[CRITIQUE] : Alpha
Réalisateur : Albert Hughes
Acteurs : Kodi Smith-McPhee, Jóhannes Haukur Jóhannesson, Marcin Kowalczyk,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
En Europe, il y a 20 000 ans, durant l'ère Paléolithique supérieur, un jeune homme part braver une nature dangereuse et inhospitalière afin de retrouver le chemin de sa tribu.
Critique :
Loin du tacheron redouté, la faute à une campagne promo timide (pour être poli), #Alpha est un solide diervrtissement certes limité mais à la beauté saisissante, qui aurait même pu prétendre avec un poil plus d'ambition scénaristique, à être une épopée préhistorico-épique majeure pic.twitter.com/0LkTpihGpU— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 22 août 2018
Autant l'avouer tout de suite, si l'on reste férocement attaché au cinéma follement mésestimé des frangins Albert et Allen Hughes, que ce soit les pélopches tournées ensemble (Menace 2 Society, From Hell, Le Livre d'Eli) ou séparemment (Broken City signé Allen), il était difficilement probable que l'on puisse défendre un blockbusters aussi boursouflé par les fausses bonnes idées que le mal nommé Alpha, produit de major embarassant (Sony a très longtemps montré ne pas savoir quoi faire avec), entre le délire préhistorique à la 10 000 B.C de Roland Emmerich - une purge - et la facture visuelle puant le fond vert à outrance façon 300 (en évidemment moins bien); au pitch aussi limité que sa campagne promotionnelle fut inspirée.
Bien mal nous en aura pris pourtant, puisque que le film du Albert est une belle surprise, un solide survival préhistorique à l'opposé du blockbuster foireux d'Emmerich (avec une humanité plus évoluée et moins ridicule que chez le roi du kaboom allemand).
Porté par la vulnérabilité et la détermination attachante du jeune Kodi Smit-McPhee (convaincant malgré un net déficit de charisme), le film, qui se pose comme une épique fable initiatique d'un ado voulant retrouver sa tribu autant qu'une amitié touchante entre l'homme et l'animal - le lien entre Keda et Chuck est palpable et crédible -, visant à narrer les fondements de la domestication du loup (appélé à devenir le chien, le meilleur ami de l'homme), se permet quelques étonnantes envolées brutales et violentes (les amis des animaux vont voir leur sensibilité mise à l'épreuve) tout autant qu'il se complet tout du long de la simplicité évidente de son intrigue - et ce n'est pas un si gros défaut ici -, qui aurait mérité bien plus de temps pour développer toute son ampleur (le film semble maladroitement amputé à tous les niveaux de son écriture).
Vraie/fausse grosse production familiale et intime, presque aussi riche en dialogues qu'en scènes d'action, visuellement magnifique (la maîtrise de la 3D d'Albert Hughes alliée à la photographie léchée de Martin Gschlacht, font un malheur) même si au final pas toujours cohérent dans son approche (notamment dans la caractérisation du personnage de Keda, à la " symbiose avec la nature " limite incohérente), ni très juste dans son émotion (un peu chiche); Alpha, loin du tâcheron redouté, aurait même pu prétendre avec un poil plus d'ambition scénaristique, à être une épopée préhistorico-intemporrelle épique et majeure dans son refus de coller aux canons Hollywoodiens (dialectes étranger/inventé non sous-titré en prime).
Il n'en reste pas moins un solide blockbuster à la beauté parfois saisissante, qui mérite décemment le coup d'oeil...
Jonathan Chevrier
Albert Hughes n’a pas l’habitude de faire un film en solo. Avec Allen Hughes, son frère jumeau, ils sont allés dans le XIXème siècle avec Jack l’Eventreur pour From Hell en 2001 ou dans un futur apocalyptique avec Le livre d’Eli en 2010. Le réalisateur a attendu huit ans pour revenir sur grand écran, seul, pour proposer un film d’aventure et de survie.
Alpha se présente comme un chemin initiatique pour devenir un homme. Il y a 20 000 ans, une tribu survit chaque année grâce aux chasseurs qui quittent le confort de la tribu pour partir en recherche de viande, qui servira à tenir l’hiver. Une sorte de concours est organisé parmi les jeunes hommes pour décider lesquels d’entre eux partiront avec les adultes. Le fils du chef, Keda, est sélectionné. Mais nous voyons bien vite que le jeune homme n’a rien d’un féroce chasseur. Sa mère le dit elle-même, Keda est bon avec son coeur, pas avec sa lance. Evidemment, le voyage ne se passe pas comme prévu. La tribu se voit dans l’obligation de laisser Keda, blessé en pleine nature. Il va devoir apprendre à survivre dans des conditions difficiles, qui va lui permettre d’avoir de la force, d’être plus féroce et de domestiquer un loup blessé lui aussi.
Le scénario, assez simple, démarre malheureusement mal à cause d’un flash-forward très dispensable, quoique magnifique, servant à nous donner d’avance la résolution de l’aventure de la tribu. L’histoire reste beaucoup trop sur la prémisse de l’histoire, insistant sur les défauts du fils du chef (pas endurci, qui n’ose pas tuer un animal). Les paysages sont magnifiques, mais il ne se passe pas grand chose, le spectateur n’a pas grand chose à se mettre sous la dent pendant le voyage. Le film commence enfin après une bonne quarantaine de minute, avec la rencontre du loup. Le côté survival voulu de Alpha est contré par le visuel du film. A force de vouloir montrer la beauté de la nature sans civilisation, le spectateur a du mal à se rendre compte du danger de cette nature sauvage. Il manque un vrai enjeu de mise en scène, cette beauté étant une coquille enveloppant du vide. L’amitié entre le chien-loup (le fameux Alpha) et Keda n’est pas mise en avant alors que le procédé de domestication pouvait être fascinant.
Alpha est magnifique avec des paysages filmés d’une main de maître, mettant en valeurs les lignes, les montagnes, les cieux. Malheureusement, l’émotion n’est pas au rendez-vous et le film devient prévisible à cause d’un manque d’enjeu. Il manque d’un mouvement épique, de danger. Un joli film, mais nullement indispensable.
Laura Enjolvy