[CRITIQUE] : La Vallée des fous

Réalisateur : Xavier Beauvois
Acteurs : Jean-Paul Rouve, Pierre Richard, Madeleine Beauvois, Joseph Olivennes,....
Distributeur : Pathé Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
Passionné de voile, Jean-Paul traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta la course virtuelle du Vendée Globe. Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage pas comme les autres, lui permettra de renouer avec sa famille mais surtout avec lui-même.

Critique :

Mélodrame délicat et tout en résilience qui n'a jamais peur de prendre à rebrousse-poil son auditoire, vissé sur la quête de rédemption et de sens d'un homme dos au mur, #LaValléeDesFous touche dans son authenticité à toute épreuve, portée par un Jean-Paul Rouve des grands jours. pic.twitter.com/urUlTSjKFH
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 13, 2024

Il y a une ambivalence assez fascinante dans le parcours professionnel que s'est dessiné lui-même Jean-Paul Rouve depuis son explosion au sein de la légendaire troupe des Robin des Bois, une école télévisée qui lui a permis autant d'aiguiser son penchant pour l'humour extrêmement potache, que sa facilité d'improvisation.

Capable de jouer dans les moins défendables des comédies populaires pour diverses cinéastes (Les Nouvelles Aventures d'Aladin ou à la franchise Les Tuches, pour ne citer que les plus récents exemples) et d'être un comédien exceptionnel quand il est bien dirigé, voire même proprement impressionnant (encore il y a peu, dans Le Consentement de Vanessa Filho), il s'avère également un brillant cinéaste dont les premiers essais, aussi touchants qu'enlevés, ont gentiment su s'installer comme quelques-unes des dramédies les plus réussis du cinéma hexagonal des années 2000 (surtout le sublime Les Souvenirs).

Mais c'est son pendant acteur qui est mis à contribution cette fois, au cœur du nouveau long-métrage d'un Xavier Beauvois qu'on avait laissé avec le très beau drame humain Albatros, fin 2021 : La Vallée des Fous, dans lequel il trouve, à n'en pas douter, l'un de ses plus beaux rôles à ce jour - aux côtés d'un Pierre Richard toujours impérial.

Il est merveilleusement investi qu'il est dans la peau d'un " fou " de voile - mais pas que - qui, alors qu'il est en passe de tout perdre (les dettes s'accumulent à un point où son restaurant est proche de la faillite, une famille qui se détache de lui, un alcoolisme qui se fait de plus en plus présent), se lance dans une aventure furieusement singulière : il s’inscrit à Virtual Regatta, la course virtuelle du Vendée Globe, sauf qu'il ne prévoit pas de vivre l'expérience comme les autres, puisqu'il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin.
Une entreprise totalement loufoque mais qui, finalement, a tout pour le reconnecter avec une existence qui avait déjà pris le large sans lui...

Mélodrame délicat et tout en résilience qui n'a jamais peur de prendre à rebrousse-poil son auditoire à travers des thématiques abordés avec une âpreté (parentalite défaillante, alcoolisme), vissé sur la quête de rédemption et de sens d'un homme dos au mur, qui cherche à retrouver pied dans une fuite en avant à la fois invraisemblable et d'un lyrisme fou, où même cloué dans son jardin, son édifice essuiera de nombreuses intempéries; La Vallée des Fous, quand bien même classique dans son fond comme dans sa forme, n'en est pas moins touchant dans son authenticité à toute épreuve, dans son universalité jamais trop surlignée.

C'est souvent (toujours) avec les recettes les plus simples, que l'on fait les meilleures popotes.

Jonathan Chevrier