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[CRITIQUE] : Chevalier Noir


Réalisateur : Emad Aleebrahim Dehkordi
Avec : Iman Sayad Borhani, Payar AllahyariMasoumeh Beygi,...
Budget : -
Distributeur : Jour2fête
Genre : Drame
Nationalité : Français, Iranien, Allemand, Italien.
Durée : 1h42min

Synopsis :
Iman et son jeune frère Payar vivent avec leur père dans un quartier du nord de Téhéran. Après la mort de leur mère, Iman cherche à tout prix à sortir de l’impasse d’une vie étouffante et profite de ses relations privilégiées avec la jeunesse dorée de Téhéran pour se lancer dans un petit trafic juteux. Mais ce qui semblait être le chemin vers un nouveau départ les entraîne dans une spirale qui va bouleverser leur destin.



Critique :


Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales et son capitalisme sauvage, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
D'autant que derrière les papes que sont Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof où encore Asgar Farhadi, de jeunes cinéastes tels que Saeed Roustaee, Ali Asgari, Massoud Bakhshi où même Majid Majidi, reprennent fièrement le flambeau.

S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités et réalités, Chevalier Noir, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Emad Aleebrahim Dehkordi, s'attache lui à l'instar du récent et magnifique Juste une nuit d'Ali Asgari, a une jeunesse opprimée même s'il s'attache cette fois à son versant masculin, certes bien moins sujet à la discrimination mais pas pour autant exempté d'un manque cruel d'horizon et de certitudes quant à leur avenir.

Copyright Jour2fête

Son auscultation naturaliste et contemporaine s'opère au travers du douloureux et saisissant portrait de deux frères complices au coeur d'une Téhéran bouillante et tentaculaire déchirée par sa lutte des classes : Iman l'aîné et Payar le plus jeune, qui après le décès tragique de leur mère se retrouvent avec de gros problèmes financiers mais aussi et surtout familiaux, avec un père se perdant lentement mais sûrement dans l'opium et un oncle ayant littéralement spolié l'héritage familial.
Devant trouver de l'argent coûte que coûte, le premier se perd peu à peu dans la cocaïne et son traffic, approvisionnant la jeunesse dorée locale et l'argent facile qu'elle lui procure, tandis que le second, plus calme et débonnaire, redouble d'efforts dans les arts martiaux tout en acceptant pleinement la fatalité de son destin.
Mais les actes criminels d'Iman vont vite avoir une répercussion frontale sur les siens...

Épousant sans réserve un déséquilibre tonal qui ne fait que renforcer l'inéluctabilité d'une tragédie qui ne tombe jamais dans le misérabilisme facile, Chevalier Noir sonde une jeunesse iranienne perdue et désespérée face à un manque cruel de perspective et une nation sous le joug des inégalités et d'une violence brutale, Dehkordi préférant enlacé à la fois les codes de la fable et du film noir plus que du mélodrame pour croquer sa chronique réaliste et nerveuse.
Un sacré premier effort.


Jonathan Chevrier