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[CRITIQUE] : Holy Lands


Réalisateur : Amanda Sthers
Acteurs : James Caan, Tom Hollander, Jonathan Rhys-Meyers, Rosanna Arquette, Efrat Dor, ...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français, Belge
Durée : 1h40min

Synopsis :
Harry, juif apostat et cardiologue à la retraite, originaire de New York, décide soudainement d’aller s’établir comme éleveur de porcs à Nazareth, en Israël. Une décision mal vécue par les locaux comme par sa propre famille. Restée à New York, après s’être découvert un cancer, son ex-femme Monica tente de gérer la vie de leurs grands enfants Annabelle et David, et revisite son histoire d’amour avec Harry. Contre toute attente, c'est auprès du Rabbin Moshe Cattan, qu’Harry va accepter d'affronter la vie et son issue.



Critique :


Il n’est plus rare de voir un auteur ou une autrice adapter son propre roman en scénario, comme Gillian Flynn pour Gone Girl ou Ian McEwan pour Sur la plage de Chesil sorti en 2018. Par contre il est assez rare de voir un auteur ou une autrice adapter son roman en scénario et de le réaliser également. C’est la mission que s’est donnée l’autrice/scénariste/réalisatrice Amanda Sthers avec Holy Lands tiré de son roman Les Terres Saintes. Publié en 2010, plusieurs producteurs avaient essayé de lui acheter les droits sans succès, avec comme prétexte que le livre n’était pas fait pour le cinéma. Pourtant Amanda Sthers a écrit un premier scénario en français, avant de le réécrire en anglais. Après une recherche sans succès du réalisateur idéal, elle se décide de le mettre en scène elle-même (comme l’adage le dit si bien, nous sommes jamais mieux servi que par nous-mêmes). Une tâche de taille : adapter son propre roman, épistolaire qui plus est.
Holy Lands aborde plusieurs thèmes complexes, tels que la famille, la transmission parent/enfant, la religion, la maladie, la mort et toutes les émotions qui s’y attachent. L’amitié aussi, importante car elle est au centre de l’histoire du film. La politique enfin, par petites touches, tant le conflit israélo-palestinien est une affaire sensible. 

© Samantha Hellmann

Harry Rosenmerk (James Caan), éminent cardiologue new-yorkais, surprend toute sa famille quand il décide de partir élever des cochons à Nazareth en Israël pour sa retraite. Il laisse derrière lui son ex-femme Monica (Rosanna Arquette, qui se fait bien rare ces derniers temps) et ses deux enfants Annabelle et David (respectivement Efrat Dor et Jonathan Rhys-Meyers). Mais élever des cochons dans un pays à majorité musulman n'est pas la tâche la plus aisée. Harry doit affronter le rabbin Moshe (le merveilleux Tom Hollander, vu récemment dans Bohemian Rhapsody) ainsi qu'un prêtre catholique qui prétend que la terre où se trouve la ferme de Harry appartient à Jésus. Sa retraite n'est vraiment pas de tout repos. Mais il va se lier d'amitié avec Moshe. Une amitié basée sur le respect que se porte les deux hommes mutuellement. Malgré leur différence d'opinion sur la religion, sur la politique, etc… Pendant ce temps à New-York, la famille de Harry ne s'en sort pas bien. Monica apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein et qu'elle va mourir. David subit le silence radio de son père depuis son coming out homosexuel et vide toute sa frustration dans une pièce de théâtre et Annabelle est dépressive.

© Samantha Hellmann
Le défaut du film vient dans son mélange entre le drame familial à New-York et le ton plus cocasse et universel en Israël. Les changements de lieux desservent donc le film. Il est vrai que James Caan, avec ses petites punchlines et la friction avec le rabbin sont hilarantes. L'émotion est sous-jacente et explose quand les deux hommes commencent à se respecter. Cependant, la partie New-York est clairement en dessous. Tout paraît plus tape à l'œil, superficiel. Le personnage de David est sans nuance, Rosanna Arquette en fait beaucoup trop en femme malade d'un cancer (et sa relation avec son médecin, joué par Patrick Bruel ne sert pas à l'intrigue). Efrat Dor, l'actrice israélienne qui joue Annabelle s'en sort mieux que ses collègues. On regrette le drame qui se veut tire-larme et théâtrale. Pourtant, l'autre partie arrive à nous convaincre et la force de Holy Lands s'y trouve. L'émotion se cache sous les traits fatigués de Harry, retrouvant une certaine foi au contact du rabbin Moshe, et son identité. 

© Samantha Hellmann
C'est cette émotion, cette simplicité qui reste cependant. Holy Lands malgré ses défauts nous propose de passer un bon moment, il serait dommage de le refuser.


Laura Enjolvy