[FUCKING SERIES] : Luke Cage saison 2 : Power Man is back !
(Critique - avec spoilers - de la saison 2).
Passé une première réunion commune - The Defenders - franchement pas bandante pour un sou, ou aucun héros de la bande n'a vraiment pu tirer son épingle du jeu au cours d'une intrigue partagée maladroite et d'un ennui poli (sans compter qu'elle prenait vraiment, vraiment son temps pour démarrer), et une seconde salve d'épisodes plutôt réussie autour de la merveilleuse Jessica Jones (même si la première saison reste un gros cran au-dessus), le MCU sauce Netflix entâme pleinement sa phase 2 avec le retour en grande pompe du Power Man number one de New-York, Luke Cage, pour une seconde saison que l'on espérait un poil moins mitigée que la précédente.
Suite directe des évènements du shared universe, toujours politiquement aussi engagée et plaçant une nouvelle fois les thèmes de la famille et de l'affirmation de soi au coeur des débats (et non, le baraqué bonhomme n'en a toujours pas fini avec son passé, et ce n'est pas le seul dans ce cas), les nouveaux épisodes de Luke Cage ne perdent pas de temps pour rentrer dans le vif du sujet et démontrer de manière flagrante aussi bien les grandes lignes fortes de ce retour, que ces infinies faiblesses, en plaçant Harlem - point fort - au coeur d'une guerre des gangs entre le Harlem's Paradise (géré désormais par Mariah Strokes/Dillard depuis qu'elle a zigouillée son cousin), et les Stylers, un gang de jamaïcains mené par le charismatique Bushmaster (vilain majeur de la saison, qui a d'ailleurs plus d'un point commun avec Cage malgré une caractérisation opérée à la truelle); le tout - point faible - arbitré par un big Luke de plus en plus " Batman-esque ", qui assume pleinement son statut de symbole/vigilante pour sa communauté, au point de dangereusement glisser du côté obscur de la justice, malgré l'aide de sa BFF Misty Knight - l'alchimie Mike Colter et Simone Missick est encore plus éclatante cette saison.
Pur western urbain façon polar radical, groovy et référencé (Blaxploitation, The Wire ou encore le cinéma de Quentin Tarantino, jusque dans ses longues et jouissives tirades), moins Shakespearien mais toujours totalement conscient de son héritage culturel et développant à merveille sa propre musicalité (autant du point de vue du style que de sa bande originale, encore au poil), cette seconde salve d'épisodes, au demeurant divertissante, souffre néanmoins encore et toujours des mêmes tares que son illustre ainée : une écriture souvent pataude qui étire en longueur des thèmes et intrigues convenues (sans oublier une pluie de nouveaux personnages jetés à l'écran sans être un minimum esquissé), un rythme décousu, un aspect bavard - voir sur écrit - et une action parfois un poil trop mécanique.
Dommage car, à l'instar de Mahershala Ali dans la saison une, Mustafa Shakir crève l'écran en némésis charismatique en diable (tout autant que Colter, mais avec un temps de présence nettement moindre), et vole la vedette à tout le monde, Alfre Woodard en tête (entre cabotinage forcé et vrai jeu nuancé); tandis que le showrunner Chao Hodair Coker interroge subtilement son auditoire sur ses sujets d'actualités encore bouillants (Black Lives Matter, le racisme et la violence policière, sans oublier la corruption politique).
Baraqué mais encore fragile et passif dans le ton - et même le contenu -, déclinant avec intelligence ses bonnes bases sans forcément consolider les nombreuses fissures qui parsèment son édifice (à la différence de Daredevil), la seconde saison de Luke Cage frappe fort, presque autant que celle de Jessica Jones, mais pâti terriblement de la comparaison autant avec sa première saison, qu'avec les autres shows de la firme (excepté le tâcheron Iron Fist, présent ici pour un court - mais fun - épisode).
On reste fan, et le personnage n'a rien perdu de son potentiel iconique, mais si troisième saison il y a, on est clairement en droit d'en attendre un peu plus des aventures de Power Man, surtout quand on sait que le Punisher lui, ne ménage pas ses efforts pour être le nouveau show-stealer du MCU made in Netflix...
Jonathan Chevrier