[CRITIQUE] : Undercover - Une Histoire Vraie
Réalisateur : Yann Demange
Acteurs : Matthew McConaughey, Richie Merritt, Bel Powley,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
À Détroit, dans les années 80, au plus fort de la guerre contre l’épidémie de crack, voici l’histoire vraie d’un père d’origine modeste, Richard Wershe, et de son fils, Rick Jr., un adolescent qui fut informateur pour le compte du FBI, avant de devenir lui-même trafiquant de drogue, et qui, abandonné par ceux qui l’avaient utilisé, fut condamné à finir ses jours en prison.
Critique :
Poisseux et douloureusement ironique, #Undercover - Une Histoire Vraie, singulier comme son cinéaste, à la fois vrai drame policier tendu et chronique adolescente en milieu urbain hostile croquée chronologiquement, est une vraie surprise musclée, humaine et réellement fascinante pic.twitter.com/liA7u8DGvq— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 2 janvier 2019
Il y a définitivement eu un avant et un après oscar pour ce bon vieux Matthew McConaughey, dont le passage à vide avant la renaissance inespérée, est clairement un cas d'école.
Même s'il ne se la joue pas toujours finaud dans ses choix à la différence de ses camarades de jeu Leonardo DiCaprio ou Christian Bale (Nos Souvenirs, La Tour Sombre), gageons que le bonhomme a tout de même retenu un minimum les leçons de ses erreurs, et arrive à régulièrement s'attacher à des projets alléchants.
En attendant de le découvrir chez Steven Knight (l'intriguant Serenity), Harmonie Korine (The Beach Bum) et Guy Ritchie (le prometteur Toff Guys), le Matt ne perd pas de temps pour marquer 2019 en débarquant dès le premier mercredi de sortie avec Undercover - Une Histoire Vraie de Yann Demange, péloche inspirée d'une incroyable histoire vraie qui n'a étrangement pas fait son trou dans la course aux statuettes dorées.
En s'attachant aux basques, dans un Détroit des 80's déjà gangrené par la criminalité et la pauvreté - mais aussi et surtout le crack -, de Richard Wershe et de son fils Rick Jr., un ado qui, après avoir joué les informateurs pour le compte du FBI, deviendra lui-même trafiquant de drogue avant de finir ses jours en prison, Undercover tricote un polar noir aux ruptures de ton aussi abrupte que séduisante, tant il embrasse de manière totalement singulière, les moments comiques entre deux envolées dramatiques souvent poignantes.
Léger autant qu'il est musclé, glauque - dans le bon sens - autant qu'il est authentique, le film de Demange tente de capter avec puissance la vérité de la rue, le quotidien loin d'être pimpant comme
chez Scorsese, de truands sympathiques sans avenir, catapulté du mauvais côté de la loi autant par la dureté de leur cadre que par un passé tortueux; des abandonnés de l'American Dream comme le pays de l'oncle Sam en compte des milliers, au sein d'une ville agonisante et elle-même sans espoir.
Avec son jeune héros blanc (Richie Meritt, excellent) de quatorze ans, gosse d'une famille débrouillarde dans le quartier le plus pauvre du coin auquel aucun happy-end n'est promis (même s'il y croit tout du long, comme le spectateur), et dont la relation perverse avec son " ambitieux " de père (Matthew McConaughey, parfait) est le véritable moteur du récit, le film, sans jamais vraiment forcer le trait, s'impose comme un témoin bouillant des travers de la société américaine - ici sous Reagan - encore cruellement d'actualité (inégalités sociales, les commerces de la drogue et des armes,...).
Poisseux, tendu et douloureusement ironique, Undercover - Une Histoire Vraie, singulier comme son cinéaste, à la fois vrai drame policier et chronique adolescente en milieu urbain hostile croqué chronologiquement (ce qui est autant sa qualité que son défaut) et à la reconstitution attentive d'un monde en pleine décomposition, est une vraie surprise, certes pas dénué de quelques longueurs, mais réellement fascinante et joliment humaine.
On lui préférera cependant le plus radical Animal Kingdom de David Michôd, avec qui il partage bon nombre de points communs.
Jonathan Chevrier