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[CRITIQUE] : Deux Jours, Une Nuit

 

Réalisateur : Jean Pierre et Luc Dardenne
Acteurs : Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Pili Groyne, Simon Gaudry,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : 7 000 000 $
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 2h12min.

Synopsis :
Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.




Critique :

Dire que la Croisette est devenu, au fil des années, la seconde maison des frangins cinéastes belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, est un doux euphémisme tant leurs péloches illuminent le festival à chacune de leurs sélections.

Deux fois palme d'or, force est d'admettre que ce n'est pas tous les cinéastes qui peuvent se targuer d'arborer une telle carte de visite.

Ce qui devient, en revanche, une fraiche et étonnante habitude, c'est que notre belle Marion Cotillard national fasse de Cannes et son tapis rouge, son endroit fétiche depuis quelques temps, que ce soit en compét - le plus souvent - ou non.
Il faut dire que la meilleure actrice du cinéma hexagonal de la dernière décennie - oui, n'en déplaise à certains, elle l'est - a su judicieusement placer ses pions avec le temps, pour devenir LA star que tout le monde s'arrache et veut avoir dans son film.

Christopher Nolan, Tim Burton, Michael Mann, James Gray, Jacques Audiard - et dans une moindre mesure Olivier Dahan et Guillaume Canet -, beaucoup (et le mot est faible) tuerait pour compter de telles rencontres dans leur c.v., et cela n'empêche pourtant pas la belle comédienne de continuer à étonner, de chercher à prouver qu'elle est capable de tout jouer et d'investir tous les champs possible du septième art mondial.



Après les sublimes Minuit à Paris, De Rouilles et d'os et The Immigrant, il n'est donc pas si surprenant que cela de la revoir de nouveau sur la Croisette avec les frères Dardenne, comme le retour logique d'une étoile lumineuse dans la (vraie) maison du cinéma.

Projet de longue date des deux cinéastes, Deux Jours, Une Nuit compte l'histoire de Sandra, une ouvrière qui se remet peu à peu d'une dépression.
Durant son absence, l'entreprise dans laquelle elle travaille, a obligé les salariés à choisir entre une prime et la réintégration de leur collègue.

Un vote cruel dont le résultat, malheureusement défavorable à la jeune femme, est cependant remis en cause.
Sandra a donc un week-end pour se battre et pour emporter l'adhésion de la majorité...

Fable politique grave mais pourtant foutrement réaliste - crise économique oblige -, les frères Dardenne font de leur nouvelle péloche une ode contre l'adversité, contre l'injustice sociale à la fois digne et douloureuse, qui dénote grandement avec leurs précédents efforts, tout en ne tombant pas - judicieusement - dans un misérabilisme ou une répétitivité facile.

Si ils continuent toujours aussi bien à concilier leurs idéaux avec le drame social qu'ils chérissent tant, en revanche, leur mise en scène se montre cette fois nettement moins percutante, moins incisive, plus dépouillée, et leur narration nettement moins soutenue.


Pas un défaut en l'état, loin de là, juste un sentiment de rupture, accentué par un ton aussi âpre que ses dialogues accompagnant le chemin de croix sacrificiel à l'exception imparable d'une Marion Cotillard une fois encore éblouissante.

Dans la peau souffrante mais déterminée de Sandra, l'actrice ne s'écroule jamais sous le poids de sa maladie, de l'humiliation qu'elle subie ni même de sa condition professionnelle déroutante.
Elle est comme un roseau, elle a beau plier constamment, elle ne rompt jamais.

Chez les plus grands, la Marion est constamment acculée, poussée dans ses derniers retranchements jusqu'à ce qu'elle n'est plus que comme unique choix que de dévoiler face caméra et aux spectateurs, son infini beauté et sa force de détermination incroyable.

Tout de rage retenue, elle porte le métrage sur ses larges épaules, aux côtés d'un habitué du cinéma des Dardenne, Fabrizio Rongione, excellent dans la peau du mari courage de Sandra.

Pile poil quinze ans après le triomphe cannois de Rosetta, Deux Jours, Une Nuit pourrait très bien courroner de nouveau les génies belges à Cannes.


En tout cas par chez nous, un an après le sacre de Bérénice Béjo via son prix d'interprétation féminine pour Le Passé d'Asghar Farhadi, on ne serait clairement pas contre voir Cotillard ne pas repartir bredouille de la Croisette.

Ce serait, dans un sens, un juste retour des choses puisqu'elle méritait déjà d'être récompensé il y a deux ans, dans la peau de la fragile et séductrice amputée du De Rouilles et d'os d'Audiard...


Jonathan Chevrier


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