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[CRITIQUE] : Gueule d'Ange


Réalisateur : Vanessa Filho
Acteurs : Marion Cotillard, Ayline Aksoy-Etaix, Alban Lenoir, Amélie Daure,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min.

Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018

Synopsis :
Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.
 
 

Critique :

Impossible de ne pas admettre que depuis qu'elle a glané sa statuette dorée pour La Môme, la merveilleuse Marion Cotillard mène sa carrière d'une main de fer, voguant au grè de choix on ne peut plus louable auprès de cinéastes de renom (Michael Mann, Christopher Nolan, Steven Soderbergh, James Gray, les frères Dardenne, Xavier Dolan,...), entre péloches internationales et production bien de chez nous.
Une grande actrice, tout simplement, qui vient soutenir cette fois la première réalisation de l'artiste Vanessa Filho, Gueule d'Ange, qui à eu les honneurs d'un petit passage sur la croisette Cannoise la semaine passée.



Drame poignant suivant les trajectoires chaotiques d'une mère irresponsable et à la dérive (sans emploi, cinq mariages et un quotidien rythmé entre les conquêtes d'un soir, les boîtes de nuits, l'alcool et les émissions de télé-réalité), et de son petit ange de huit ans, Elli, abandonnée (malgré un amour maternel sincère qui ne lui refuse aucune tendresse), maltraitée par ses petits camarades (qui la voit comme une prostituée... à huit ans) et même alcoolique.
Beaucoup de batons dans les roues du petit destin de la fillette donc, pour qui Filho prend évidemment fait et cause au cours d'une intrigue fragmentée à la mise en scène bien plus inspirée (au plus près des corps, même si un poil trop démonstrative) que son écriture (souvent poussive, accumulant les poncifs et les maladresses), mais retranscrivant avec justesse l'émotion brute qui unit une mère et sa fille, la décadence de la première (Marion Cotillard, qui cabotine joyeusement en white trash indéfendable) impactant considérablement le parcours initiatique de la seconde (Ayline Aksoy-Etaix, époustouflante), prête beaucoup trop tôt, à suivre ses pas; et dont la seule lueur d'espoir est incarné par un voisin aimant/père de substitution (Alban Lenoir, juste et touchant).



Tragédie humaine rappelant parfois le puissant et récent The Florida Project, trébuchant autant qu'elle marche droit, Gueule d'Ange, pas aidé par un score opressant, n'en reste pas moins un joli premier essai, sensible et empathique, touchant à des faits sociétales importants (la dépendance et l'alcoolisme chez les enfants, l'irresponsabilité parentale) même s'il ne se donne jamais vraiment les moyens de les approfondir avec justesse.


Jonathan Chevrier