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[FUCKING SERIES] : Cobra Kai saison 6, partie 2 : Gloire au Sekai Taikai !


(Critique - avec spoilers - de la seconde partie de la sixième et dernière saison)


Qu'on se le dise, passé une cinquième saison qui aurait pu décemment servir de conclusion à ce qui est, sur le papier, un petit miracle sorti de nulle part où plutôt, d'une plateforme éphémère qui n'aura produit de bon qu'elle (YouTube Premium, petit ange coûteux parti trop tard); Cobra Kai a opéré une mue à la fois risquée mais surtout méchamment palpitante pour ce qui était annoncé comme son dernier run - une sixième et ultime saison.

Toutes les pièces ont alors lentement été placés pour mener non plus à un affrontement final pour savoir qui dominerait La Vallée (ce qui était, au fond, la fin la plus logique qui soit), mais bien... le monde, aussi ridiculeusement démesuré que cela puisse paraître, avec une participation à un tournoi mondial à seize équipes à Barcelone, le Sekai Taikai, face à John Kreese, où l'équilibre entre les deux styles de Daniel LaRusso et Johnny Lawrence - Eagle Fang/Miyagi-Do - était appelé à constamment être remis en jeu par leurs inéluctables frictions, notamment à propos de l'héritage de Miyagi (montré sous un jour plus sombre que jamais).

Curtis Bonds Baker/Netflix

Si la première partie faisait in fine moins place à la préparation du dit tournoi, pas chiche en excellents affrontements (Johnny/Mike Barnes, Miguel/Robby où même un petit brawl à la fac), qu'au développement et à la lente conclusion des arcs de chaque personnages que l'on a vu grandir, souffrir et mûrir à l'écran; cette seconde moitié poursuit cette même lignée tout en rentrant clairement dans le vif du sujet, aussi bien en ce qui concerne l'arc de Miyagi (avec une sorte de caméo improbable sauce deepfake, mais bien amené puisque dans un rêve), qui titille même joliment l'idée de ce qui était une abomination il y a encore peu - un prequel centré sur sa jeunesse -, que sur le Sekai Taikai.
Et les enjeux n'ont jamais été aussi élevés qu'aujourd'hui, avec le retour en prime d'un Terry Silver plus en forme et vénéneux que jamais, accompagné d'une nouvelle équipe, Iron Dragons - l'opposant de facto à Miyagi-Do et au Cobra Kai de Kreese et Kim.

Là où le rythme des cinq premiers épisodes de la saison pouvait parfois tirer un brin en longueur dans sa quête de quiétude (quitte à paraître un brin redondante même, dans son usage abusif de la formule du " on brise encore tout pour mieux réconcilier tout le monde à la fin "), cette nouvelle salve est elle menée tambour battant avec une intensité férocement enthousiasmante, la narration creusant encore un peu plus en profondeur les conflits entre et au cœur des dojos, où l'attention n'est cette fois-ci pas tant focalisée sur les tensions " éducatives " entre Daniel et Johnny (le premier est aux prises avec les révélations sur la vie passée de Miyagi et sa dépendance à l'image qu'il a de son mentor, le second renforce ses liens avec Miguel tout en voulant toujours autant se venger de Kreese), que sur celles entre les adolescents eux-mêmes (même la relation Hawk/Demetri à droit à sa résolution).

L'arc de Tori, peut-être le meilleur personnage du moment avec Miguel, démontre une fois encore qu'il est l'un des plus brillants du show, tant sa trahison affecte directement la performance même de Miyagi-Do - pas uniquement Robby, même si tout découle surtout de la sienne.
Un virage salutaire - et complémentaire avec la première partie -, d'autant que le show se paye le luxe d'introduire plusieurs nouveaux visages marquants qui ne dénotent absolument pas dans le paysage, que ce soit le brutal Sensei Wolf (excellent Lewis " Mortal Kombat " Tan) où le tout aussi violent Kwan (excellent Brandon H. Lee, dont la mort est un peu trop abrupte malheureusement), sans oublier l'irritante Zara (Rayna Vallandingham).

Curtis Bonds Baker/Netflix

S'il n'y a pas de bout de gras superflu dans la narration de ce second tiers (d'autant qu'elle aura bien besoin de ces cinq derniers épisodes, pour régler le cliffhanger de l'épisode 10 et faire totalement ses adieux), il y en a encore moins à retrouver dans son action, tant elle est la plus dense et inventive de toutes les saisons confondues, la folie du Sekai Taikai culminant à une guerre mondiale absolument jouissive, un affrontement général et massif réussissant la prouesse d'être plus musclée que le brawl du lycée dans la seconde saison (avec même un triple threat Kreese/Silver/Lawrence à la clé), avant de se clôturer dans la tragédie la plus absolue - le tout diffusé à la télévision, à l'échelle mondiale.

La cerise sur le gâteau d'un second tiers palpitant et grisant, peut-être ce que la série a produit de plus complet depuis son passage sous le pavillon Netflix.
Une chose est sûre, plus que cinq épisodes avant le gong final, et on aura rarement eu autant de mal ces dernières années, à dire adieu à une série qui était certes sur le papier dispensable, mais qui est vite devenue à nos yeux un poil nostalgique, merveilleusement incontournable.


Jonathan Chevrier