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[CRITIQUE] : Section 99 - Quartier de Haute Sécurité



Réalisateur : Craig S. Zahler
Acteurs : Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Don Johnson, Marc Blucas, Udo Kier,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : Américain.
Durée : 2h12min

Synopsis :

Lorsque Bradley, un ancien boxeur, perd son emploi de mécanicien, son mariage s’effondre en même temps. Il décide alors de devenir l’homme de main d’un trafiquant de drogue afin d’assurer une vie confortable à sa femme Lauren. Alors que sa situation commence à s'améliorer, une fusillade éclate à la suite d’un deal qui a mal tourné et Bradley est envoyé en prison où il est contraint de commettre des actes de violence de plus en plus féroces pour protéger ceux qu'il aime et survivre à la terrible « Section 99 ».



Critique :



Sorti un brin de nulle part, Craig S. Zahler alourdissait l'ambiance de la plus belle des manières en 2015 avec un essai foudroyant, Bone Tomahawk, western crépusculaire et Fordien façon survival horrifique à forte tendance cannibale et bis rital, dominé de la tête et des épaules par un Kurt Russell impérial.
Parti bardé de prix de Gérardmer, le film n'avait pourtant pas eu les honneurs d'une sortie en salles, tout comme son nouveau long deux piges plus tard, Brawl in Cell Block 99, cantonné à une sortie dans les bacs en catimini près d'une pige après sa sortie outre-Atlantique : bonjour le gros shame (nos distributeurs hexagonaux ont l'habitude).


Il faudra donc se cantonner à une séance maison donc, et qu'elle séance tant la péloche, pur thriller carcéral aussi jouissivement sanglant qu'il est d'une brutalité viscérale, est de ces petites séries B qui marquent la rétine et nous rappelle aux bonnes heures d'un cinéma bourrin béni, que l'on n'aura décemment jamais fini de chérir.
Sommet de tension et de nervosité totalement habité par la carcasse imposante et empathique d'un Vince Vaughn littéralement ressuscité après deux décennies de comédies potaches ayant méchamment salopés son capital sympathie (et son immense talent, pourtant perceptible dès ses débuts prometteurs), Section 99 - titre en VF -, prend par les burnes le genre ultra-codifié du film de prison en suivant les traces d'un ancien boxeur/mécanicien au mariage brinquebalant (mais qu'il se fera un point d'honneur à redresser, coûte que coûte), obliger par la force des choses à devenir coursier pour un trafiquant de drogue avant qu'un plan foireux ne le catapulte derrière les barreaux, et ne lui fasse vivre une véritable odyssée infernale à l'issue tragique courue d'avance.



Volontairement classique dans sa structure (comme tout B movie qui se respecte) et sans concessions autant dans sa violence, physique et gore - malgré quelques envolées brutales parfois cartoonesque -, que dans sa vision réaliste et anxiogène à la fois, du pays de l'Oncle Sam; le troisième long-métrage de Zahler, petite bombe à retardement aux dialogues ciselés et aux interprétations aux couteaux (Jennifer Carpenter est attachante, les légendes Udo Kier et Don Johnson cabotinent joyeusement), va constamment à l'essentiel, sublimant la figure charismatique d'un ange de la destruction froid et sauvage, combattant le mal par un mal encore plus frontal et implacable.
Pure séance malaisante et crue qui assume tout du long son parti pris musclé et singulier infiniment défendable, Section 99 prouve sans forcer que le sale gosse génial Craig S. Zahler est l'un des cinéastes les plus talentueux et plaisant à suivre, et qu'il faudrait sincèrement, à l'instar de Craig Zobel, qu'on se donne les moyens de sortir ses péloches en salles dans l'hexagone...


Jonathan Chevrier