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[FUCKING SERIES] : Sharp Objects : Objet semi-tranchant


(Critique - avec spoilers - de la série)



Adaptation d’un roman de Gillian Flynn - Gone Girl c’était déjà elle -, Sharp Objects se déploie comme une œuvre noire, aussi troublante que dérangeante qui envoûte grâce à une mise en scène étouffante signée Jean-Marc Vallée. Pourtant, au fil des episodes notre fascination s’effrite, car si le récit qui se conjugue au féminin, il s’avère bien trop rigoureux dans son intention de respecter les codes de son genre.




Camille Preaker est une journaliste hantée par un lourd passé. Les récents meurtres dans sa ville natale l’obligent à revenir dans ce monde ou l’apparence règne tout autant que de sombres secrets. Ce retour dans le cocon familial réveille des douleurs qu’elle va devoir affronter. Ce résumé lapidaire on l’a déjà entendu mille fois quand il est question de thriller, en soit rien de dérangeant, l’important n’est jamais le point de départ, mais le traitement qui en découle. Le problème c’est que Sharp Objects peine à réellement s’extirper de tout cela et ne surprend que rarement.

La vraie variante de la série est d’articuler son récit autour de personnages féminins. À tel point que les hommes sont souvent des incapables, ou des suspects dans les meurtres qui secouent la ville (exception faite de Richard Willis). Ce léger décalage par rapport aux codes du genre apporte la seule puissance de cette minisérie, on découvre des portraits nuancés de femme multipliant les oxymores. Elles sont aussi fragiles que manipulatrices, violente et victime, faibles et fortes, elles sont avant toute humaine et portent les stigmatiques d’une société les sous-estimant. Sharp Objects interroge également nos rapports à la famille. Clairement présenté comme un terrier toxique où s’animent des relations de domination laissant chaque membre dans un état presque végétatif laissant ce poison lentement s’infiltrer en eux.

 
Bien sûr, visuellement Jean-Marc Vallée nous enivre, il happe dés le premier épisode par l’ambiance qu’il donne a l’ensemble. Doté d’une photographie poisseuse, le réalisateur reprend quelques éléments de Big Little Lies avant l’utilisation de flash du passé venant assaillir le personnage de Camille. Son art de la mise en scène lui permet d’offrir à Amy Adams un véritable écrin ou elle a toute la place nécessaire pour nous éblouir de son talent. Un commentaire que l’on peut largement étendre a l’entièreté du casting, de Patricia Clarkson, glaçante en mère psychotique, à Eliza Scanlen dont l’ambiguïté ne cesse de s’accentuer au fur et à mesure.
Mais derrière ce propos fort et ce visuel léché, se cache un récit trop balisé qui ne s’enflamme jamais réellement et souffre avant tout de son format. Étirées sur 8 épisodes, les intrigues peinent à réellement maintenir l’équilibre. L’enquête sur le meurtre des jeunes filles qui occupent les premiers épisodes devient secondaire quand les scénaristes explorent la relation toxique entre Camille et sa mère Adora pour finalement revenir sur le devant dans sa dernière ligne droite. Il découle de cela une chose assez simple, on n’est pas réellement intéressé par la question : qui a commis ses meurtres ? D’ailleurs le dénouement nous donne raison, nous n’aurons aucune réelle explication juste de l’interprétation purement personnelle.


Ainsi, la minisérie d’HBO souffre de sa volonté d’être une œuvre lancinante qui peine a durablement capter notre attention on fini par donc logiquement par s’ennuyer lui donnant un bel oxymore. Sharp Objects est aussi intéressante qu’elle est ennuyante.



Thibaut Ciavarella 


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