l’aventure ils le font avec un dévouement total ; et parviennent à faire un hybride sacrément couillu entre les aventures de l’Oncle Picsou et le premier choc filmique de Spielberg, Lawrence d’Arabie.
Dans cette course effrénée pour mettre la main sur un mystérieux artefact, le réalisateur épure son style. Cette économie visuelle permet à Spielberg de renouer avec le plus pur langage cinématographique : l’image. Indiana Jones est un film d’image à la puissance telle qu’il existe même sans le moindre son. Chaque scène est un enchantement, car — et ce n’est pas chose facile — on parvient à ressentir le plaisir régressif que prend Spielberg derrière sa caméra. Au génie de la mise en scène se succède le montage de Michael Kahn épaulé par un George Lucas qui est un condensé d’efficacité afin de rendre le film d’une grande fluidité.
À cela s’ajoute un scénario minutieux parvenant à imposer son personnage en une scène d’introduction. Car au-delà de l’aspect purement technique, la force du long-métrage c’est Indiana Jones. Le génial Harrison Ford campe un héros aussi charismatique que friable. Indiana n’est pas sans peur ni sans reproche, il est souvent dépassé par la situation et fini plus d’une fois amoché. Chacun de nous peut alors se retrouver en Indiana et dès lors Spielberg accède à nos émotions et peut nous faire rêver. 

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Nous trimballant aux quatre coins du monde, Les Aventuriers de l’Arche Perdue est un spectacle total. Un pur moment d’évasion, de rire, de frisson aidé par la partition monstrueusement impactante de John Williams. Une illustration de ce que le cinéma de divertissement a de meilleur, parce qu’il est fait avec passion, parce qu’il n’infantilise jamais son audience, le film impacte et donne une seule envie, presser le bouton replay.
Cette folle aventure ne s’arrêtera pas ici, puisque George Lucas avait convaincu son ami de signer une trilogie — bon Lucas avait un peu menti en disant avoir écrit les trois films alors que pas du tout. Il faudra attendre 1984 et Le Temple Maudit pour revoir Harrison Ford dans la peau de l’intrépide archéologue, mais ça nous y reviendrons bientôt...


Thibaut Ciavarella