[CRITIQUE] : 47 Ronin
Réalisateur : Carl Rinsch
Acteurs : Keanu Reeves, Hiroyuki Sanada, Kô Shibasaki, Rinko Kikushi, Tadanobou Asano, Min Tanaka,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 175 000 000 $
Genre : Arts Martiaux, Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min.
Synopsis :
Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité.
Critique :
Comment aimer un film dont le mot flop est associé à son mollet comme un boulet trop lourd pour lui, depuis les prémisses de sa production ?
Voilà tout le paradoxe qu'incarne donc ce 47 Ronin, première réalisation maudite de Carl Rinsch qui doit, à elle seule, battre le record du monde de date de sortie repoussée, tout autant que les galères de production et de montages.
Dommage dans un sens, car les films de samouraïs sauce ricaine se font de plus en plus rare au sein de l'industrie Hollywoodienne, tout autant que les films comprenant en son casting le beaucoup trop rare Keanu Reeves.
Après s'être pris une toise monumentale au box office US lors de sa sortie, le voilà donc qu'il débarque un peu dans l'ombre, dans nos salles hexagonales, prisent d'assaut mercredi dernier par un blockbuster bien plus attendu par les cinéphiles, le (très) réussi Captain America - Le Soldat de l'Hiver.
Autant dire que le combat s'annonce plus ou moins perdu d'avance, surtout que le film de Rinsch s'inspire d'un mythe ayant inspiré depuis des lustres la culture japonaise, la fameuse légende des 47 Ronin.
Remanié par Hollywood tout en conservant sa base centrale intacte, et voyant en prime, l'ajout d'un personnage fictif, le film suit donc un groupe de 47 samouraïs errants, après qu'un perfide seigneur de guerre ait tué leur maître et banni leur tribu.
Dès lors, ils jureront tous de se venger - même si cela est interdit par le shogun sous peine de mort - et de restaurer l’honneur de leurs compatriotes, même si une mort certaine - et noble à la fois -, les attends tous à l'arrivée.
Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l’aide de Kai – un demi sang qu’ils avaient jadis renié – lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de sorcières, de métamorphoses maléfiques et d’effroyables dangers.
Cet exil sera l’occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d’insoumis l’énergie de marquer à jamais l’éternité...
Si sa bande annonce et sa réputation plus que mauvaise, laissé présager que 47 Ronin piquerait plus les yeux qu'enchanterait nos cœurs de cinéphiles (rares sont les blockbusters y arrivant chaque année en même temps), force est d'admettre qu'à sa vision, le film est loin, très loin de la prod bourrée d'action et de CGI comme le suggérait sa maladroite campagne promotionnelle, ne lui rendant pas une seule seconde justice.
Porté par un charismatique - mais toujours aussi mutique - Keanu Reeves dans la peau d'un anti-héros métis méprisé et rejeté Kai, une esthétique léchée avec des effets spéciaux étonnement maitrisés (les apparitions de la sorcière campée par l'excellente Rinko Kikuchi, sont sublimes), une photographie éblouissante mettant brillamment en lumière un Japon féodal dépaysant et enivrant, et de vraies valeurs universelles (l'honneur, la loyauté, le sacrifice, le dévouement, la modestie, la reconnaissance), la péloche est une belle fable historique passionnante, rythmé et respectueuse, certes pas aussi remarquable que le profond Le Dernier Samouraï d'Edward Zwick, mais bien plus respectable que le statut de purge irregardable qu'on a bien voulu lui coller au milieu de la figure.
Très chaste - aussi bien dans sa débauche d'effets spéciaux que dans son manque habile de scènes gores -, joliment référencé même si il pioche un peu trop dans la marmite du des blockbusters US (la franchise Pirates des Caraïbes) que dans celle du cinéma nippon (on pense notamment au Secret des poignards volants et au très moyen Hero), tout en en oubliant au passage toute sa poésie et sa légèreté, le film n'a que pour seul défaut que sa plate mise en scène mais surtout son storytelling, décousu - il jongle aussi bien entre le fantastique, le film de guerre, d'aventure et la romance), manquant d'ambition et creux au possible.
Car outre plusieurs ellipses, clichés et lourdeur douteuses (les japonnais parlent tous anglais, normal), que ce soit par le prisme d'une idylle romanesque peu crédible mais surtout mal amenée entre Kai et la fille du chef, Mika, l'évolution d'un héros ricain en terre japonaise (démontrant une fois de plus la volonté de suprématie des USA) ou encore un traitement follement anecdotique des Ronin, mis à part Kai bien sur, et leur leader Oishi, interprété par le précieux Hiroyuki Sanada, l'intrigue est sans ampleur et ne prend jamais véritablement au trip - elle parait souvent même assez longue -, malgré un mythe central foutrement captivant.
Et que dire de la 3D fortement dispensable - puisqu'elle n'apporte aucune profondeur-, et même de la présence limité de Zombie Boy, vendu comme un héros de la bande mais à peine une minute à l'écran, et quand même présent sur l'affiche...
Le cinéaste a voulu en mettre plein la vue et rendre hommage au cinéma asiatique qu'il aime tant, quitte donc à avoir les yeux plus gros que le ventre et à laisser un amer gout d'inachevé dans la bouche de ses spectateurs, mais on ne peut décemment pas lui en vouloir puisque même classique et inégal, le tout se suit tout de même avec un certain enthousiasme non-dissimulé.
Cependant, inutile de dire qu'avec un tel accident industriel, le bonhomme ne risque pas de revenir de si tôt sur le devant de la scène de la jungle Hollywoodienne.
Presque un hara-kiri en soit quoi...
Jonathan Chevrier