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[CRITIQUE] : No Sudden Move


Réalisateur : Steven Soderbergh
Avec : Don Cheadle, Brendan Fraser, Benicio Del Toro, David Harbour, Ray Liotta, Julia Fox, Jon Hamm,...
Distributeur : (Warner Bros. France)
Budget : -
Genre : Thriller, Policier, Drame.
Nationalité : Américain
Durée : 1h58min

Synopsis :
Detroit, au milieu des années 1950. Des criminels de divers horizons se réunissent et doivent collaborer afin de découvrir pourquoi ils ont été mis à l’écart.



Critique :


Force est d'admettre que la promesse d'un polar néo-noir mâtiné de heist movie, le tout flanqué dans le Détroit des 50s et mis en boîte par un Steven Soderbergh plus prolifique que jamais depuis son retour aux affaires, portait en elle au moins autant d'attentes qu'un potentiel film de gangsters chapeauté par Martin Scorsese.
Il faut dire, revoir le bonhomme arpenter un territoire aussi familier dans sa foisonnante carrière, avait tout du câlin criminel à la distribution de stars hyper-charismatiques, nous rappelant aux bons souvenirs de la trilogie Ocean's, de Out of Sight ou même du plus récent Logan Lucky.
Mais le gouffre subtil entre ces films et ce dernier en date du bonhomme, est qu'ils concernent tous des personnages qui ne pourraient pas être meilleurs dans ce qu'ils font (des professionnels qui peuvent même, comme dans le cas de Logan Lucky, ne pas avoir l'air de l'être), qu'ils incarnent tous des oeuvres où l'adversité est une ruse, une invitation à jouer (ou le plaisir fluide et galvanisant découle souvent du pur frisson de voir les héros réaliser l'impossible contre des systèmes/dilemmes conçus pour sembler insurmontables).

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. / Claudette Barius

Si No Sudden Move et ses tropes familiers du genre ne semble pas tant que cela dénoter, sur le papier, de ses illustres aînés, c'est pleinement dans son frisson d'époque (rappelant au sens large, les polars/films de gangsters dit " à l'ancienne ") et sa volonté de se jouer dans le camp des " malchanceux ", qu'il trace sa propre route, incarnant le fruit d'une vraie réflexion autant d'Ed Solomon, que de Soderbergh himself sur sa carrière; un divertissant polar qui prend le plaisir sadique de surpeupler l'intrigue - au demeurant assez banale - de petites erreurs évitables, que des escrocs compétents mais un poil plus prudents, auraient vu venir - comme le spectateur.
Sans doute conscient (trop ?) de l'aspect conventionnel du scénario - comme bon nombres de ces derniers efforts -, qui aborde néanmoins avec finesse des thèmes accrocheurs (charge contre le capitalisme et les inégalités sociales/raciales, dans une Détroit incarnant le symbole gangrenée d'une Amérique à la dérive), le cinéaste le transcende, épousant ses contours verbeux pour en faire quelque chose de plus haletant, ou chaque moment d'exposition, chaque flambée de personnalité n'est pas qu'une simple conversation ou un simple rebondissement (ce qui le rapproche d'ailleurs, de son récent High Flight Bird).

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. / Claudette Barius

Constamment actif et en alerte, que ce soit par un sens du cadre jazzy ou un montage sur le vif, il donne une énergie pétillante au récit et une ambiance cotonneuse pour que son casting d'habitués, joue comme sur du velour.
S'il n'offre - intentionnellement - pas le pur plaisir enthousiaste d'un Logan Lucky, ce nouvel effort démontre néanmoins la capacité plus que fascinante, que peut avoir Soderbergh à décliner si joyeusement les codes d'un genre qui lui est si cher.


Jonathan Chevrier



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