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[CRITIQUE] : Maps To The Stars


Réalisateur : David Cronenberg
Acteurs : Mia Wasikowska, Julianne Moore, John Cusack, Robert Pattinson, Olivia Williams, Sarah Gadon, Evan Bird, Carrie Fisher,...
Distributeur : Le Pacte
Budget :15 000 000 $
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Français, Canadien, Allemand.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.



Critique :

Sans jouer les cinéphiles fines bouches, force est d'admettre qu'aussi sympathiques et bien troussés qu'ils furent, Cosmopolis et A Dangerous Method nous laissèrent sacrément sur notre faim à leurs sorties, surtout quand on se laissait aller au bon souvenir des anciennes péloches de la décennie signé par le génial David Cronenberg, les inspirés et méchamment furieux A History of Violence et Les Promesses de l'Ombre.

Du coup, infinie logique que nous soyons tous salement excités comme des puces à l'idée de voir le cinéaste poser de nouveau ses valises sur la Croisette en compét officielle mais surtout, de le voir revenir à ses premiers amours, soit un cinéma aux ambiances purement hypnotiques et trashs, et aux histoires peuplées de personnages plus tarés les uns que les autres.

Mieux, le bonhomme s'attèle carrément à dynamiter le mythe Hollywoodien avec Maps to the Stars, projet au long cours - et réalisé pour la première fois en terre américaine pour Cronenberg - basé sur un script de Bruce Wagner, un temps mis de côté faute de financement (ce qui permettra à son auteur d'en faire un roman, Dead Stars, publié en 2012), avant de redevenir d'actualités au moment ou le David trouvera de nouveaux investisseurs pour coucher le tout sur pellicule.


Bourré jusqu'à la gueule d'un casting de talents frisant lourdement avec l'orgie du bon gout (Julianne Moore, John Cusack, Mia Wasikowska, Robert Pattinson, Olivia Williams, Evan Bird, Sarah Gadon ou encore Carrie Fisher), on attendait avec une impatience non-feinte se massacre en règle des dessous d'Hollywood la putain par l'un des cinéastes les plus doués encore en activité.

Et inutile de dire que l'on a pas été déçu du résultat... Hollywood est mort, vive Cronenberg !

Maps to the Stars ou l'histoire de la famille Weiss, heureuse sur le papier mais en réalité aussi éprise de névroses multiples que de rêves de gloire.

Le patriarche est un analyste ayant fait fortune dans les manuels de développement personnels, et dont la cliente la plus célèbre, Havana Segrand, est une actrice reconnue mais méchamment fissurée du bulbe, dont le rêve est de décrocher le rôle principal du remake d'un film culte dans lequel sa défunte mère jouait les rôles-titres.
La matriarche elle, joue les agents de luxe et gère la carrière du cadet de la famille, Benjie, treize ans et enfant star, qui sort d'une désintox de quatre piges, et qui est encore en proie à des problèmes existentiels.

Et il y a même une fille dans le lot, Agatha, assistante pyromane de son actif, récemment libérée d'un sanatorium et qui se liera très vite d'amitié avec Jérôme, le chauffeur de limousine, un aspirant acteur dont l'investissement physique pour percer dans le milieu, n'est pas à prouver...


Avec cette version shooté à l'acide et people-isée d'Une Famille Formidable sauce tragédie grecque, Cronenberg s'amuse comme un sale gosse à pointé du bout de sa caméra la superficialité et l'hypocrisie incroyable qui caractérise une industrie dont il est à la fois connecté et déconnecté.

Endossant pleinement les codes du pamphlet cynique et violent à l'américaine (cf Bret Easton Ellis), le cinéaste renait de ses cendres et chie littéralement sur Hollywood via une galerie de personnages privilégiés, pétant dans un luxe indécent et ne sachant que faire de leurs problèmes d'égos.
Dans cette culture du paraitre outrancière, désincarnée, gerbante et morbide, le bonhomme retrouve toute la force de son cinéma, et filme de manière cru et tragi-comique le destin passionnant de ses protagonistes tout droit échappés de la popculture et qui ne peuvent que, forcément, mal finir.

Portrait moderne méchamment hypnotique et glacial - jusqu'à un final savoureusement violent -, constamment entre réel et fantasme, Maps to the Stars est un cauchemar dérangeant sous fond de sombre et brulante dénonciation du way of life de la " Mecque " du septième art mondial, porté par un casting totalement voué à sa cause et tout bonnement parfait.

Dans un jeu de miroirs déformants délirant et volontairement exagéré, Mia Wasikowska est délicieuse en pyromane schizophrène et poéte (son meilleur rôle avec Stoker) tandis que Robert Pattinson - Cronenberg lui va si bien - y est lumineux de charisme dans la peau du jeune roquet à belles gueules et aux dents longues, ou encore John Cusack nous fait enfin plaisir en papounet/gourou frappadingue.


Mais la vraie performance qui crève le plafond de la péloche est encore une fois à mettre à l'actif de la sublime Julianne Moore, qui comme un grand vin ne cesse de se bonifier en prenant de la bouteille.
Délurée et déglinguée dans la peau d'une actrice sur le retour hantée par les visions de sa mère, elle compose ce qui est, certainement, la meilleure interprétation de sa pourtant longue carrière.

Elle vaut limite à elle seule le prix du billet en salles, preuve que quand un cinéaste racé et intelligent de la trempe de David Cronenberg retrouve son mojo tortueux, cruel et acéré, tout ce qu'il touche ou gravite autour de lui, ne peut être que pure réussite.

Bref, du grand et beau cinéma trash comme on l'aime.


Jonathan Chevrier


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