[CRITIQUE] : Downsizing
Réalisateur : Alexander Payne
Acteurs : Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz, Hong Chau, Laura Dern, Neil Patrick Harris, Jason Sudeikis, James Van Der Beek, Udo Kier,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h15min.
Synopsis :
Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le "downsizing". Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie. Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek et sa femme à abandonner le stress de leur quotidien à Omaha (Nebraska), pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie pour toujours.
Critique :
Fable loufoque façon peinture au vitriol de la société contemporaine poussant à la réflexion tout en étant brouillon et plombé par ses ambitions, #Downsizing est un Alexander Payne moyen et, à la fois, un joli film léger et captivant, aussi contradictoire que cela puisse paraître pic.twitter.com/1Nq0r9yWuA— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 10 janvier 2018
Même les plus grands détracteurs du génial Alexander Payne ne peuvent nier cette vérité implacable : chaque film du cinéaste est une invitation pour un pur moment de cinéma, que l'on accepte ou qu'on en décline sa richesse.
De par son humour autant acide que son ton est décalé, il a fait de ses savoureux Sideways, Monsieur Schmidt ou encore The Descendants - ou l'un des meilleurs rôles à ce jour de George Clooney -, des monuments du cinéma indépendant ricain, en complet contre-temps de la production Hollywoodienne de ses deux dernières décennies.
Trois ans après son formidable Nebraska (sans doute son meilleur film), road trip au parti pris culotté (le choix du noir et blanc au détriment de la couleur, qui offre un cachet d'époque séduisant) façon vrai-faux feel good movie familial à la fois tendre et pétri d'amertume, le Payne nous revient en ses premières heures de 2018 avec un projet aussi ambitieux qu'attendu : Downsizing, produit dans la douleur, et étonnement laissé de côté dans la très prisée course aux statuettes dorées.
Exemple parfait de l’américain moyen cher au cinéaste, paria du fameux rêve que sa propre nation vend comme un mensonge entouré de paillettes, Paul Safranek (Matt Damon, en mode service minimum) est en quête d'une vie meilleure et pense que devenir tout riquiqui - 12 cm - pour résider dans une micro-société utopique, résoudra tous ses problèmes.
Sur le papier, l'idée ne semble pas mauvaise, mais la vie vendue par par Leisure Island n'est finalement pas si idyllique que ça...
Nouvelle fable loufoque aussi bienveillante que pimentée sur une société " futuriste " pas si lointaine que la nôtre, luttant contre la surpopulation et la surconsommation en miniaturisant une poignée d'âmes consentantes, Downsizing est un petit bijou réflexif comme c'est si bien les concocter le cinéaste, aussi cynique qu'il est d'une sincérité sans bornes, sur un homme qui va devoir devenir tout, tout petit pour mieux... grandir !
Un moment de cinéma bien barré dont la richesse thématique frise même presque à l'indécence du bon goût, tant sa peinture au vitriol du monde actuel (l'égoïsme et le cynisme de l'homme, la menace d'une crise écologique et économique, la mondialisation, les affres de la vie de couple,...) se perd parfois dans un aspect aussi brouillon que bavard - notamment dans son dernier tiers -, pour nous déployer une morale pourtant des plus sincères (penser petit et aux choses simples est le premier pas d'un bien-être au pluriel).
Si Payne voit trop grand (haha...) parfois avec son nouvel essai, il peine également à pleinement faire vivre ses personnages, malgré un casting alternant entre le cabotinage mignon (le génial Christoph Waltz en tête) et la partition appliquée (Hong Chau, épatante).
Inégal mais fascinant même dans ses fêlures, Downsizing est un Alexander Payne moyen tout en étant un excellent film léger et séduisant, aussi contradictoire que cela puisse paraître.
Jonathan Chevrier