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[CRITIQUE] : Jack et la Mécanique du Coeur


Réalisateur : Stéphane Berla et Mathieu Malzieu
Acteurs : Avec les voix de Mathieu Malzieu, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Rossy De Palma, Jean Rochefort,...
Distributeur : EuropaCorp Distribution
Budget : 20 000 000 $
Genre : Drame, Animation, Aventure.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois: premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu'aux portes de l'Andalousie.
 


Critique :

Difficile de ne pas, en tant que cinéphile endurcis, vider son chargeur d'AK-47 à l'occasion, sur Europa Crop et plus généralement sur Luc Besson, tant les productions de ce dernier, purement racoleuses et à la qualité scénaristique frôlant souvent avec le lourdement douteux, pourrissent en grande partie un paysage cinématographique hexagonal déjà pas très glorieux.

Mais pourtant, force est d'admettre qu'entre une pléthore de péloches balancées à l'aveugle et calquées - toutes ou presque - entre elles, le jadis grand cinéaste français (depuis Le Cinquième Élément, seul The Lady valait vraiment le coup d’œil) est capable d'agréablement nous surprendre au point même que l'on en devienne presque obliger de le soutenir.

Et c'est bel et bien le cas cette semaine, avec la sortie attendue en salles de Jack et la Mécanique du Cœur, adaptation ambitieuse du livre éponyme signé Mathias Malzieu, leader du groupe Dyonisos, qui porte également la double - et pesante pour des débuts - casquette d'interprète vocal et de co-réalisateur, avec Stéphane Berla.


Jack et la Mécanique du Cœur ou l'histoire du petit Jack qui, à Edimbourg à la fin du XIXeme siècle, née le jour le plus froid du monde.
Un détail on ne peut plus important puisque des causes du froid, son cœur en resta irrémédiablement gelé.
Fort heureusement, le docteur Madeleine le sauvera en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique.
Il survivra à ce bricolage magique à condition de respecter trois lois essentielles : premièrement, ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maitriser sa colère et enfin surtout ne jamais, Ô grand jamais, tomber amoureux.

Sauf que sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles.
Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lancera tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais à Paris, et même jusqu'aux portes de l'Andalousie...

Il n'est pas exagérer de dire que même dans ses défauts les plus marquants - un manque de profondeur évident, une narration pas toujours facile d'accès, les raccords pas toujours parfait entre les personnages et le casting vocal, ou encore une temporalité assez flou), Jack et la Mécanique du Cœur est définitivement le meilleur film d'animation made in France.

Si il était une certitude que Malzieu avait un faible pour le cinéma d'animation (ses clips en sont la preuve la plus probante), bien lui en aura pris cependant, avec son compère Barla, d'avoir choisit la stop-motion pour donner vie à son histoire.
Un concept qui le rapproche encore plus de l'univers Burtonien - et même Selickien -, deux figures tutélaires et inspiratrices dont il ne cache pas du tout son influence marquée.


Que ce soit dans son style visuel ou son amour pour les freaks (les personnages rappellent ceux des Noces Funèbres notamment, tandis que le nom du héros rappelle évidemment, celui du héros de l'Etrange Noël de Mr Jack), ou encore dans la chair de son héros aussi mélancolique que différent du commun des mortels, sorte d'Edward aux Mains d'Argent version enfantine, la péloche transpire de tous les pores le cinéma du génie de Burbank.

Mais plus encore, le duo rend également un vibrant hommage à George Meliès - tout comme Scorcese l'a fait récemment avec le joli Hugo Cabret, ou les horloges tenaient une place justement, très importantes aussi -, qui joue même ici, un des personnages principaux.

Poétique, émouvant, très beau et inventif visuellement (les voyages fait d'origamis sont sublimes), le film est un voyage initiatique enchantant formidablement bien noué, une jolie histoire d'amour n'ayant jamais peur d'explorer le thème de la mort via la maladie.

Plus inspiré du livre - même si son aspect subversif à largement été occulté à l'écran - que le cd éponyme, la musique apporte pourtant toute la force du film, lui donnant un tant soit peu de chair, d'humanité et même de rythme tant chacune d'entre elle apporte quelque chose, que ce soit un élément, un personnage ou même une atmosphère nouvelle.


D'une beauté et d'une symbolique remarquable, aussi inattendu et original que profondément sombre puisque porté par une mélancolie et une froideur d'une cruauté terrible dans ses constantes réflexions sur la vie et la mort, Jack et la Mécanique du Cœur est une adaptation réussite et charmante même dans ses plus gros défauts.

Une belle bouffée d'air frais dans une cinéma d'animation dominé par les grosses majors ricaines ayant très (trop) peur de miser sur des thèmes noirs et cruels avec poésie et tendresse (mis à part chez la précieuse Laïka).

Besson aura bien eu raison de faire confiance au duo novice Berla/Mazieu, rares sont ses récents paris à s'avérer être aussi payant à l'écran.


Jonathan Chevrier