[CRITIQUE DVD] : Sublimes Créatures
Réalisateur : Richard LaGravenese
Acteurs : Alden Ehrenreich, Alice Englert, Jeremy Irons, Emma Thompson, Viola Davis, Emily Rossum, Thomas Mann,...
Distributeur : Summit Entertainment France
Budget : -
Genre : Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min.
Date de sortie en salles : 27 février 2013
Date de sortie en DVD/Blu-Ray : 03 juillet 2013
Synopsis :
Ethan Wate, un jeune lycéen, mène une existence ennuyeuse dans une petite ville du sud des Etats-Unis. Mais des phénomènes inexplicables se produisent, coïncidant avec l’arrivée d’une nouvelle élève : Léna Duchannes.
Malgré la suspicion et l’antipathie du reste de la ville envers Léna, Ethan est intrigué par cette mystérieuse jeune fille et se rapproche d’elle.
Il découvre que Lena est une enchanteresse, un être doué de pouvoirs surnaturels et dont la famille cache un terrible secret.
Malgré l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, ils vont devoir faire face à une grande épreuve : comme tous ceux de sa famille, Lena saura à ses seize ans si elle est vouée aux forces bénéfiques de la lumière, ou à la puissance maléfique des ténèbres…
Critique :
En novembre dernier, dans la joie de tous les cinéphiles un minimum cinématographiquement structuré, la saga Twilight (Toilettes pour les intimes) tirait enfin sa révérence, après quatre années de long et abominable règne dans les cœurs des spectateurs et spectatrices de moins de seize ans, qui lui faisait atteindre les cimes du box office mondial à chacune de ses sorties.
Dés lors, on s'était tous mis à rêver que plus jamais jamais, on ne viendrait squatter nos salles de cinéma chéries à coups de multiples séances, à toutes les heures, de productions visant à faire mouiller les culottes d'ados prépubaires capable de remettre leur virginité en cause face à la silhouette (souvent vilaine et peu charismatique) du nouveau héros (et pas acteur, parce qu'il faut le mériter ce titre) à la mode.
Mais on avait tord d'espérer le paradis trop vite, car si le succès fulgurant et écrasant de Twilight en aura surpris plus d'un (moi y compris), il ne sera clairement pas passer à côté des yeux et des esprits tordus et avides de poignons des producteurs Hollywoodiens qui verront en ce mélange piteux de romance et de fantastique top budget, un moyen de se foutre plein les poches à moindre cout.
Et la première de ses prods wannabe Toilettes à montrer le bout de son nez dans les bacs à DVD/Blu-Ray donc, c'est Sublimes Créatures, dont le matériau d'origine, du pur Southern Gothic, est déjà estampillé best-seller et bouquin culte en l'espace d'à peine trois piges !
Elle est de loin la moins gerbante de toutes sur le papier avec Warm Bodies, et qui est qui plus est produite par Summit, ceux qui avait justement fracassé la baraque avec les suceurs de sang brillant.
Les gars sont donc en terrain connus, et avant même de rentrer dans la salle tu t'attends à du high concept genre " bon les mecs, on fait comme Toilettes sauf qu'on remplace les vampires par des sorciers, et qu'on donne les pouvoirs à la fi-fille au lieu du gars ".
Entre plusieurs noms prestigieux (Jeremy Irons, Viola Davis et Emma Thompson en tête, normalement rien que ses blazes ça te fait payer ton ticket si t'es pas con) et un réalisateur/scénariste qui à une filmo plus qu'exaltante, Richard LaGravenese (scénariste des magnifiques Fisher King, Sur la Route de Madison et L'Homme qui Murmurait à L'Oreille des Chevaux, et metteur en scène du non-moins sublime PS : I Love You), le trailer, histoire d'exciter encore un peu plus son public cible, t'annonce clairement « Vous avez aimé Twilight, vous allez adorer Sublimes créatures »...
Ouais bah super t'as promo,
rien de mieux pour me mettre dans le bain et ne pas me faire partir
confiant quoi, sauf que au final...
Alors oui je l'admets, et ce même si cela me fait attraper quelques plaques de boutons rien que de le taper sur mon ordinateur : oui Summit peu produire du teen movies fantastique convenable, oui Sublimes Créatures est un bon film, plus proche de Harry Potter que des aventures de Bella et Edward et oui, il mérite clairement le détour.
Il y a vingt quatre heures de cela je n'aurais jamais penser être capable de pouvoir dire cela mais pourtant c'est le cas, je l'ai fait et franchement, je n'en reviens pas de cette incroyable et surtout improbable surprise...
Pour ceux qui ont la flemme d'aller chercher le résumé sur Wikipédia, voilà comment ce résume l'histoire plutôt simpliste de la bande.
On y suit les aléas du jeune Ethan Wate, lycéen ricain moyen vivant seul avec son papounet, et qui mène une vie on ne peut plus chiante et sans rebondissements bandants, dans une toute petite ville du sud des États-Unis, Gatlin, que l'on dit situé dans l'ancien état confédéré de la Caroline du Sud mais je t'annonce tout de suite Google Maps m'a dit qu'elle était fictive donc t'enflammes pas à chercher tes billets chez Air France, tu pourras pas y aller faire ton pèlerinage de fans psychopathes.
Ethan c'est un ado banal dans une vie banale quoi, qui cherche à tout prix à grandir vite et de se barrer de son trou à rat, bref c'est presque du LOL sans le côté bobo, et surtout sans l'envie persistante qui nous démange, de désirer buter tous les héros du film à chaque seconde.
Sauf que voilà, pour lui occuper la life mieux qu'une PS3 et Fifa 13, et puis surtout pour éviter au spectateur une forte poussée somnolente au bout de dix minutes de pellicule, de mystérieux phénomènes inexplicables commencent à se produire dans sa cambrousse, tous coïncidant avec l’arrivée d’une nouvelle élève, la jolie Léna Duchannes.
C'est toujours les meufs qui foutent la merde, un pas vrai ? (petit High Five silencieux avec mes lecteurs masculins, eux seuls me comprendront de toute façon).
Malgré la suspicion et l’antipathie du reste de la ville envers Léna, Ethan est intrigué par cette mystérieuse jeune fille et se rapproche d’elle...
Pas con le gars, une belle gosse pas populaire et nouvelle dans le bled, y'a rien de mieux comme bail easy à conclure, et encore plus quand t'es toi-même loin d'être le vilain du village.
Et là d'un coup, elle fait un petit peu plus flippé la nana, mais comme lui il est piqué dans son cœur, bah il continue à la fréquenter, c'est qu'il veut conclure le puceau.
Et ce n'est pas le terrible secret familiale de sa future belle famille qui va le freiner dans son entreprise de séduction, non non.
L'amour, même impossible, a ses raisons que la raison... bon tu l'as connais la story.
Mais voilà, vu que les deux sont sensiblement attirer l'un envers l'autre, et que c'est du PG donc pas de sexe (ou alors c'est mal fait et ça fait rire, comme dans Twilight, c'est con parce que la Kristen était experte niveau cul à ce qu'on dit), va donc falloir leur faire affronter The big épreuve, que même la puberté peut pas teste.
Comme tous ceux de sa mif qui sont également des enchanteurs, Lena saura à ses seize ans si elle est vouée aux forces bénéfiques de la lumière (et d'ainsi avoir peut-être l'opportunité d'être la sixième sœur Halliwell, ou la cousine câchée de Sabrina), ou à la puissance maléfique des ténèbres (et d'être la nouvelle biatch de Voldemort, pourquoi pas)...
Frais, mordant (et sans suceur de sang au générique !), foutrement ambitieux, à l'humour bien pensé et à l’esthétique vraiment soignée, Sublimes Créatures c'est avant tout et surtout une putain de belle surprise, qui se pointe sur un terrain ou il n'y avait vraiment aucune place justement, pour l'effet de surprise.
Je la voyais venir de loin cette pestilentielle et pâle copie calque de Toilettes et pourtant, si elle tâte du même concept que celui-ci (l'histoire d'amour impossible entre un être doté de pouvoirs surnaturels frappé par une malédiction familiale mais qui tombe in love d'un mortel qui vit avec son géniteur), elle s'en détache et le surpasse en tout point grâce à une caractérisation des personnages bien plus riche et fouillée, une intelligente utilisation des codes du teen movies fantastique (cette fois c'est la meuf qui à les pouvoirs et c'est au gars de la comprendre et de la soutenir !), un décor et une ambiance envoutante (le paysage paisible et figé dans le temps du sud des USA est toujours aussi ciné-génique) mais surtout grâce à une équipe technique archi-talentueuse, et totalement dévoué à sa cause.
LaGravenese n'a pas été un scénariste choisit par les grands Eastwood et Redford pour rien, le lascar sait écrire et il sait surtout très bien mettre en image son putain de papier.
Tout en application et en conviction, il tire le meilleur du roman tout en assénant à l'Amérique une habile critique de son Sud chrétien radical, faussement puritain, raciste et intolérant.
Lentement (peut-être top pour certain il est vrai), son intrigue s'étale sur deux heures bien tassées, et s'étoffe à mesure que les sentiments de ses deux protagonistes naissent l'un pour l'autre, permettant ainsi aux mystères de prendre le temps de tranquillement s'épaissir et se dévoiler.
D'abord romantique (mais jamais trop mièvre, en plus bon point y'a pas de galère niveau flirt, ils sortent très vite ensemble), on virera peu à peu vers un fantastique élégant et envoutant, un changement de ton maitrisé qui s'opérera également dans la mise en scène, au départ sobre et simpliste puis ambitieuse et étonnante ensuite via des scènes spectaculaires vraiment pas dégueulasse du tout pour une prod de ce calibre.
Sa première partie est même tellement légère et référencée (sa lâche même une dédicace à Titanic !), qu'on se croirait tout droit de retour aux belles heures des eighties, période ou les romcoms pour ados rimaient avec qualités et cultes, du type Say Anything, du grand Cameron Crowe, avec l'immensément mésestimé John Cusack, dont je ne me lasserais jamais de faire des dédicaces quand je le peux !
Mais la vraie grande force de Sublimes, c'est bel et bien son casting d'une qualité proche de la perfection, que ce soit les jeunes pousses, héros du Hollywood de demain (on l'espère), que ses vieux briscards qu'on aimerait voir bien plus souvent.
A commencer par l'inestimable Jeremy Irons, condamné à jouer les guests de luxes dans des productions moyennes alors qu'il a toujours eu l'étoffe des plus grands premiers rôles, et pas seulement que par le passé.
Ici, encore une fois parfait, il cabotine juste ce qu'il faut pour donner du relief et du charisme à un personnage qui n'en avait pas à revendre, constat identique pour les excellentes Emma Thompson et Viola Davis, comme d'habitude merveilleuses.
La très jolie Emmy Rossum (très, très jolie même, les fans de Shameless US le confirmeront) elle aussi, brille de mille feu en s'éclatant comme une malade dans le rôle de la biatch de service, personnage plus qu'intéressant même si il est salement gâché par un traitement assez pauvre, qui ne dépassera pas le statut de second couteaux, malgré une entrée fracassante et une sublime scène flashback.
Mais les vrais stars de la péloche, ce sont Alice Englert, fi-fille de l'immense cinéaste néo-zélandaise Jane Campion (!) ici aussi douce que rafraichissante, et surtout Alden Ehrenreich, au charisme et au talent écrasant malgré un blaze assez chaud à retenir sans se gourer.
C'est simple, il est le héros de l'histoire, il le sait et c'est bien pour cela qu'il porte tout le métrage sur ses larges épaules de beau-gosse aux allures de jeune premier à qui tout réussit.
Ce serait abusif de dire qu'il est LA révélation du film, tant le lascar de vingt trois printemps à déjà fait ses gammes avec exception dans le très beau Tetro de Francis Ford Coppola, qui l'a d'ailleurs rappelé pour Twixt mais par respect pour le Francis, je ne vais pas parler de cette daube là.
Impressionnant, bourré de charme, il est promis à un bel avenir (on vient de le revoir dans Stoker de Park Chan-Wook, et il en sera du prochain Allen, Blue Jasmine) et je mets ma main à couper que d'ici cinq piges il sera le nouveau Léo DiCaprio du business.
En même temps être repéré par Spielberg et chaperonnée par la famille Coppola, quel autre destin que celui de la réussite il pourrait avoir le type...
Pas exempt de tout défaut (bon c'est parfois cul-cul la praline mais ça se déguste bien sans trop d'indigestion, le score est efficace mais pas transcendant, et puis la seconde partie du film est un peu chiante aussi parfois, et la fin à beau être ouverte elle frustre un peu également), Sublimes reste pour autant assez moderne, drôle, sensible et savamment bien foutue pour ce classer haut la main avec le récent Le Monde de Charlie, comme la plus réussite et sympathique bande pour ados pondue depuis bien longtemps (certainement depuis Lolita Malgré Moi et The Girl Next Door, soit déjà pas loin de dix piges).
Surpassant de la tête, des épaules et des couilles la franchise Twilight alors qu'elle pèse plusieurs heures (et de millions de dollars) de moins, la péloche arrive à se suffire à elle-même, même si elle laisse clairement la porte ouverte à une potentielle suite, vu que les romans derrière n'attendent plus qu'à être adaptés à leur tours.
Adaptation qui, vu les piteux scores au box-office US (c'est mieux que du Toilettes et bizarrement les gens foncent moins en salles pour voir ça...), n'arriveront peut-être jamais, et c'est peut-être pas plus mal, car qui dit suite dit souvent déception, et encore plus si l'opus original aligne avec indécence les bons points (c'est un peu la peur qui nous habite tous avec l'attente de la suite de Hunger Games).
Si j'ai pas du tout adhérer Twilight (ou alors juste, juste, juste un petit peu), j'apprécie en revanche complétement Sublimes Créatures, élégant et solide film surfant sur une vague populaire et lourdement casse-gueule de la prod calibré pour ados boutonneux et blindés d'hormones, tout en évitant les erreurs faciles de ses ainés.
Ou en gros pour faire plus court, toutes les bonnes raisons pour lesquelles j'aime adhérer à un phénomène de mode au cinéma.
Elles ne sont peut-être pas sublimes pour tous les cinéphiles ces créatures, mais elles sont franchement intéressantes...
Jonathan Chevrier