[CRITIQUE] : La Sirène
Réalisatrice : Sepideh Farsi
Avec : Mina Kavani, Hadmidreza Djavdan,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Français, Allemand, Luxembourgeois, Belge.
Durée : 1h40min
Synopsis :
1980, sud de l’Iran. Les habitants d’Abadan résistent au siège des Irakiens. Omid, 14 ans, a décidé de rester sur place mais tandis que l’étau se resserre, il va tenter de sauver ceux qu’il aime en fuyant la ville à bord d’un bateau abandonné.
Critique :
Et si l'animation était l'outil cinématographique le plus fort de la fiction, pour raconter une voire tout simplement son histoire ?
Si Marjane Satrapi avait répondu par l'affirmative à cette cruciale question avec son sublime Persepolis, le tandem Amin Nawabi/Jonas Poher Rasmussen lui avait tout récemment sensiblement emboîté le pas avec le formidable Flee, mélange hybride entre le documentaire intime et le film d'animation par rotoscopie si chère à Richard Linklater.
Impossible pour le coup, de ne pas répondre également à l'affirmative avec La Sirène, nouveau long-métrage (mais le premier dans le giron de l'animation) de Sepideh Farsi, où la cinéaste elle aussi iranienne, qui se fait un instantané de sa jeunesse au sein d'une époque rarement évoquée sur grand écran : la guerre Iran-Irak, qui a fait des centaines de milliers de victimes au cœur des années 80.
Plongée aussi animée que réaliste en zone de conflit, la narration nous montre le quotidien anxiogène des habitants de la ville assiégée et portuaire d'Abadan, centre névralgique de l'industrie pétrolière nationale (où gravite l'une des plus grandes raffineries du monde), sans pour autant se perdre dans une mise en exergue de la dureté et de la violence de la guerre (l'animation permet justement, de prendre de la distance sans pour autant édulcorer la réalité meurtrière de ce siège).
Tout est une question de ressenti, viscéral et puissant (le danger n'est pas toujours montré frontalement, mais il est constant), tant la cinéaste donne autant du cœur que du corps à son histoire, montrant une cité aussi emprunt de diversité que de couleurs, tout en croquant une belle galerie de personnages attachants - dont il reste toujours proche -, notamment le protagoniste principal Omid.
Un héros moteur aux choix affirmés (il ne fuit pas la ville comme sa mère et sa sœur, il reste sur place - notamment pour aider son grand-père têtu, mais aussi désespérément recherché son frère, engagé au front), dont on suit les pérégrinations effrénées et altruistes avec attention, dans ce qui peut se voir à la fois comme un récit beau récit de résistance, que comme un solide récit initiatique sous fond de dur passage à la vie d'adulte - avec un doigt de drame familial.
Fusionnant l'horreur et la poésie dans un ballet des sens prenant et riche en émotions, sublime tableau à l'animation appliquée (un style graphique singulier mais accrocheur, qui use d'une palette de couleurs épurée, allant de tons de sable terreux à des tons bleutés plus poussiéreux, avec des petites touches de rouge saisissantes), La Sirène est un morceau de cinéma saisissant et didactique sur un pan peu représenté de l'histoire iranienne (et encore moins par une femme), qui s'inscrit pleinement dans les mouvements contestataires aussi bien actuels, qu'au cœur d'un cinéma iranien de plus en plus impressionnant.
Jonathan Chevrier
Avec : Mina Kavani, Hadmidreza Djavdan,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Français, Allemand, Luxembourgeois, Belge.
Durée : 1h40min
Synopsis :
1980, sud de l’Iran. Les habitants d’Abadan résistent au siège des Irakiens. Omid, 14 ans, a décidé de rester sur place mais tandis que l’étau se resserre, il va tenter de sauver ceux qu’il aime en fuyant la ville à bord d’un bateau abandonné.
Critique :
Fusionnant l'horreur et la poésie dans un ballet des sens riche en émotions et à l'animation certes classique mais appliquée, #LaSirène incarne un moment de cinéma saisissant, vibrant et didactique sur un pan peu représenté de l'histoire iranienne - et encore moins par une femme. pic.twitter.com/3UdHQkwOWv
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 25, 2023
Et si l'animation était l'outil cinématographique le plus fort de la fiction, pour raconter une voire tout simplement son histoire ?
Si Marjane Satrapi avait répondu par l'affirmative à cette cruciale question avec son sublime Persepolis, le tandem Amin Nawabi/Jonas Poher Rasmussen lui avait tout récemment sensiblement emboîté le pas avec le formidable Flee, mélange hybride entre le documentaire intime et le film d'animation par rotoscopie si chère à Richard Linklater.
Impossible pour le coup, de ne pas répondre également à l'affirmative avec La Sirène, nouveau long-métrage (mais le premier dans le giron de l'animation) de Sepideh Farsi, où la cinéaste elle aussi iranienne, qui se fait un instantané de sa jeunesse au sein d'une époque rarement évoquée sur grand écran : la guerre Iran-Irak, qui a fait des centaines de milliers de victimes au cœur des années 80.
Copyright Bac Films |
Plongée aussi animée que réaliste en zone de conflit, la narration nous montre le quotidien anxiogène des habitants de la ville assiégée et portuaire d'Abadan, centre névralgique de l'industrie pétrolière nationale (où gravite l'une des plus grandes raffineries du monde), sans pour autant se perdre dans une mise en exergue de la dureté et de la violence de la guerre (l'animation permet justement, de prendre de la distance sans pour autant édulcorer la réalité meurtrière de ce siège).
Tout est une question de ressenti, viscéral et puissant (le danger n'est pas toujours montré frontalement, mais il est constant), tant la cinéaste donne autant du cœur que du corps à son histoire, montrant une cité aussi emprunt de diversité que de couleurs, tout en croquant une belle galerie de personnages attachants - dont il reste toujours proche -, notamment le protagoniste principal Omid.
Un héros moteur aux choix affirmés (il ne fuit pas la ville comme sa mère et sa sœur, il reste sur place - notamment pour aider son grand-père têtu, mais aussi désespérément recherché son frère, engagé au front), dont on suit les pérégrinations effrénées et altruistes avec attention, dans ce qui peut se voir à la fois comme un récit beau récit de résistance, que comme un solide récit initiatique sous fond de dur passage à la vie d'adulte - avec un doigt de drame familial.
Copyright Bac Films |
Fusionnant l'horreur et la poésie dans un ballet des sens prenant et riche en émotions, sublime tableau à l'animation appliquée (un style graphique singulier mais accrocheur, qui use d'une palette de couleurs épurée, allant de tons de sable terreux à des tons bleutés plus poussiéreux, avec des petites touches de rouge saisissantes), La Sirène est un morceau de cinéma saisissant et didactique sur un pan peu représenté de l'histoire iranienne (et encore moins par une femme), qui s'inscrit pleinement dans les mouvements contestataires aussi bien actuels, qu'au cœur d'un cinéma iranien de plus en plus impressionnant.
Jonathan Chevrier