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[CRITIQUE] : Le Bon Apôtre (Apostle)


Réalisateur : Gareth Evans
Acteurs : Dan Stevens, Michael Sheen, Lucy Boynton,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Epouvante-Horreur,
Nationalité : Américain
Durée : 2h09min.

Synopsis :
Un homme se rend sur une île lointaine à la recherche de sa soeur, kidnappée par une dangereuse secte.



Critique :

Pour ses deux derniers passages derrière la caméra, le ricain Gareth Evans, exilé sur le continent asiatique, s'est offert le luxe de révolutionner rien de moins que le genre balisé du cinéma d'action avec deux put**** de bombes : The Raid et (surtout) The Raid 2 : Berandal, dont la maestria hante encore la psyché des cinéphiles que nous sommes, n'hésitant pas une seule seconde à en faire les plus grisants actionners des années 2010 (avec la future trilogie John Wick).
Et alors que l'on désespère tous de voir le cinéaste donner une conclusion - de moins en moins probable - aux aventures douloureuses et rocambolesques de Rama (formidable Uko Uwais), c'est par la case toute aussi risquée du cinéma de genre - et chez Netflix - qu'il décide de poursuivre son ascension atypique.


Péloche horrifique et gothique d'époque, nymbée d'une ambiance aussi anxiogène que mystérieuse rappellant les belles heures de la Hammer et des bandes d'épouvante made in 50's/60's, Apostle - Le Bon Apôtre en V.O. - opère, dès son pitch, une révérence marquée au cultissime The Wicker Man de Robin Hardy (plutôt joliment remaké par Neil LaBute avec Nicolas Cage en vedette), avec son histoire d'enquête pesante d'un homme torturé (et toxicomane), Thomas, appelé à se rendre incognito sur une île reculée pour y sauver sa soeur, retenue par des ravisseurs locaux qui vont s'avérer être des disciples aveugles d'un culte religieux dominé par un prophète fou, Malcolm.
Un artifice maladroit de prime abord (le film d'Hardy a souvent été pillé, et rarement en bien) mais in fine férocement intelligent dès le premier tiers passé tant, tout comme le formidable Annihilation d'Alex Garland - déjà chez Netflix -, le film déjoue constamment les attentes du spectateur pour l'amener sur des territoires inédits, bouscule considérablement sa propre réalité pour mieux entrer dans une sorte de trip hallucinatoire et chaotique, une lente symphonie viscérale sur la folie du culte religieux, bousculée par une violence brutale et (très) gore.
Métaphysique, bouillant et définitivement fascinant, musclé (quelques empoignades logique vu le background cinéaste) tout autant qu'il respecte au pied de la lettre le genre (n'hésitant pas à accumuler les envolées barbares, quitte à fleurter avec le grotesque), le cinquième long-métrage d'Evans, qui n'a pas remisé au placard son style maniaco-virtuose et volontairement instable (un bon point qui accentue l'impact de chaque choc physique capté par la caméra), invoque plus encore pour son dyptique The Raid, un abandon total de son auditoire face à une fable sauvage et tendue à l'extrême, qui est appelé à diviser.


Pas exempt de quelques défaut, référencé (on pense au récent Silence de Martin Scorsese pour son étude passionnante du mythe religieux) et sublimé autant par un Michael Sheen charismatique en diable (incroyable, à tel point qu'il donne constamment l'impression de pouvoir offrir une partition encore plus extrême) et un Dan Stevens convaincant en héros malade confronté au mal absolu (sans oublier la prestation bestiale de Mark Lewis Jones); Apostle est un sommet d'horreur gothique et folklorique, un formidable thriller gore et glacial riche en mythologie qui démontre avec force que oui, Gareth Evans est bien l'un des cinéastes les plus talentueux et plaisant à suivre du moment.


Jonathan Chevrier

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