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[CRITIQUE] : Fièvre Méditerranéene


Réalisatrice : Maha Haj
Avec : Amer Hlehel, Ashraf Farah, Anat Hadid,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : Palestinien, Français, Chypriote, Qatari, Allemand.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Walid, 40 ans, Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, cultive sa dépression et ses velléités littéraires. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines ; Walid, quant à lui, y voit l’opportunité de réaliser un projet secret…



Critique :


Petit instant Doctissimo.
La fièvre méditerranéenne familiale est une maladie héréditaire (causée par un gène hérité des deux parents) constituée de poussées de fièvre élevée, associées à des douleurs abdominales ou, moins souvent, à des douleurs articulaires et thoraciques ou à une éruption cutanée.
Sur le papier, cette maladie ne semble pas être au coeur du film éponyme de la réalisatrice palestinienne d'origine israélienne Maha Haj, même si un mal profond et mélancolique ronge ses personnages et en particulier son anti-héros Waleed, dans ce qui peut se voir, à l'instar de son précédent effort Personal Affairs, comme une petite pépite de comédie dramatique à la fois dépressive et pince-sans-rire qui sonde les traumas d'une famille palestinienne vivant à Haïfa, un territoire occupé de force par Israël.
Soit Waleed donc, père de famille aimant même si très irritable de deux enfants et romancier en herbe, qui passe en fait une grande partie de sa journée à se morfondre dans le modeste appartement familial, alors qu'il est traité pour une dépression sévère qui l'empêche certains jours de sortir du lit certains jours.

Copyright Dulac Distribution

Jalal, un ouvrier en bâtiment/homme à tout faire qui emménage de l'autre côté du couloir, lui aussi mari et père de deux enfants et qui n'a pas forcément grand chose à faire de ses journées, qu'il occupe souvent à jouer de la musique pop d'une manière suffisamment assourdissante pour mettre les nerfs de Waleed à vif.
Une incompréhension profonde s'immisce entre les deux,  ce dont Jalal n'a aucune conscience tant il cherche absolument à se lier d'amitié avec Waleed.
Mais lorsque celui-ci réalise que Jalal ne semble pas être totalement celui qu'il prétend et traîne dans des affaires louches, il se rapproche de lui, voyant son voisin comme un pion utile pour recueillir des détails sur le roman policier qu'il cherche à écrire. 
Et finalement les deux, si différents en apparence, se rendent compte qu'ils partagent beaucoup de choses en commun...
Entre la dramédie gentiment barrée et le buddy movie burlesque et excentrique embaumé dans un humour noir réellement séduisant, Maha Haj croque une merveille de petit bout de cinéma dense et imprévisible qui aborde de manière rafraîchissante et réfléchie les thèmes pourtant rebattus de la dépression et de la sempiternelle crise de la quarantaine, auquel se dresse en filigrane un constat douloureux d'une communauté palestinienne qui peine - légitimement - à trouver sa place sous l'occupation israélienne.
Porté par un excellent tandem Amer Hlehel/Ashraf Farah et profondément juste dans son approche spirituelle et détachée des conflits politiques, Fièvre Méditerranéenne détonne et séduit dans sa manière de maintenir tout du long son équilibre précaire entre comédie et drame, sans jamais mettre de côté sa noirceur.


Jonathan Chevrier


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